Les cinq derniers morts de Barkhane, et la moitié de ceux des opérations au Sahel ont perdu la vie à
cause d'engins explosifs : mines, IED, véhicule suicide. Et plusieurs dizaines de blessés ont été touchés physiquement et moralement par ces explosifs.
Ce bilan ne risque pas de s'interrompre. Comme en Afghanistan, mais sous une forme différente, la matière première est disponible sur place et bien plus qu'en Afghanistan, une certaine forme d'impunité règne, du fait des étendues de la zone opérationnelle. Trois ans après la fin des combats, on continue à retrouver des stocks d'armes et d'explosifs. Et dans 20 ans on en retrouverait sans doute encore.
En Afghanistan, les convois logistiques faisaient l'aller retour dans la journée soit environ 150 km. Des opérations étaient lancées dans le seul but de sécuriser le passage du convoi.
C'est impossible à faire au Sahel. Il y a trop de longueur de voie à surveiller et à protéger, et pas vraiment de "hotspots" comme c'était le cas en Afghanistan.
Pour réaliser un Kidal-Abeïbara (140 km), il faut compter deux jours dans le meilleur des cas. La probabilité d'une attaque sur les convois est quasi-certaine : une rame comme celle de l'Adj Fabien Jacq comprenait une soixantaine de véhicules. Cela se voit de loin, et reste forcément étiré, sans compter, évidemment, les pannes. Facile d'en détecter le départ de Kidal, un des endroits les plus contestés du Mali -et d'en déterminer la direction.
Certes, on peut toujours écouter la téléphonie locale, mais cela ne dit pas où interviendra l'attaque, pour autant, évidemment, qu'on écoute les bons téléphones.
Même si, comme je le signalais récemment, un effort réel -mas tardif par rapport aux attaques qui ont redécollé en août 2015- a concerné la protection contre les menaces des explosifs, improvisés ou pas, les effets ne seront pas immédiats, et dans tous les cas, ne permettront pas une protection intégrale.
C'est aussi la réalité de Barkhane, une opération française sans concours étranger. Il ne faut donc compter que sur ses propres forces, dans quasiment tous les domaines.
En Afghanistan, un appui aérien était disponible en 20 minutes chrono dans la zone française, très souvent, en beaucoup moins de temps. Au Sahel, et malgré les efforts engagés, c'est nettement plus. La réalité est à peu près la même pour la "golden hour" qui était la règle pour les blessés, évacués au rôle III en une heure chrono. La réalité n'est plus du tout la même au Sahel, ce qui peut expliquer pourquoi des blessés meurent avant d'arriver dans la structure idoine, ce qui était devenu rarissime en Afghanistan.
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