Après les centrales nucléaires depuis la fin octobre, puis l'Elysée il y a encore quelques jours, c'est le
tour de l'Ile Longue de voir passer des objets volants non identifiés. La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre ce soir.
La préfecture maritime de Brest a dû reconnaître en catastrophe la réalité de ces survols alors qu'ils durent depuis plusieurs jours. Le premier est intervenu "en fin de nuit de lundi à mardi", et un autre "dans matinée de mardi".
La formule évoquée par la communication de crise évoque en effet plusieurs engins détectés ces derniers jours, sans les dénombrer totalement. Ce qui ouvre très largement la possibilité de survols qui n'auraient pas été détectés. La détection a semble-t-il été réalisée par les équipes de protection, vraisemblablement les fusiliers marins.
Un surcroît de protection, notamment aérien, a été mis en place en fédérant les moyens disponibles à proximité. Depuis quelques années, les marins ont développé des techniques proches de celles des aviateurs, pour faire respecter l'intégrité de leurs zones interdites. Le faire en permanence coûterait néanmoins les yeux de la tête, alors même que la marine manque déjà cruellement de voilures tournantes (1). Il faut être réactif, ou tout au moins, sélectif.
On ignore aussi si les survols ont été réellement interrompus, et après combien de temps. La Prémar évoque un traitement immédiat après détection, mais pas de neutralisation, ou d'interpellation des propriétaires. Des enquêtes ont été lancées.
Maigre victoire, la Prémar affirme que "ces survols n'ont pas présenté de menace caractérisée pour la sécurité nucléaire". Mais peut-on se contenter d'une telle réponse, pour évoquer l'intégrité d'une base hébergeant les SNLE, socle de la dissuasion ? D'autant plus que cette dissuasion repose sur l'efficacité du couple sous-marin/missile qui a connu quelques entailles ces dernières années.
Et elle repose, évidemment, sur le secret entourant les installations, et l'activité du site et des SNLE qu'il héberge (2).
Surtout, ces survols, interdits en dessous d'une certaine altitude, sonnent comme des démonstrations pour des terroristes et d'autres spécialistes du vol libre, obligeant désormais à consacrer des moyens supérieurs à ce qu'ils étaient hier.
Déjà, par le passé, d'autres soucis avaient été rencontrés, comme par exemple avec le système de badgeage de ce site qui avait été pris en défaut. Jean-Yves Le Drian avait alors annoncé que des audits avaient été lancés.
Par delà son isolement, qui est une première protection, l'Ile Longue bénéficie en temps normal d'un niveau de protection renforcée de la gendarmerie maritime et de la force maritime des fusiliers commandos. Ce n'est pas le moindre des paradoxes dans ce dossier, ces derniers expérimentent aussi des... drones pour protéger des sites de la marine, notamment celui-ci.
(1) pour éviter d'encourager les vocations, je ne rentrerai pas dans les chiffres, mais une société de projet sur les hélicoptères ne serait pas de trop, au vu de chiffres aussi historiquement bas.
(2) comme c'est le cas de la composante aéroportée depuis octobre 1964, la composante navale assure une permanence opérationnelle, avec au moins un sous-marin. Cette double assurance, aérienne et maritime, est le fondement de la dissuasion, et a encore été réaffirmée il y a quelques semaines par le ministre de la Défense.