Le rapport du député Christian Ménard sur la piraterie maritime regorge d’informations précieuses, dû au panel très large rencontré (1). Entre autres, on notera la répartition des donneurs d’ordres opérationnels des commandos marine, avec des chiffres livrés pour la première fois, à ma connaissance.
Les commandos travaillent à 40% de leur activité pour le… Premier ministre, via les préfets maritimes. Il s’agit d’action de l’état en mer (AEM), particulièrement de lutte contre le narcotrafic et de contre terrorisme maritime (CTM). L’autre employeur est le CEMA, qu’il s’agisse de missions menées pour le compte du COS, à terre ou en mer, ou pour le compte du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO). On peut par exemple ranger dans ce compte la formation des commandos afghans, que FORFUSCO va prochainement reprendre au 1er RPIMa, suivant le roulement désormais rôdé.
"Symbiose"
« L’intervention du COS se fait dans le cadre du plan Piratmer », affirme le député, même si l’on voit que par exemple, pour la Tanit, il n’a pas été activé (2). « En ce qui concerne la piraterie, les hommes du COS remplissent deux types de missions poursuit l’élu : ils recueillent des renseignements opérationnels pour disposer d’une bonne capacité d’intervention et mènent des opérations ponctuelles d’intervention ou de libération (du type Ponant). »
On lit plus loin que le « COS travaille également en symbiose avec le GIGN, qui dispose d’une grande expérience en matière de prise d’otage, dans les avions notamment. Par contre, les opérations à terre relèvent des actions commando classiques et constituent le cœur de métier des forces spéciales. »
L’apport de la gendarmerie ne se limite pas au seul GIGN, constate Christian Ménard, qui milite pour l’intégration de gendarmes maritimes : ces professionnels de la mer devant mieux armer les procédures contre d’éventuels recours ultérieurs des défendeurs des pirates interpellés. « En dehors des situations d’urgence requérant l’intervention du GIGN et des forces spéciales, et notamment dans le cas d’opérations planifiées de lutte contre la piraterie, comme l’opération Atalante, la présence de gendarmes enquêteurs pourrait être particulièrement utile à bord des navires engagés ou auprès du commandant de l’opération sur zone. »
Drone antipirates
Le député plaide par ailleurs, comme son confrère Jean-Claude Viollet, pour l’intégration de drones dans la surveillance de cet espace, au large de la Somalie, grand comme quatre fois la France. Je rappellerai seuelement que quatre, c’est justement le nombre de drones endurants dont disposera l’armée de l’Air fin juin dans le meilleur des cas. Trois seront en Afghanistan, il n’en reste plus un seul pour les pirates… Le Harfang est donné pour tenir 10 heures à 1.200 km de sa base d’opérations ; par contre il ne dispose pas pour l’instant… de radar de surveillance maritime, mais seulement d'une boule optronique et d'un détecteur de balise de détresse (PLS). Un concept d'opération reposant sur la seule optronique embarquée est par trop limité, à moins d'avoir des visions sur la position des motherships, ce qui reste, technologiquement du domaine du possible.
Ce séduisant projet de déploiement de drone antipirates n’est donc pas pour tout de suite. Le problème pourrait même être réglé avant qu'on trouve l'argent pour payer les drones, et le temps pour qualifier le radar.
(1) Le député a balayé large, en rencontrant aussi bien des praticiens de l’intervention et de la gestion de crise (Favier, Gillier) que les spécialistes du renseignement (de Mangoux à la DGSE, Puga à la DRM), et évidemment, les armateurs eux-mêmes, principales victimes des pirates.
(2) C’est par contre une des limites du rapport, qui n’a pas étudié cette opération, pas plus semble-t-il que celle du Carré d’As.
Notre photo : pendant les négociations avec les pirates de la Tanit (crédit marine nationale).
Le rapport de Christian Ménard est ici :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i1670.asp