mercredi 11 novembre 2020

Une nouvelle action de Sabre : une HVT ciblée (actualisé)

Une fois n'est pas coutume, l'annonce d'une opération de neutralisation de djihadistes suit un canal de

communication peu linéaire. Premier à ouvrir le feu informationnel, un compte twitter (@walid_leberbere) en général bien informé sur les opérations et les infortunes des GAT livre une version complète d'une opération de Barkhane, hier, avec deux photos : celles d'un Toyota Hilux qui a passé manifestement un bien mauvais quart d'heure. Peut-être avec un proche de la chefferie du RVIM à bord. L'opération a eu lieu au nord de Menaka. Le twittos évoque une "frappe aérienne" qui n'a... en fait pas eu lieu. Mais le Toyota a bien connu les malheurs visibles à l'image. On le voit aussi dans une vidéo macabre qui tourne sur les réseaux.

Deuxième temps, encore plus surprenant, sous... l'arc de Triomphe, quelques minutes après le tweet. Le chef des armées passe en revue les chefs d'état-major en fin de cérémonie du 11 novembre. Il félicite le CEMA (puis le CEMAT) pour une nouvelle réussite tactique au Sahel "cette nuit" ("je suis très content de l'opération de cette nuit" a-t-il redit une deuxième fois au CEMA avant de quitter l'Etoile). Il le relie à une autre opération la semaine dernière : comprendre, pas une crevaison suivie d'une inflammation spontanée du véhicule suite à un court-circuit : c'est une opération assumée, tout comme son évocation par le président et le CEMA qui savent que leur conversation est diffusée en direct.

Troisième temps, interrogé cet après-midi, l'EMA confirme qu'une nouvelle opération de Barkhane s'est bien déroulée hier, et le relie au tweet cité plus haut et ne peut que confirmer l'échange du président de la République avec les généraux. Par contre, à ce stade, aucun autre détail de lieu, de bilan, ou d'identité de la cible n'est diffusé. Pourtant, les opérations ont rarement lieu sans que l'état-major ne possède pas une idée précise de la nature de la cible. Ici, il s'agit d'un pickup presque banal (comme l'était aussi celui du chef d'AQMI, en juin), pas d'une concentration de 50 motos.

Il faut néanmoins du temps pour analyser d'éventuelles ressources issues du véhicule, des éléments d'identification (empreintes palmaires, occulaires, ADN) voire... des réactions publiques de l'ennemi. Surtout si l'action s'est déroulée dans la nuit.

Rappelons que vendredi dernier, comme deux fois encore les jours précédents, c'est la chasse pilotée (Mirage 2000D) ou pilotée à distance (Reaper, dans les trois cas) qui avait assuré l'essentiel du bilan. Ce ne serait donc pas le cas cette fois-ci, même si la voiture a manifestement brûlé. L'implication de Sabre, en charge des opérations sur les HVT est quasi-certaine.

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