Les drones qui équipent actuellement nos armées sont symptomatiques de programmes à la française, sensés
rustiner les lacunes capacitaires : faute de relève, les lacunes se creusent encore plus. Les opérationnels doivent faire avec ce qu'on leur donne.
. dans le minidrone, l'armée de terre détient une centaine de DRAC (EADS), utilisés au Kosovo, en Afghanistan et au Mali. Cet engin a connu de gros soucis en début de carrière. Sa principale limite aujourd'hui est celle de son endurance -90 minutes- et de capteurs qui ont vieilli. Les forces spéciales ont préféré s'équiper pragmatiquement avec un modèle israélien, le Skylark 1 (Elbit), et sa version endurante, le Skylark 1-LE. Les commandos marine détiennent pour leur part un engin multimilieux, acquis pour expérimentation.
. dans les drones tactiques, le 61e RA de l'armée de terre exploite un modèle intérimaire le SDTI (Safran), lui aussi à l'endurance limitée (6 h). Dès 2010, Thales proposait de louer pour les forces en Afghanistan un modèle presque trois fois plus endurant, le Lydian, dont est dérivé le Watchkeeper développé pour l'armée britannique. Se posant sur une piste, il présentait l'avantage de ne pas abîmer son optronique, un des soucis qu'a rencontrés le SDTI. Comme ce blog l'a révélé, Watchkeeper est actuellement expérimenté à Istres. Thales envisage de l'armer avec sa roquette guidée laser pour les clients que cela intéressera. La marine exploite elle un exemplaire du Camcopter autrichien, dont un exemplaire a coulé l'été dernier dans le golfe de Guinée. Le fabricant l'a remplacé. Théoriquement, l'Adroit l'utilise dans son actuel déploiement.
. L'armée de l'air a reçu quatre drones Harfang (EADS) exploités par l'ED 1/33 Belfort. Le drone a établi des vols de plus de 25 heures, et a été déployé sur trois théâtres en quatre ans : Afghanistan, Libye, Mali. Le savoir-faire français en la matière, qui tire ses atouts de la reconnaissance pilotée (le Belfort volait sur F1CR auparavant) bute cependant sur les limites de ce drone où tout ou presque est désormais périmé. Des palliatifs existaient néanmoins, comme intégrer une boule optronique plus modernes, et un capteur de recueil électromagnétique. Malgré tout, les Harfang sont aujourd'hui les seuls en première ligne au Mali.
. Le Neuron (Dassault Aviation) est un succès européen qui contraste avec un échec européen, celui du Talarion (EADS). Neuron qui a volé l'an dernier doit capitaliser avec une autre campagne de vols, et arriver à tirer des munitions guidées après une infiltration silencieuse au radar. Dans ce domaine, seul ce programme européen rivalise, pour une fraction infime du volume budgétaire, avec l'industrie américaine : c'est donc bien que c'est possible... pour autant que la roadmap existe.