On s'en souvient, l'usage d'armes chimiques en Syrie était la limite à partir de laquelle la France avait prévu
de se soucier de la situation sur place autrement que par des belles paroles.
Mais entretemps, le Mali est passé par là, contribuant à user un outil de défense déjà abrasé par plusieurs réformes, pas toutes adroites, et l'âge plus que raisonnable atteint par quelques uns de nos matériels les plus emblématiques.
Si d'aventure, la France devait donc aller prendre son chemin de Damas, sur quoi pourrait-elle donc bien compter (1) ?
L'outil le plus frais est le Charles-de-Gaulle, quoi doit reprendre la mer pour une MECO (mise en conditions opérationnelles), en juillet, avec des chasseurs surentraînés ces dernières semaines. Il ne reste plus qu'à requalifier tout le monde à l'appontage, et, selon le cas, prendre le cap à l'est. C'est l'EMA qui doit fixer le programme, et pour l'instant, il n'est pas connu, contrairement à ce qui se passe d'habitude. Un GAE d'une vingtaine de chasseurs (en Libye, c'était 16) peut conduire des missions de reconnaissance, d'attaque de précision, et de supériorité aérienne.
Un chasseur de l'armée de l'air (2) le peut aussi, mais il faut pour cela des tankers (lessivés par Serval, et les Britanniques ne sont pas mieux) et un terrain pour décoller dans la zone. A ce stade, on ne sait pas si la Turquie ou la Jordanie ont vraiment envie d'accueillir des avions de l'OTAN pour aller survoler la Syrie. Pas tellement plus loin, il reste les terrains grecs mis à profit pour Harmattan. Mais on en revient au besoin de tankers...
Rappelons que la marine peut aussi offrir une deuxième base flottante, avec un BPC, hébergeant un groupement aéromobile (GAM) et sa vingtaine d'hélicoptères. Mais là aussi, Serval est passé par là, abrasant un peu notre ressource en Tigre. Et rappelant cruellement la faible protection offerte par les Gazelle.
La Syrie dispose de moyens sol-air très puissants, et de missiles antinavires qui fonctionnnent plutôt bien, de quoi faire réfléchir sur les moyens utilisables. Et l'endroit où les positionner.
Les forces spéciales françaises connaissent aussi très bien les contraintes de cette zone. L'EMA a commencé à épargner cette ressource, au Mali, courant mai, peut-être en prévision d'un théâtre syrien. Mais aussi, peut-être, tout simplement, parce que l'essentiel du travail, au Mali, était fini.
La Syrie est-elle l'opex de trop ? Beaucoup qui ont les mains dans le cambouis le pensent. L'ONU règlera finalement peut-être le dilemne, puisque la France n'a pas prévu d'y aller, avec de gros moyens, sans son accord.
(1) étant bien sûr entendu que la France irait évidemment en coalition, puisqu'avec Serval, elle a bien compris sur qui elle pouvait ou non réellement compter.
(2) une bonne partie des moyens air de Serval devraient être démontés début juillet.