Appui-feu en Afghanistan, dont on vous avait parlé cet été, tient se promesses. On suit sur plus de 300 pages la trajectoire de ce spécialiste du guidage des appuis, dans un territoire assez différent de la zone où opèrent les Français. Ne serait-ce que par les concentrations de troupes que les insurgés arrivent à générer.
Cet ouvrage qui dévoile tout ou presque -le sous-officier raconte même sa séance aux toilettes avec une journaliste de télévision- est un véritable collier de perles, qui a réussi à séduire les censeurs.
Tout y est expliqué, des interceptions en temps réel des communications des insurgés à la façon dont l'armée britannique opère en cas d'attaque massive -la fameuse procédure Broken Arrow (1). On évoque même l'action d'un appareil furtif doté d'intercepteurs de communications : pas une invention, il était possible de voir cet engin décoller de Kandahar, à l'époque.
On constate aussi la forte consommation de feu des troupes britanniques, à relier, évidemment, au niveau d'adversité qu'ils rencontrent : Bommer, indicatif Widow 79, cite par exemple quatre tonnes de bombes larguées en quatre jours d'opérations, avec de multiples passes canons, et 32 tués confirmés.
Le JTAC a aussi été crédité de plusieurs chefs insurgés, en plusieurs occasions.Evidemment autant de détails étonnent, car toutes les armées du monde rechignent souvent à livrer de précisions sur leurs modes opératoires.
Une telle densité de feu réclame des aéronefs disponibles (2) et à plusieurs reprises, on constate bien qu'il n'y en a jamais assez.
On sait cependant que tout est réel, puisque Bommer, en bon britannique, livre à deux reprises tout son désamour pour les pilotes français de Mirage. En quelques phrases bileuses, le JTAC raconte notamment une anecdote où une patrouille, dont le leader est référencé Rage 33 (3), met à son avis trop de temps à larguer ses bombes, en évoquant des GBU-38, un modèle qui... n'est pas en service sur Mirage 2000D.
Une petite erreur, parmi quelques autres, mais rien de grave : tout le reste se lit et reste lisible, sans trop de jargon.
(1) qui consiste, en cas de situation désespérée, à bombarder ses propres troupes plutôt que de les laisser capturer.
(2) d'où tout l'enjeu qu'il y a, aujourd'hui, pour la France, à maintenir ses six chasseurs à Kandahar. Même s'il est vrai qu'ils bénéficient peu aux troupes au sol françaises.
(3) Mamba 31 est aussi évoqué sur une autre sortie.
Appui-feu en Afghanistan, par le Sgt Paul Grahame et le journaliste Damien Lewis, Editions Nimrod, 21 euros.
INFORMATION LECTEURS : Les éditions Nimrod éditent également mon premier livre écrit autour du film Forces Spéciales.