Communistes exceptés, toutes les tendances politiques de la commission de défense étaient réunies ce matin pour la présentation des 4e rencontres parlementaires de la Défense (18-19 octobre) qui ont rameuté des orateurs de très haut niveau, particulièrement dans le renseignement. En creux de cette présentation, on a aussi pu mesurer une constante, le consensus sur la nécessité d'une défense, même si, sans surprise, certains constats et questionnements peuvent différer, d'un parti à l'autre. Les arguments ne manquent pas, alors que les principaux responsables sont entendus actuellement par le parlementaires, et que le brouillard règne sur les priorités de défense à venir : c'est le travail d'un nouveau livre blanc, à peine trois ans après l'écriture du précédent. Ce qui nous rappelle que c'est donc le dernier moment pour baisser la garde budgétaire.
Philippe Vitel, le vice-président UMP de la commission a rappelé que "pour la première fois", dans l'intervention d'un CEMA, on évoquait la Chine comme pouvant affecter nos intérêts en Océan indien (1).
Autre rappel dans l'intervention du CEMA, la baisse tendancielle des efforts de défense en Occident, alors que plusieurs réarment, comme le député UMP du Var l'a rappelé : "-9% pour l'Allemagne, -7% pour la Grande-Bretagne, et seulement -3% chez nous" modère-t-il en lançant à son voisin de gauche, Gilbert Le Bris "est-ce que nos challengers sauront mettre l'argent que nous avons mis depuis 2007 ?"
Pour le député du Finistère, et ancien marin, le doute n'est pas permis. "Ces 4e rencontres arrivent au bon moment (...) chacun devra se prononcer sur le modèle militaire". En toile de fond, l'hypothèse de devoir encore réduire le format humain pour tenir le financement de l'équipement... ou de réfléchir au modèle de dissuasion, mais alors que céder ? Et, sans surprise, des interrogations sur le bien fondé des opérations dans tel ou tel pays, et avec tel ou tel partenaire (Otan, ou sans Otan).
L'externalisation ne règlera pas le problème de fond, et rend Philippe Vitel assez sceptique. "Si on a des économies à faire, c'est en mutualisant la R&D, en lançant des coopérations entre pays pionniers".
A suivre, début décembre, avec un "pionnier", la Grande-Bretagne, qui fera le point des (non) évènements intervenus depuis la signature des accords franco-britanniques.
Tous ces sujets ne semblant pas enflammer les partis, ni la population, on poursuivra des débats dans des cénacles plus restreints. Dès février, Défense et Stratégie a prévu d'entendre les conseillers défense des principaux candidats.
(1) voici exactement ce qu'à dit le CEMA sur la Chine : "Je ne crois pas à un conflit direct avec la Chine. Mais, nous suivons attentivement les revendications de ce pays sur la mer de Chine méridionale, qui pourraient enclaver le Vietnam, Brunei, une partie de la Malaisie, les Philippines, la Thaïlande… La Chine recherche des ressources naturelles et développe ses ambitions. Sa démographie et les besoins de son industrie l’y conduisent naturellement. D’où la priorité donnée par l’Armée populaire de libération au développement de la marine, l’autre priorité étant l’espace.
Nous sommes certes à 10 000 km de Pékin. Mais les remous des tensions en mer de Chine méridionale se propageraient jusqu’à l’océan Indien. La France y possède la Réunion et ses voies d’approvisionnement l’empruntent. Nous serions donc forcément concernés. Face aux puissances américaine, chinoise et indienne, l’Europe apparaît morcelée, se livrant à ce qui, vu de Pékin, doit ressembler à des guerres picrocholines. Nous devons prendre garde à cette évolution. J’aimerais que la prise de conscience ait lieu suffisamment tôt."