Créer une réelle filière pour attirer les meilleurs reste le premier problème de la filière rens française. J’entends déjà les gens du domaine me tomber dessus pour une phrase aussi facile, mais souvent, ce sont aussi eux qui expliquent avoir du mal à recruter et fidéliser des profils idoines : c’est le mal endémique dont souffre la DPSD, service de renseignement au service direct du ministre de la Défense (un millier de militaires environ), qui bénéficie de surcroît d’une image un peu écornée dans les armées.
Pour avoir goûté à plusieurs reprises le mordant pas toujours bien placé des inspecteurs de la DPSD, à Brétigny ou à Villacoublay (deux bases aériennes), il m’est difficile d’aller à l’encontre de ce qui n’est donc pas qu’une image d’Epinal.
Et pourtant, il faut aussi bien constater que le métier de la contre-ingérence est nécessaire, et que les ressortissants défense, d’ailleurs souvent les très mieux placés dans la chaîne hiérarchique, ne sont pas forcément conscients de leurs vulnérabilités, ce qui peut parfois même valoir pour les propres personnels de la DPSD (1). Ou s’en moquent, ce qui est à peine mieux.
Un PPSD de la rive gauche a ainsi pu souffler, fin février, après avoir redouté, pendant des années, de voir de vilaines histoires sortir de sous le tapis.
Comme dans la presse, quelques brebis égarées ne doivent pas jeter l’opprobre sur le troupeau, et pour croiser très régulièrement des personnels de cette maison (même s’ils oublient parfois de se présenter à moi), je vois des gens motivés par leur mission, et, dit-on, efficaces pour éviter de gros soucis à nos militaires en opérations.
C’est le cas, entre autres, en Afghanistan, qui est aujourd’hui un des plus gros déploiements de la DPSD, ou en Afrique.
Seulement, comme à l’Intérieur, le renseignement central de la Défense doit aussi évoluer, mieux travailler ensemble, surtout à l’heure où on guette la moindre occasion de supprimer quelques postes budgétaires.
Le général Didier Bolleli aura cherché, apparemment, à préparer ce terrain du qualitatif, avant de rallier la direction du renseignement militaire (DRM). Le DPSD, issu de la communauté du renseignement a essayé d’attirer dans ses rangs des personnels plus aguerris et à potentiel, en concertation avec les directions des personnels des armées.
Le général (Air) Antoine Creux, qui lui succède devra, lui, faire évoluer sa direction vers un modèle qui reste encore obscur, mais forcément plus musclé. La tentation d’un modèle façon DCRI (direction centrale du renseignement intérieur, issu de la fusion de la DST et des RG), au sein d’une DRM élargie à la contre-ingérence semblant le plus évident, et pour tout dire, le plus facile à adopter, sans perdre en capacités opérationnelles. C’est par contre un modèle qui écornerait un schéma bien établi, la DRM étant le service de renseignement du CEMA, là où le ministre dispose du sien propre. Un outil de compréhension d’ambiance dont il sera forcément difficile de se priver. C'est d'ailleurs l'élément qui a été, jusqu'à maintenant, le principal facteur de frein à l'évolution de la DPSD.
(1) Les dépositaires du secret-défense dans l’industrie non plus, comme Le Parisien nous l’a récemment appris, pour un cadre supérieur d’EADS.