Deux "pétafs", dont un féminin, au travail sur un AASM, sous l'aile d'un Rafale. (crédit : S.Dupont).
Alors que les avions ont cédé la place, en début de soirée à une impressionnante salve de 110 missiles de croisière Tomahawk, britanniques mais surtout américains, le cycle d'engagements se poursuit pour assurer, demain, l'imperméabilité de la zone d'exclusion aérienne, et d'éventuels tirs de close air support (CAS), pour annihiler les ressources de l'armée régulière libyenne, autour de Benghazi.
C'est notre armée de l'air qui devrait, demain, reprendre ce rôle, peut-être, déjà, avec des moyens issus de la ligue arabe, peut-être du Qatar, état dont l'Emir est venu à Paris, cette semaine.
Le fait que l'aviation française reste en première ligne d'Harmattan -c'est le nom de baptême de l'opération- dénote, peut-être, les limites de la génération de force actuelle. Bien des pays -Belgique, Norvège, Danemark, Canada, Espagne- ont annoncé des moyens en chasseurs, excédant, en cumulé, ce que la France a engagé aujourd'hui. Mais, semble-t-il, les délais pour les engager prennent plus de temps que prévu.
Aujourd'hui, selon le décompte annoncé par l'EMA, l'armée de l'air a engagé 19 avions, dont 8 Rafale, 2 Mirage 2000D, 2 Mirage 2000-5, 6 C-135FR et un E-3F. Ce chiffre peut être considéré comme un chiffre plancher de l'engagement français, qui sera démultiplié dans les jours qui viennent. Ne serait-ce que par l'engagement du groupe aéronaval, qui apportera une vingtaine de chasseurs, mais malheureusement, pas assez de Rafale Marine (1), appareils les plus adaptés, du fait de leur caractère multirôle.
On peut considérer que par rapport à ses engagements d'aujourd'hui, l'armée de l'air dispose de quelques réserves, notamment sur la flotte Rafale, encore peu déployée en opex, à l'exception des EAU (3 appareils). Une quinzaine d'appareils, soit un petit tiers de la flotte "Air" peuvent donc être raisonnablement, mobilisés.
Les affaires sont un peu moins simples pour les Mirage 2000, qui sortent d'une énième crise de leurs réacteurs, et sont déployés, pour les Mirage 2000-5 aux EAU, pour les 2000C au Tchad (3 ex) et à Djibouti (7 appareils). Les 2000D sont moblisés à Djibouti, et en Afghanistan (deux plots à trois chasseurs chacun, soit 10% de cette flotte).
Au total, 25 chasseurs étaient déjà déployés en opex, avant que ne commence Harmattan, sans compter les moyens réservés de la permanence opérationnelle (6 chasseurs) en France même. Soit 31 appareils : un peu moins de 10% des quelque 300 appareils de chasse dont dispose encore l'armée de l'air.
(1) Ce sera, peut-être, aussi, un des conséquences de ces opérations : réintéresser les politiques français aux moyens à consacrer à la défense pour permettre d'engager des moyens dans la durée.