"Quand je me regarde, je me désole, quand je me compare, je me console". L'adage est bien adapté à
l'info du jour, qui concerne la piètre disponibilité des hélicoptères de l'armée allemande (celle des chasseurs et Atlas n'a pas de quoi réchauffer le coeur du CEMAA allemand non plus...) : seulement 8 Tigre opérationnels sur 53 (et encore que met-on derrière ce mot en Allemagne) et 12 NH90 sur les 99 en parc.
La disponibilité des Tigre et Caïman Français n'est pas excessive non plus, mais elle dépasse le niveau allemand. D'autant plus que les engins Français, eux, sont déployés en auto-relève depuis des années au Sahel, dans un environnement abrasif : sept Tigre et cinq Caïman, soit quasiment autant que le nombre de Tigre disponibles... dans toute l'Allemagne, et la moitié des NH90 capables de voler outre-Rhin.
Bref, s'il n'y a pas lieu de se féliciter des piètres performances du système Français, il y a encore pire.
La différence, c'est qu'en opérations, le maintenancier (connu pour son culte de la mission) est mobilisable au-delà des normes de métropole, même si, évidemment, au Sahel il y a encore plus de problèmes à gérer qu'à Pau, Etain, Phalsbourg, Cazaux. Ils sont 60, rien qu'à Gao. A veiller sur les pales de Caïman, les maux de tête du Tigre... Il n'y a guère que la Gazelle qui affiche une indécente disponibilité.
Pas besoin d'avoir suivi de très longs cours pour mesurer que l'hélicoptère est un des moyens privilégiés pour assurer un effet de surprise tactique, plus difficile avec une rame de 5 km. Qui, elle, fait plus figure d'appât. Sous blindage, mais appât quand même.
Si demain la France devait mener seule un surge d'hélicoptères au Sahel, elle ne pourrait tout simplement pas le faire avec des hélicoptères modernes. La seule réserve, aujourd'hui, figure sur les parcs Gazelle et le... Puma, qui vient de quitter le Sahel pour simplifier la gestion des parcs. Il faut le rappeler, au Sahel, la France ne mène pas une guerre totale contre un adversaire symétrique.
Cela veut dire aussi, concrètement, qu'aujourd'hui, la France, n'est pas capable d'ouvrir une autre théâtre que celui où elle engage seulement une petite vingtaine d'hélicoptères contre quelques centaines de terroristes. Alors qu'elle possède, sur le papier, environ 380 employables pour les opérations terrestres.
Un état de fait qui génère moins de lignes et sujet télés qu'en Allemagne. Globalement, l'armée de terre ne coûte pas cher, mais le budget de MCO de ses hélicoptères est, depuis des années, la source d'une incompréhension croissante, au regard, notamment, des effets produits.
Si l'on se fonde sur les propres chiffres du ministère des armées, la France aligne 25 Cougar (20% déployés, tous au Sahel), 38 Caïman (5 déployés soit 13%). Seulement 10% des Tigre sont déployés et 6,8% des Gazelle.
Certes on peut toujours se féliciter du fait que 5 hélicoptères lourds Danois et Britanniques sont déployés aux côtés de Barkhane. Comme on ne peut que constater que ce volume devra aussi prendre en compte dans quelques mois des détachements de TF Takouba, en plus de ce qu'ils doivent déjà faire aujourd'hui (vu l'état piteux du parc Allemand, on comprend pourquoi le gouvernement Allemand n'aiguille pas ses militaires pour y aller). Il ne reste donc plus que très peu de temps pour trouver des volontaires souhaitant déployer leurs propres moyens. Pour une mission nettement plus facile, en 2008, l'Europe avait déjà traîné des pieds pour envoyer ses machines : à l'époque, c'est la Pologne qui avait contribué.
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