Alors que l'entrée en service du Balardgone a glissé (2015 au lieu de 2014), les craintes se répandent chez
les futurs occupants des lieux. Toutes ne sont pas des légendes urbaines.
Ne jetez pas vos pulls et vos écharpes. Les bâtiments sont classés en basse consommation énergétique (1), et ce n'est pas lié qu'à leur qualité. Chez Opale Défense, qui coiffe le projet, on explique que certains jours, il vaudra mieux porter le pull que recourir au chauffage. Ce qui ne rassurera donc pas totalement ceux qui gardent déjà une (voire deux ou trois) épaisseurs sur eux faute de chauffage au bureau sur certains sites défense.
Cafetières perso interdites. C'est une confirmation : les objets électroniques personnels (convecteurs, justement pour se réchauffer, tout comme les ventilateurs) ou collectifs (comme la cultissime machine à café du service) sont désormais prohibés, là aussi pour éviter une consommation énergétique trop forte. Les consommateurs de boissons chaudes devront se fournir dans des distributeurs qui rempliront les caisses de l'exploitant là où avant, chacun allait abonder une cagnotte ou une boîte à cartouches de café. Il y aura aussi des distributeurs d'eau chaude dans des "lieux de convivialité" répartis à intervalles dans les locaux.
Moins de cadres, plus d'encadrement. Surprise, pour poser une pointe sur le mur, il faudra demander la prestation (l'autorisation ?) à l'exploitant, explique-t-on à la DRESD. Et il ne faut pas forcément s'attendre à des murs de cadres. Dans le reste de la pièce, si les traditionnels cadres familiaux ont encore leur place sur les bureaux, la décoration semble donc, désormais bien plus encadrée qu'avant.
Des badges et des contrôles d'accès. Regroupant autant de monde, autant d'extérieurs sur un site unique oblige à un minimum de précaution. Les contrôles d'accès seront donc informatisés, et chaque badge ne pourra accéder qu'à des zones données. 600 caméras sous le contrôle de Thales devront également veiller au grain dans et autour du site. Par contre, le Balardgone n'aura pas, comme le Pentagone, sa propre police. La gendarmerie de l'air aura ses prérogatives, mais les accès seront contrôlés par Sodexho, également en charge de la nourriture. L'unité de protection interarmées (UPISG) mise en place pour l'ilôt Saint-Germain n'y survivra donc pas, et sera dissoute. Malgré ses bons résultats, et une inédite force protection interarmées.
10.000 mâchoires mais seulement 7.000 repas. Le repas du midi, lieu d'échange traditionnels va aussi sans doute changer de nature, quoique depuis quelques mois, pris dans une sorte de DFAC à la française, il s'est déjà bien modifié, à Balard. Chez l'exploitant, on explique que le nombre de repas servis est calculé sur la base de statistiques de présence (d'où le décalage). Mais comme "toute la nourriture sera produite sur place", des marges de manoeuvre ont été prévues si finalement, les mess attirent plus de monde que ne le prévoient les statistiques.
Plus de place pour la nouvelle "cuve". Empilés comme des sardines dans l'actuel CPCO, les militaires suivant les théâtres d'opérations disposeront de bien plus de place dans l'espace qui assurera cette mission à Balard. Mais on ne parlera plus de CPCO, remplacé par un "Centre opérationnel des interventions".
Viendra, viendra pas ? Le ministre de la défense a réexpliqué que l'hôtel de Brienne (a priori réservé pour les réceptions et comme domicile du ministre) continuerait à servir, mais il ne s'est pas plus expliqué sur le partage du temps entre les deux lieux. On saura, l'an prochain, qui sera le premier ministre à occuper les lieux réservés au ministre.
Ne l'appelez-plus Balardgone. Jean-Yves Le Drian a tenté d'imprimer sa marque sur les nouveaux lieux, ce matin, en demandant à ce qu'on appelle le site "Hexagone de Balard". Cela coule moins dans la bouche que Balardgone, qui avait été lancé par Hervé Morin, le ministre qui avait lancé le projet (2). Les utilisateurs choisiront, et ce blog ne manquera pas de relayer ces qualificatifs, comme il l'a fait de l'histoire de ce projet, depuis 2009.
Des emblèmes, mais lesquels ? Les premiers lecteurs de ce blog se souviennent que les travaux du Balardgone avaient fait démonter un Mirage IIIE et un Fouga Magister, sans garantie de retour -même si le ministre de l'époque s'y était engagé-. Pour l'instant, on ne parle plus trop de ces éléments de décorum -la réduction de format donnait toutefois de jolies pièces en surplus dans les trois armées...-, pas plus, d'ailleurs, que l'oeuvre moderne monumentale qui devait accueillir les visiteurs et les occupants du Balardgone.Trop clinquant sans doute.
(1) 4000 m2 de panneaux solaires fourniront de l'énergie, tout comme la géothermie (l'eau est captée à 45 m à une température de 13°C) et le Balardgone utilisera aussi la chaleur dégagée par les ordinateurs dans une salle blanche principale, ce qui permettrait, selon Opale Défense, d'assurer 50% du bilan énergétique de la parcelle A (totalement neuve).
(2) à relire ce vieux papier sur ce blog, qui montre l'intérêt de suivre les sujets dans le temps pour voir ce qui change... ou qui ne change pas (cf la chute)