Il ne manquait plus que la version des autorités maliennes. Le ministère de la défense et des anciens
combattants (MDAC) a expliqué ce soir dans un communiqué de presse sa version du contexte des opérations de Bounti, dimanche.Il explique préalablement que Barkhane, la force conjointe eu G5 Sahel et les FAMa mènent une opération, Eclipse, dans la zone des trois frontières. Dimanche, une concentration "d'une cinquantaine d'individus" a été détectée (on ne sait pas comment) "vers 11 heures". On ignore si les FAMa ont pris part à cette "détection".
Mais dans cette version, on est loin de l'opération de renseignement de "plusieurs jours" décrite par l'EMA.
"Ce regroupement ne comprenait ni femmes ni enfants, poursuit le CP. Par la suite, un motocycliste armé s'ajouta au regroupement, puis un véhicule pickup. Aux environs de treize heures, ces éléments de la katiba Serma, vêtus de la même façon ont formé trois groupes". A ce stade, le communiqué n'explique pas comment on est passé d'un regroupement, à l'assurance qu'il s'agissait de djiahdistes, sur la simple base d'observations visuelles.
Le communiqué poursuit : "les frappes aériennes effectuées par un Mirage 2000 sur ledit objectif ont fait un bilan d'une trentaine de GAT neutralisés selon les images de la mission d'observation et de surveillance", sans doute assurée par un Reaper français (1). L'EMA évoquait avant-hier un bilan de "plusieurs dizaines" de djihadistes, mais "moins de 50".
"Vers 17h, un groupe de villageois et d'hommes armés en véhicules pickup et motos sont arrivés sur site et ont procédé à l'inhumation des morts. Les motocyclistes et véhicules pickup ont récupéré les blessés avant de partir dans des directions différentes. Les rescapés ont occupé les hauteurs avec jumelles et postes talkie-walkie". A ce stade, il est dès lors difficile de comprendre pourquoi Barkhane (ou les autres protagonistes d'Eclipse) n'a pas poursuivi ses actions contre ces différents groupes. Alors même que des éléments d'intervention sont prévus en pareil cas. Et peut-être même que le deuxième Mirage 2000 de la patrouille avait de quoi traiter.
Le général de brigade Souleymane Doucouré, secrétaire général du MDAC conclut son communiqué de presse par l'annonce de l'ouverture d'une enquête "pour mieux comprendre ce qui s'est passé", après avoir pourtant, quelques lignes avant, assuré, comme l'EMA, que la frappe a répondu à une séquence d'identification positive de GAT (pourquoi, dans ce cas, ouvrir une enquête). Partant de la même conviction, réitérée, l'EMA a de son côté estimé qu'elle n'était pas nécessaire. La Minusma, elle, avait été la première à déclencher la sienne. Comme Barkhane n'y a pas que des amis, on peut penser qu'elle sera, de toute façon, sans concessions.
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