Il avait été invoqué par la France après les attentats du 13 novembre, mais plus de deux mois après, le
bilan de l'appel de Paris, via l'invocation de l'article 42.7 de traité de l'UE reste assez maigre. Le malaise est d'ailleurs perceptible, quel que soit l'interlocuteur qui réponde.
Les 27 pays européens ont trois façons de répondre à la France : en allant au carton contre EI aux côtés de la France, en s'impliquant sur des opérations de maintien de la paix où ils pourraient soulager l'effort de l'armée française. Ou encore plus directement, dans le cadre de missions au côté de la France sur d'autres théâtres.
Même à travers ce choix assez large, les capacités réelles sont rares. Difficile de compter les frégates allemande, britannique et belge qui ont rejoint le GAN comme une conséquence de l'appel de Paris... car leur insertion était prévue de longue date, bien avant les attentats du 13/11.
Comme les Français, les Britanniques avaient aussi prévu de renforcer leurs moyens à Chypre, pour taper plus fort en Syrie (1), bien avant les attentats du 13/11.
Donc que reste-t--il de concret ? Les Tornado et le MRTT allemands, par exemple. Mais le bilan réel de leur activité, notamment des Tornado, reste à faire. En Afghanistan, les mêmes Tornado revendiquaient des bilans dityrambiques, mais les kilomètres de photos ne servaient pas forcément à grand chose à l'ISAF.
L'envoi de 600 militaires allemands au sein de la Minusma ne libèrera pas 600 Français, qui eux, sont sur un autre portage. Donc, la portée n'est pas réelle pour l'outil de défense français, qui n'aurait pas non plus fourni 600 hommes pour la Minusma.
On ne peut pas brandir non plus les postes qui seront pris ici et là par des baltes dans des structures de formation au Mali, en RCA. La France ne les aurait pas remplis non plus.
C'est l'Espagne qui s'était montré la plus martiale, évoquant la possibilité de reprendre partiellement la mission Barkhane. C'était avant les élections, depuis, plus trop de nouvelles.
A Paris, l'entourage du ministre explique que les contributions européennes viendront.
Mercredi, les Etats-Unis viennent demander à leurs alliés d'en faire beaucoup plus au Levant et en Irak, en matière de JTAC, de forces spéciales, d'ISR, de CSAR. Des capacités rares, qui seront particulièrement exposées : on verra bien, alors, qui est réellement prêt à faire la guerre en Irak et en Syrie, et non plus seulement, de la com'.
(1) même si le story telling a récupéré le départ du Charles de Gaulle, il faut rappeler que cette mission était programmée depuis le printemps 2015. Seul le crochet par la Syrie est la conséquence des attentats de novembre.
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Mes derniers livres : Le RAID, 30 ans d'opérations (Ed Pierre de
Taillac), L'armée au féminin, préface de Jean-Yves Le Drian (Ed Pierre
de Taillac) et Commandos du Ciel, préface du général André Lanata
(Editions JPO).