Seulement 27% des avions engagés par la coalition sont référencés comme avions d'attaque, selon nos informations, d'où le sentiment, fondé, que l'OTAN n'en fait pas assez pour bloquer le feu des troupes kadhafistes. L'OTAN n'a pas réussi à concentrer plus 200 appareils au total, selon ces mêmes informations, si l'on intègre, de plus, la vingtaine d'appareils alignés par la Jordanie, les EAU, et le Qatar, qui n'effectuent pas, cependant, de frappes au sol.
Il faut y voir une vériable égoïsme des membres de l'OTAN, dont certains, comme l'Allemagne, ne sont même pas partie prenante des opérations. Turquie, Grèce et Portugal, tous membres de l'OTAN, sont très, très en retrait.
L'activité de Unified Protector est, de fait, assez faible : assez loin des 1.000 sorties/jour réalisées par l'OTAN -du fait d'une importance implication américaine- en 1999 lors du conflit du Kosovo, et ce, pendant 78 jours.
Onze ans plus tard, l'Alliance a du mal à effectuer 200 sorties jour (le record est à 182 sorties, le 2 avril), soit cinq fois moins. Le dernier chiffre diffusé par l'OTAN évoque, pour la journée du 10 avril, 164 sorties, dont 70 d'attaque, un chiffre qui ne correspond cependant pas au nombre d'avions d'attaque diponibles.
Après les insurgés libyens, ce sont deux ministres des affaires étrangères, et pas des moindres, qui posent cette question lancinante : l'OTAN en fait-elle assez pour appliquer la résolution 1973 ? Tant Alain Juppé que son homologue britannique n'ont pas caché leur scepticisme.
Côté français, rien à redire avec jusqu'à une grosse vingtaine de sorties de chasse offensive par jour -Zara et PACDG compris-, soit plus de la moitié des moyens "strike" référéncés par l'OTAN. Une marge de manoeuvre existe encore, sur le PACDG, mais surtout à Solenzara. Trois Mirage F1CR,/GBU-12 sont gardés en réserve, prêts à servir, et d'autres moyens sont prêts à venir pour un "surge", en cas de besoin. La France pourrait passer à quarante sorties/jour, mais ce surge handicaperait notre capacité à durer, alors que le PACDG va vraisemblablement devoir, un moment ou l'autre, rentrer au port.
La capacité des forces aériennes françaises à durer doit donc être préservée.
Et comme le disait sans ambages le premier diplomate britannique, il faudrait que les contributeurs actuels enrichissent leur contribution. Et sortir des hypocrises autour du Typhoon, limité en air-sol. Les Britanniques ont -légèrement- renforcé leur force de Tornado GR.4, les Italiens (12 chasseurs dont quatre AV-8B, quatre Typhoon et quatre Tornado...) peuvent faire de même.
Les Espagnols, qui n'ont pas d'engagement de chasseurs ailleurs dans le monde, n'ont mis sur le pont que quatre modestes F-18M.