Un Louvois dans le MCO. Comme pour le calculateur fou, le ministre serait bien ennuyé s'il devait
tirer des responsables et couper des têtes, face au tableau actuel. La responsabilité est tellement diluée que chacun, en toute bonne foi, peut arguer qu'il a fait le maximum.
Et, il ne faut pas l'oublier, le MCO, c'est avant tout des crédits, et ceux-ci ont été malmenés depuis... 15 ans sans que trop de monde ne trouve à y redire mis à part quelques jugés Cassandre dont l'auteur de ces lignes.
On peut le rappeler, aussi, la 3D française est en surchauffe perpétuelle depuis autant de temps. Certes, ce terme fait ricaner les gros bras, qui constatent qu'on ne déploie finalement que peu de chasseurs... mais ils le sont en permanence, comme les hélicoptères, et dans des conditions d'emploi qui ne sont pas celles de la ligne bleue des Vosges.
Certes, le Leclerc a une très bonne dispo, mais combien de guerres a-t-il fait ces 15 dernières années ? Idem pour la flotte gouvernementale d'avions, mais combien est payé ce service réalisé par des avions civils, sans systèmes d'armes embarqué ?
Certes, on peut toujours céder aux sirènes du populisme, stigmatiser les ouvriers d'états ou au contraire, les vilains capitalistes qui veulent préserver leurs marges plutôt que celles, opérationnelles, des armées. Ou regretter l'âge d'or (supposé) où la DGA se chargeait de gérer les enveloppes.
La réalité est bien plus cruelle. Il y a ce sur-emploi, d'abord, cumulé à l'âge des matériels. On ne parlerait pas des problèmes de l'ATL-2 si sa techno ne remontait pas aux années 80 -pour les éléments les plus récents-, et si on ne l'avait pas sur-déployé en aéroterrestre : trois appareils en 2010-2011 au Sahel pour retrouver des otages, et le double, deux ans plus tard, pendant Serval. Ajoutons à cela le fait que certains industriels qui ont participé au développement de l'appareil n'existent plus et ne fabriquent plus les pièces, ajoutons une pincée de Colbertisme high tech et on obtient la crise actuelle.
On peut rappeler qu'on aurait pu s'épargner une partie des problèmes en menant un programme d'ISR léger quand les DRM successifs le demandaient. Aujourd'hui, la France pourrait donc s'éviter de louer... et aurait donc épargné sa ressource ATL-2.
On l'a vu dans le post qui précède, il y a aussi de vrais problèmes de conception et/ou d'indutrialisation dans les programmes NH90 et Atlas : on y retrouve les mêmes acteurs, les mêmes logiques d'une coopération mal maîtrisée, les mêmes retards (5 ans de dérive), et sans doute, des surcoûts, outre des créations d'activités chez des industriels qui ne les maîtrisaient pas à l'origine. Certes, on a fait du chiffre, mais la réalité opérationnelle, elle, est nettement moins appréciable.
On peut s'interroger sur la fermeté avec laquelle ces programmes ont été gérés, alors que les difficultés sont réelles et connues. L'Etat français, avant d'être un gros client, est un client : les contrats comprennent des clauses sur les non respects.
Il serait intéressant de voir comment ces clauses ont été, sur ces programmes, activées.
Les retards et aléas techniques de l'Atlas ayant, rappelons-le, amené la France à réaliser des grandes visites non prévues de Transall, à acheter 8 Casa (qui ont eux-mêmes rencontré des difficultés), puis, en 2016, quatre C-130, tout en louant des moyens au privé. L'addition est faramineuse, surtout quand on y ajoute ce qu'il a fallu verser pour que l'Atlas continue.
Etrangement, aucun de ces sujets de fond(s) n'a passionné la grande presse ces derniers années. Il était tellement plus facile de raconter que le Rafale était un avion inexportable.
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