vendredi 3 janvier 2020

Les opex de la France en 2020 (1)

Les surcoûts opérationnels (opex et opint) ne devraient pas singulièrement baisser en 2020, ils
pourraient même encore croître, vu les contextes opérationnels de Barkhane, du Golfe persique, et d'autres zones en Afrique, où la France possède des intérêts stratégiques anciens ou nouveaux.
Pour cela, la France dispose de plusieurs outils de réaction rapide, pour répondre aux crises naissantes. Ce sont les bases prépositionnées, qui peuvent, selon la formule chère à l'amiral Bernard Rogel, éteindre une crise naissante avec une cuiller d'eau, plutôt que d'avoir à envoyer le broc (la cavalerie venue de métropole). Ces points d'appui permettent aussi, dans la durée, de mieux répondre à une situation géostratégique. Ils permettent aussi discrètement de renforcer une action dans la région, ponctuellement ou dans la durée, avec des troupes acclimatées et préalablement prévenues qu'elles sont en opérations. Donc potentiellement prêtes à tout.
Les forces spéciales et dans une moindre mesure, les moyens de la DGSE (action, ISR, etc) sont un autre levier, sur les théâtres connus comme non connus. Discrets, réduits en effectifs, réversibles, souvent peu coûteux et avec un résultat à la clé (tactique ou stratégique) : bref un outil qui les rends séduisants pour l'exécutif. L'actuel a, comme les précédents, un tropisme pour les premières, à qui tout ou presque réussit. Ce n'est sans doute pas non plus un hasard si la TF Takouba semble recevoir une telle adhésion en Europe : le COS français a un pouvoir d'attraction évident pour ses homologues européens et même au-delà (des non-Européens se sont déjà signalés).
L'échelon national d'urgence (ENU, ex-Guépard) est enfin un outil rare en Europe également. Des unités marquées à l'oreille, entraînées et équipées (théoriquement) pour pouvoir se déployer rapidement sur une crise naissante : évacuation de ressortissants, ouverture de théâtre (comme à Serval en 2013, il y a bientôt 7 ans !), réponse à un événement climatique... Un simple rappel : sans les marsouins du colonel Paul Gèze et les Mirage 2000D venus de N'Djamena et évidemment, la TF Sabre implantée sur place trois ans plus tôt, Serval n'aurait sans doute pas abouti aussi vite et aussi efficacement.
Au CPCO qui commence l'année avec deux nouvelles opérations sur les bras de créer la bonne alchimie alors que même et de notoriété publiques, les trois armées font face à des contrats opérationnels largement dépassés dans la plupart des domaines, en plus de déficits capacitaires bien connus pour certains (hélicoptères de transport, avions de transport, ISR, patrouilleurs de haute mer), mois connus pour d'autres. Quelques centaines mineurs de sel qu'on oublie souvent sur la photo, mais sans lesquels les choses seraient évidemment plus complexes.

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