C'est quasi-historique : un missile stratégique français, un M51, s'est auto-détruit ce matin en face du
Finistère.... et a choisi, en plus, de le faire un des rares jours de l'année où les blogueurs n'étaient pas devant leur écran. Plaisanterie à peine mise à part, cet échec, qualifié immédiatement comme tel par la Défense, pose quatre rappels et questions.
1) Un tir "technique".
Ni tir d'essai comme on l'a entendu tout de suite, ni tir opérationnel (avec des ogives, pour vitrifier un coin de globe), le tir de ce matin était un tir "technique" destiné à vérifier que le Vigilant, qui sortait d'IPER (interruption programmée pour entretien et réparations) - adaptation avait bien accueilli la totalité du systèmes d'armes à bord. C'est le deuxième SNLE à recevoir le M51 après le Terrrible. Ce chantier de plusieurs mois a été conduit par le chantier naval DCNS, à Brest. Mais, l'échec du tir de ce matin ne permet pas de qualifier le binôme Vigilant/M51, il faudra donc refaire un tir (au moins).
2) Un échec encore inexpliqué
Le missile tiré ce matin s'est autodétruit dès la première minute de vol. Pourtant, assure-t-on par ailleurs, la sortie du tube (un des principales craintes, avec la sortie à l'air libre) s'est effectuée "sans problème". C'est la version livrée par la défense, ce qui laisse ouvertes toutes les supputations possible pour les facteurs en cause. Insuffisance de poussée du propulseur, problème de navigation, la faute à un banc de merlu, actions d'ennemis de la France (1), la boîte aux explications est ouverte, et il faudra du temps pour la refermer. Les industriels (Astrium, DCNS, Hérakles), la DGA et la marine vont devoir se mettre autour de la table pour analyser l'échec du jour. Et déterminer la suite des évènements.
3) Les échecs pas courants.
Le M51 a connu cinq tirs qui n'ont pas connu d'échec : 9 novembre 2006, 21 juin 2007, 13 novembre 2008 pour les essais en vol, un tir de synthèse en janvier 2010 et un tir d'acceptation le 9 juillet 2010. Curieusement, aucun tir ne serait intervenu depuis, si l'on en croit la marine. Pourtant, les tirs étaient réputés réguliers, à une fréquence qui se compte en mois, pas en années.
Le dernier échec remontait, si l'on en croit la Défense, à 1996 (tir M45).
4) Un petit impact sur la crédibilité de la dissuasion
S'il faudra plus d'un échec de tir pour remettre en cause la dissuasion, priorités des priorités du chef de l'Etat et du livre blanc, ce simple échec entaille quand même la crédibilité de la composante sous-marine, qualifiée de la plus fiable techniquement. Et surtout, elle s'avère faillible : si le tir de ce matin avait été un tir opérationnel, il aurait également échoué. Le tir de ce matin était prévu depuis vraisemblablement plusieurs semaines (un tir opérationnel aura vraisemblableemt peu de préavis).
Une faille que ne manqueront pas d'exploiter ceux qui estiment que la Dissuasion fait l'objet d'un traitement budgétaire excessif, au détriment des forces conventionnelles.
(1) les deux dernières étant a priori citées pour la forme.