C'est une heure peu commune choisie pour diffuser un communiqué de presse : 22h53. Au bénéfice du doute, on dira qu'il a fallu du temps pour que l'intitulé soit diplomatiquement correct pour les deux parties, et s'accorder sur le fond de l'info : sans aucune forme de surprise, France et Allemagne redisent aujourd'hui qu'ils veulent retenter une expérience de MALE, après avoir enterré le Talarion qu'ils avaient contribué à lancer... La formule du communiqué est moins claire : "Dans le domaine des drones MALE, les deux nations se sont mis d'accord sur un ensemble commun de besoins opérationnels clés en vue d'une possible solution européenne".
On sait que les Allemands favorisent une acquisition rapide sur étagère aux Etats-Unis : or si notre partenaire allemand opte pour cette voie lui aussi -comme l'ont fait avant la Grande-Bretagne et l'Italie- l'achat de cet engin par la France ne pourra plus être présenté en France comme anti-européen, puisque... toute l'Europe s'y rallie ! Le casse-tête de la justification de cet achat américain (1) est en passe d'être résolu.
Le communiqué continue : "Grâce à cet accord, la France et l'Allemagne sont en mesure de favoriser une coopération pour la réalisation d'un drone MALE. Les deux nations évalueront également la possibilité d'une coopération opérationnelle comme étape intermédiaire (2).
La France et l'Allemagne s'efforceront d'harmoniser les structures et les processus nécessaires afin de permettre aux deux pays de lancer la réalisation de ce projet. La France veillera à ce que ce travail soit pleinement cohérent avec les engagements pris entre la France et le Royaume-Uni sur ce sujet dans le cadre du traité de Lancaster House."
On voit mal, pourtant, les Britanniques intégrer un programme franco-allemand. Même si l'actu du jour, le projet de fusion EADS/BAE Systems, devrait changer bien des choses, s'ils s'affermit.
Une déclaration, dont les termes ne sont pas connus, a été signée aujourd'hui par le DGA et le CEMA français, et leurs équivalents allemands. Aucun volume budgétaire, aucun volume d'équipement, aucun horizon n'a été divulgué : la déclaration commune va-t-elle, d'ailleurs, jusque là ?
(1) qui va, on l'a compris, à l'encontre du discours gouvernemental et ministériel sur les capacités industrielles françaises.
(2) la formule n'est pas très claire non plus, mais on peut penser à une unité franco-allemande, ou une base où seraient colocalisées les deux unités, ce qui simplifierait le MCO, et donnerait du corps aux ambitions européennes du ministre. Il reste de la place à Colmar (et encore plus à Luxeuil), mais l'unité drones française est à... Cognac.