Pierre Simonet, le benjamin des trois derniers Compagnons de la Libération s'est éteint à Toulon, où
il s'était retiré, entre rade et Mont Faron. J'avais eu l'extrême opportunité de le rencontrer sur près d'une heure (1), en janvier dernier, dans cette maison varoise, où il avait été honoré, quelques semaines plus tôt, en présence du général Benoît Puga, grand Chancelier de la Légion d'honneur, et le général Christian Baptiste, qui veille désormais sur l'ordre de la Libération, et les derniers Compagnons.Il était comme le connaissent ses proches, simple dans le récit, élégant et distingué dans la posture. Et déjà malade, à l'approche de la centaine. Mais le vétéran n'avait éludé aucune question, pour pouvoir témoigner de la simplicité avec laquelle il s'était engagé, Français presque ordinaire qui était né et avait vécu en Indochine, où il avait été frappé par la grâce de l'aviation (civile).
Mais dans la France Libre, qui manque désespérément de bras pour combattre au sol, il n'ira pas d'abord dans l'aviation, mais l'artillerie, une autre arme savante. Souvent rieur, parfois grave, Pierre Simonnet m'a raconté son Bir Hackeim, en toute modestie. Deux citations.
Puis après voir fait le tour de l'artillerie au sol, il se glisse dans le cockpit d'un Piper, comme observateur d'artillerie. Là aussi, une vie bien remplie, à protéger la vie des copains, en détectant l'ennemi, ou en le traitant, à coups de bouches à feu. L'Airborne FAC d'aujourd'hui, mais en 1944-1945, sans les capteurs et les radios modernes.
Le 18 juin 1945, défilé au-dessus de Paris avec le même avion. Les Champs Elysées, puis la Tour Eiffel n'est qu'à une poignée de secondes. Un petit passage discret sous les jupes de la vieille dame, une facétie oubliée par l'histoire.
Pierre Simonet, à peine aiguillonné par Christian Baptiste, nous a transmis avec Daniel Cordier et Hubert Germain un message simple, en début de covid-19, qui sonne comme un rappel à l'ordre aux Français, certes bousculés dans leurs habitudes, avec des morts civils dans les rangs, mais les bombes, l'occupation, les privations et les combats en moins : "Nous avons combattu cinq longues années pour que la France sorte victorieuse de cette terrible Deuxième Guerre mondiale. Aujourd’hui, nous sommes tous confrontés à une autre menace, à une guerre d’un autre genre. Conformons-nous tous aux consignes des autorités. Faisons preuve de raison, de solidarité, de cohésion nationale et de responsabilité individuelle. Soutenons celles et ceux qui sont en première ligne dans ce combat contre ce virus. La France en a vu d’autres, une fois de plus elle triomphera de l’adversité. Soyons résolus et optimistes ».
(1) récit paru dans Ca M'intéresse Histoire, en juillet dernier.
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