mardi 24 novembre 2020

Comment l'armée de terre va communiquer encore plus

Avec un CEMAT qui n'est pas nativement issu de la com (2e REP) mais y a consacré plusieurs années

de sa carrière parisienne, l'armée de terre change de braquet pour faire parler d'elle, et parler d'elle.

La tendance est plus ancienne avec certains leviers. Le compte twitter fut, un temps, créateur d'audace dans le monde assez feutré et souvent sans surprise des comptes institutionnels. Il est en léger recul, après avoir perdu son audacieuse community manager (recyclée outremer sur un autre compte), pour autant, c'est bien dans ce domaine des réseaux sociaux que l'armée de terre a progressé dans sa com, et cherche à continuer. Elle va ainsi bientôt débarquer sur tik-tok, un media goûté par les jeunes, une de ses cibles prioritaires, puisque comparé aux autres armées, l'armée de terre a un énorme besoin de recrutement. Il faut convaincre, désormais, quitte à être iconoclaste.

Autre façon de coloniser le web, TIM est désormais aussi dématérialisable, ce qui fut réalisé, en mode commando, durant le premier confinement. Une application va sans doute naître, en 2021, pour le rendre plus accessible.

Difficile de ne pas la voir non plus, depuis quelques jours, c'est l'avalanche de nouveaux comptes régimentaires sur twitter. Un exercice sans filet puisque désormais, les offcom vont devoir retwitter la bonne parole parisienne (y compris celle de leur ministre), mais c'est a priori sans risque. Par contre, ils vont devoir faire preuve de leur aguerrissement numérique et là c'est plus risqué : avec un contenu (même faiblement original), le diable peut toujours se nicher dans les détails, et le cimetière des tweets du minarm en compte de nombreux. Photos par raccord avec le texte, erreur de légendes, oubli de floutage, il y a toujours un vétéran, un militaire, voire un journaliste pour rappeler l'erreur.

Problème aussi, déjà bien identifié, cette nécessité de fournir de la matière sur le compte régimentaire peut contenir une forme d'exclusivité pour soi-même, quitte à oublier d'en faire un reportage avec la presse. Là aussi, les cas sont légion. Parmi les followers du compte, certains ont la capacité à faire la différence entre la com d'une régiment, et la production d'un média.

Mais l'armée de terre croit à son concept. De la même façon qu'elle délègue à chacun de ses soldats la capacité de discernement pour appuyer sur la queue de détente, et les Français n'ont pas à s'en plaindre, les offcom sont appelés à faire pareil en cliquant et en tapant sur leur clavier, une petite révolution interne alors qu'il est patent que dans certains régiments, les offcom étaient (sont) infantilisés par leur chef de corps, pas toujours bien au fait de toutes ces logiques post-modernes pas forcément apprises dans les écoles. De son côté, sur ce sujet précis, l'armée de l'air a une autre approche : moins de contenu local, et un centralisme parisien pour concentrer l'effet et éviter les impairs des locaux. Les deux logiques se défendent, au final, le résultat dira qui a eu raison.

Evidemment, cette sur-activité n'est pas qu'à relier aux besoins de recrutement, de visibilité des forces terrestres, mais aussi à la politique de réduction de la population des communicants organiques (1). Avec une chaîne de 1300 à 1400 communicants, le minarm doit justifier son format ou passer l'élagueuse, voire la tronçonneuse. L'armée de terre a manifestement bien compris la donne.  

Mes infops et photos sur le twitter @defense137.

(1) là où l'armée de terre visait à disposer enfin d'un communicant par régiment, vers 2025-2026.