La France avait participé à la première guerre d'Irak, savamment évité de s'engager dans la deuxème, mais
devrait contribuer à la troisième, en 2014.
D'abord parce que les Etats-Unis seuls ne peuvent plus forcément tout y faire, du fait des menaces permanentes de séquestration budgétaire (on a vu ce que cela a donné en Libye en 2011, puis en Syrie en août 2013 (1), les Etats-Unis ne peuvent plus être shérifs du monde). Or les islamistes irakiens ont montré en peu de temps ce qu'ils pouvaient faire sur les populations, dans les territoires qu'ils ont rapidement conquis dans le nord de l'Irak.
Ce soir (18h), l'Elysée a annoncé dans un communiqué a priori banal que le président de la République s'était entretenu avec Massoud Barzani, président du gouvernement régional du Kurdistan afin de mieux "coopérer pour bloquer l'offensive" des islamistes. Aucune traduction concrète n'a été donnée de cette bonne intention. Néanmoins, l'Elysée précise, dans le même texte, que le chef de l'Etat a "confirmé la disponibilité de la France d'apporter un soutien aux forces engagées dans ce combat".
Pour cela, on peut livrer des armes (le bilan est assez modeste avec l'Irak pour l'instant dans ce domaine). Mais à court terme, deux urgences, indissociables, sont visibles : l'humanitaire, et la militaire. La France dispose de moyens dans cette région, aux Emirats Arabes Unis, avec 850 militaires et six Rafale. C'est une base de départ évidente s'il fallait acquérir du renseignement, préalable pour délivrer des armements destinés à "bloquer l'offensive". Il faudrait pour cela des tankers, sans doute pas français car la flotte fragile, n'a pas les moyens de participer très largement, déjà sollicitée dans la BSS. L'alternative c'est d'opérer de bases plus proches encore, en Turquie par exemple.
La troisième solution, c'est le groupe aéronaval -coïncidence ou pas, on vole beaucoup à Landivisiau cet été- : ce dernier a été engagé il y a quelques mois sous commandement américain, pendant une trentaine de jours, dans le golfe persique.
Cela n'avait posé aucun souci concret, sauf que les scénarios de l'époque travaillaient plus l'Iran que l'Irak. Le porte-avions est réservé pour la revue navale dans sept jours : il doit porter les chefs d'Etat invités par François Hollande à la parade navale.
Quelques avions de transport -on en manque pourtant déjà au Sahel- pourraient aussi servir à des largages humanitaires dans le nord de l'Irak. Malheureusement, l'Atlas n'a toujours pas cette qualification (quel dommage).
On connaît la situation budgétaire de la France : on n'y a pas de séquestration comme aux Etats-Unis, mais un outil militaire terrestre rincé par l'Afghanistan et le Mali (on en voit le résultat en RCA...), une rigueur budgétaire, et une opinion publique qui comprend de moins en moins les opérations extérieures et les surcoûts qu'ils engendrent. Pour cela, une seule solution, à faible empreinte : les forces aériennes -avec des biréacteurs, les monoréacteurs multiplient les soucis- et les forces non conventionnelles.
(1) on l'a vite oublié, mais il y un an tout juste, l'armée de l'air était prête à des frappes aériennes en Syrie, avec des raids de Rafale déjà planifiés. Le vote de défiance du parlement britannique avait tout remis en cause.