Samedi à Paris (Grenelle/Invalides), au moins 2500 femmes de militaires et "beaucoup de citoyens"
se rassembleront dans ce secteur emblématique pour faire faire machine arrière au déclassement des militaires (un sentiment déjà exprimé par le CSFM à plusieurs reprises) et aux pertes de moyens budgétaires.
Ce blog, qui avait déjà suivi les errements de Louvois, qui se poursuivent, vous éclaire sur les motivations de ces femmes rassemblées dans un collectif, contactable par Facebook ou Twitter.
D'OU EST PARTI LE MOUVEMENT ?
De l'aveu même de sa présidente, c'est sa propre réaction sur Facebook à la démission du CEMA qui lancé le mouvement. En quelques heures, elle dit avoir été assaillie de messages l'encourageant à poursuivre. Elle-même dit être "suprise" de ces réactions. Cet enclenchement rapide montre le pouvoir des médias sociaux, mais aussi l'accumulation des désagréments connus ces dernières années par les militaires. Dont le ressenti d'injustices s'est nettement accru.
"On n'a rien contre l'armée, elle fait partie de notre vie, 25 ans de mes 44 ans, explique la présidente. Mais il faut arrêter de prendre les militaires pour une variable d'ajustement".
QUI SERA LA SAMEDI / QUI SUPPORTE CE MOUVEMENT ?
Cela contribue à son caractère atypique, on trouve dans la liste aussi bien des généraux 2S -pas vraiment sortis de l'ombre pour l'instant-, une avocate médiatique, mais aussi un imprimeur de banderoles, et des routiers qui les convoieront depuis la Bretagne. Selon la présidente, plusieurs partis politiques et élus ont essayé d'approcher,
ils auraient été tous refoulés, le mouvement cherchant à rester
"apolitique". D'autant plus que la plupart des ces politiques ont déjà
été en responsabilité, donc sont responsables de la situation actuelle.
Plus classiquement, on devrait trouver samedi des médias (les samedis sont souvent creux en actu mais aussi en... effectifs dans les rédactions), des badauds, et peut-être des observateurs patentés (DRSD) ou pas. Pour sa part, le collectif n'incite pas des militaires d'active à venir, car ils pourraient être sanctionnés par leur hiérarchie.
Comme c'est une manif et que c'est encore l'état d'urgence, et que ce sont des femmes de militaires qui protestent, une sécurité publique sera mise en place, et un dispositif interne au mouvement également. Un des apports d'un des fameux 2S.
QUELLE EST LA LISTE DES REVENDICATIONS ?
Sans surprise, elle est longue. Aux demandes de stop des coupes budgétaires, s'ajoutent le volet purement social : que les errements de Louvois s'arrêtent, que tous les militaires soient reconvertis avec le même niveau de qualité dans l'armée de terre (où les situations sont très disparates d'un régiment à l'autre selon la présidente), et que les mutations, qui ne sont pas fondées sur un réel besoin, soient réduits au nécessaire, car elles contribuent à générer des célibats géographiques, ou des situtations contraignantes pour les conjoints.
Dans la liste aussi, arrêter Sentinelle : cette opération est "ridicule et ne sert à rien, les hommes sont fatigués, logés dans des lieux insalubres, ils ne mangent pas à leur faim. On leur donne des aliments périmés. Les primes sont payées plusieurs mois après. On ne peut pas dire que le pays est en guerre et faire des militaires les supplétifs de la police".
Autre reproche, aussi ancien sans doute que la guerre, "les familles financent elles même 30% du matériel nécessaire pour les opérations. Des épouses ont dû envoyer au Mali des gilets pare-balles qu'elles avaient elles-mêmes acheté, car ceux que portaient leurs maris avaient plus de dix ans. J'ai vérifié auprès du fournisseur, qui m'a confirmé cette commande. On doit aussi acheter des sangles de Famas : 30 euros. Des portes cartouches, les duvets réglementaires ont 30 ans... En mission Harpie, les hamacs brésiliens fournis sont troués : il faut payer, 120 euros.
Même à Sentinelle, il faut payer : des militaires doivent acheter leur propre eau. S'ils veulent boire un café, il faut encore payer. Pour la famille, la facture s'élève à 400 euros sur une solde parfois de 1800 euros".
Louvois reste aussi un problème, après plus de cinq ans d'errements. Un cas, comme un autre, "a été soldé à 360 euros en juillet. On propose une aide d'urgence de l'IGESA à 650 euros. Mais ces aides existent en nombre limité. Un régiment qui rentre du Mali n'a pas touché un euro supplémentaire pendant l'opex, et pas depuis qu'il est rentré, depuis deux mois (...) Certains familles ont 4-5 mois de loyers d'impayés alors qu'elles ne vivent pas au-dessus de leurs moyens (...) Ca va finir au tribunal tonne la présidente.
"Il faut aussi intégrer le PTSD (syndrome post traumatique, NDLR) : beaucoup de familles vivent cela seules. L'épouse doit parfois remplir le dossier à la place du mari. Il n'y a pas de vrai numéro vert. Et parfois quand on parle en régiment, on se fait rire au nez."
Globalement, une formule résume le tout : "je préfère plus de moyens et moins d'hommages" avance la présidente.
ET APRES SAMEDI ?
La présidente affiche une détermination sans faille, ne voulant pas entrer "dans des discussions de marchands de tapis". Il n'y aura donc pas de raison de transiger sur tel ou tel point de la plateforme du mouvement. Tous les 15 jours, le collectif promet de ressortir les banderoles dans une région différente. La prochaine est déjà connue : ce sera l'Occitanie.
Mes infops et photos sur le twitter @defense137.
Actualisé : la présidente de ce mouvement a été suppléante d'une candidate estampillée extrême droite, aux dernières législatives dans le Gard. Elle dit néanmoins être passée à autre chose depuis.