Le journal du dimanche a alerté hier sur les conditions étranges de l'organisation de la tenue d'une
cérémonie de fin de stage pour les commandants d'unité, à Saumur. Tous ces éléments sont reconnus -et déplorés par l'armée de terre. Un des officiers de l'encadrement de l'école demandait, dans un document écrit, des critères physiques de taille, de prestance, et de couleurs des yeux, bleus de préférence, pour les six officiers qui devaient constituer la garde au drapeau. La taille demandée pouvant aussi exclure les femmes.C'est évidemment constitutif d'une discrimination, un sujet sur lequel les militaires, particulièrement les officiers, sont informés des risques, depuis une série de cas emblématiques évoqués dans un premier puis un deuxième livre (dont "la guerre invisible" de Julia Pascual et Leila Minano qui ne traitait que de cas à charge) sur ce sujet lourd, puis la création de la cellule Thémis, à la demande du ministre Jean-Yves Le Drian suite à la mission du général Didier Bolelli.
Certains observateurs peuvent estimer qu'il y a plus grave en matière de discrimination, que le cas de Saumur. Et il y en a : toutes ne passent pas le cap de la postérité dans le JDD, loin de là.
A ce stade, il est néanmoins étrange que ce soit un media qui a été retenu par une des dizaines de personnes qui a vu passer le mail (l'armée de terre ignore si c'est un civil, un militaire) et celle qui l'a poussée au JDD (ce ne sont pas forcément les mêmes, la deuxième n'est pas forcément à Saumur à l'école). Comme il est étrange, par ailleurs, qu'il n'y pas eu un seul signalement, des lecteurs militaires de cette consigne (qui est une faute qualifiée d'importante par l'état-major) par la voie hiérarchique, ou par Thémis. Seulement une copie du mail envoyée à un média.
Un manque de réaction de cette population qui pour l'instant ne semble pas avoir été trop commentée ou investiguée. Car les "guerrevent" ou "flash event" comme on les qualifie dans l'armée de terre sont réguliers sur ce type d'affaires, voire plus graves encore, même si le porte-parole réfute une augmentation des cas. Sur Saumur, le même affirme que ce "n'est absolument pas l'image que nous souhaitons donner de nous. Nous tapons très fort dès que nous avons connaissance de tels cas. La sanction sera sévère."
Il est vrai que sous pression médiatique et politique -le président lui-même se dit souvent partisan de la lutte contre les discriminations-, il est difficile d'avoir la main légère. Que la consigne écrite, à Saumur, soit au final une sorte de maladresse -malgré sa portée- ou repose sur une vision plus condamnable.
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