On aurait pu le penser, avec les images de Rafale qui envahissaient les écrans des télés arabes, le 19 mars, que les industriels de l'armement pourraient justement jubiler à leurs futures opérations commerciales désormais simplifiées. Pour avoir réfléchi au sujet, tous ne jubilent pas, car un souci est toujours possible, et l'image d'un appareil français (tout comme d'un tir fratricide ou d'un dommage collatéral) serait nettement contre-productif. Pour les opérations militaires, mais aussi, donc, les opérations commerciales.
Evidemment, le Typhoon, comme le Gripen, n'encourent pas ce risque d'image, puisqu'ils ne survolent pas le territoire libyen.
On le sait, dans leur guerre commerciale, les fabriquants sont à l'affût de la moindre anicroche qui surgit dans la vie du concurrent et de son poulain ailé.
Et puis, dans le carré de ceux qui ne jubilent pas du tout figurent les fabriquants de munitions. Car, contrairement aux Belges, aux Néerlandais, aux Norvégiens, aux Britanniques, nous, Français, restons réservés sur notre communication munitionnaire (1). Pas ou peu d'images de visualisation de pods de ciblage et de destructions, là où les anglo-saxons n'hésitent pas une minute, et surtout, pas de synthèse de munitions tirées. Passe encore qu'on recouvre le tir de GBU-24 ou de GBU-49 -des kits de guidage US- mais, pour les AASM et Scal-EG, des produits presque 100% français qui ont quitté les ailes de nos chasseurs à grande cadence depuis 18 jours...
Bref, le Scalp-EG a bien mérité son image de missile furtif, mais son constructeur n'avait pas imaginé que cette furtivité serait aussi... médiatique.
(1) C'est tellement tabou que le ministre en a presque été pris de court quand un député lui a demandé, hier, la consommation en missiles et le coût d'un Scalp EG.