Le RSMA de Nouvelle-Calédonie va obtenir une troisième compagnie comme l’a annoncé le
Premier
Ministre, le 5 décembre. Il est implanté déjà deux sites à Koumac et Koné, et 600 stagiaires le fréquentent chaque année. La
ministre Brigitte Girardin est déjà venue trois fois dans l'île en un an et il lui appartiendra de choisir le site d'implantation.
Cette 3e compagnie ne verra pas le jour avant 2022, si elle est logée dans des
locaux à bâtir ex nihilo, explique l'actuel chef de corps, le colonel Christian de Villers, qui doit bientôt rejoindre le SMA à Paris comme directeur des opérations. Si les bâtiments existent, la formation pourrait commencer dès 2020.
Plusieurs options existent, en matière de bâtiments, mais aussi de sites. Sur Bourrail (2h30 par route de Nouméa), le gouvernement de Nouvelle-Calédonie pourrait céder un établissement de promotion professionnelle peu utilisé.
Mais une implantation à Dumbéa, en banlieue de Nouméa pourrait s'avérer plus judicieuse car plus proche des bassins de population. Il faudra sans doute "deux à trois
filières différentes" dans cette troisième compagnie.
Le COMSUP, le général Thierry Marchand applaudit à ce "mécanisme intégrateur" qui fournit aussi, plus qu'ailleurs, des candidats pour l'armée de terre, ce qui n'est pas la vocation initiale du SMA. Autre spécificité du RSMA-NC, les femmes y représentent 42 à 45%, car c'est pour elle une façon de s'affranchir de la famille, du système tribal.
Déjà 18 formations sont enseignées au RSMA-NC dans l’agriculture (élevage, maraîchage, abattage), la sécurité, l’industrie, le BTP, la mécanique, auxiliaire d’autonomie.
Le chef de corps revendique un taux de placement de 80% mais le taux peut, potentiellement se réduire à l'approche des scrutins de 2018 (référendum du 4 novembre) mais aussi de 2019 (élections provinciales) générateurs d'incertitude pour les entrepreneurs qui assurent, in fine, le succès du RSMA par... les embauches.
Or les entrepreneurs rencontrés pendant mon reportage en Nouvelle-Calédonie ne débordent pas d'optimisme. Si la visite d'Emmanuel Macron a généré une ambiance plutôt euphorique dans toutes les communautés et tempéré certaines inquiétudes sur le référendum (qui serait gagné à 70% contre l'indépendance), elle n'a pas débordé encore sur l'activité économique.
90% des volontaires du RSMA-NC sont des mélanésiens, sélectionnés avec pôle Emploi, les mairies, les provinces, et des... campagnes de publicité. Les candidats subissent une visite médicale trois mois avant l’intégration, qui génère en moyenne 90% d’attrition, sur des problèmes d’addiction (cannabis essentiellement, une des plaies de l'île avec l'alcool), dentaires ou de surpoids. Les jeunes le prennent en considération, puisque sur l’intégration finale, il n’y a plus que 10% d’inaptes. Ensuite, le premier mois, ils font leur intégration militaire initiale, avant de commencer leur formation professionnelle, qui durera 6 à 12 mois selon les cursus. Certains prennent goût à la vie militaire et s’engagent, soit une quarantaine en 2017.
A l'entrée au recrutement, 42% des stagiaires sont analphabètes, et le RSMA permet de recaler les compteurs dans ce domaine aussi, tout en apportant une qualification reconnue, car traditionnellement, les patrons se méfient aussi des diplômes en nouvelle-Calédonie, "celui du RSMA est très bien reconnu" constate le chef de corps.
Le RSMA-NC emploie 110 cadres métropolitains, plus 124 volontaires techniciens de recrutement local qui peuvent rester un à quatre ans, et 476 volontaires stagiaires. Un des difficultés du marché de l’emploi ici (comme en métropole) réside dans la première expérience, le RSMA-NC peut aussi la leur donner. Ces volontaires sont employés pour le secrétariat, la logistique…
Le colonel de Villers, qui découvrait le système SMA va y rester puisque c’est le prochain directeur des opérations du SMA à Paris.
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