Le stakhanoviste des questions écrites à l'assemblée nationale, François Cornut-Gentille (Les
Républicains / Haute-Marne), a encore frappé. Après la dispo des avions et des hélicoptères, il vient de recevoir la réponse à une autre question écrite posée le 3 mars, renouvelée le 21 juin (faute de réponse).
L'élu de Saint-Dizier, circo qui héberge deux escadrons de Rafale de l'armée de l'air, voulait savoir à quoi peut bien servir un porte-avions dans l'opération Chammal.
La réponse, si elle est sans surprise (rôle stratégique du porte-avions, mobilité d'une piste, réduction du nombre de ravitaillements en vol, mais dans le total, n'est-ce pas négligeable au final, etc), manque néanmoins de chiffres d'activité aérienne, de cibles frappées, de bombes larguées, car faut-il le rappeler, même dans le monde de oui-oui, les porte-avions servent à faire la guerre. Même Daesch le sait, et ne pas le dire, ce n'est donc pas se protéger d'attentats en France (un argument naïf entendu).
D'ailleurs, quand l'état-major des armées se hasarde à parler de l'opération Chammal (une fois par semaine), il évoque ces mêmes raids de bombardements menés par l'armée de l'air, le nombre d'objectifs traités, etc.
Rien de tout cela donc dans la réponse qui concerne le groupe aéronaval (la perche était tendue pourtant). D'ailleurs, en faisant le bilan de l'opération qu'il avait menée, le patron du groupe aéronaval n'avait pas non plus livré le moindre de ces chiffres, malgré, déjà, là aussi, des interrogations de la presse.
Le seul chiffre produit dans la réponse ministérielle est celui des 1173 dossiers image réalisés à partir des pods Reco-NG des Rafale. Certes, les interprètes photos du bord, et les spécialistes du rens', souvent oubliés, ont enfin la reconnaissance qu'ils méritent.
Mais si la seule concrétisation opérationnelle de cette mission se borne à des dossiers images, la représentation nationale, voire la cour des Comptes, risquent de s'interroger sur le coût financier généré (1). Et eux, quand ils posent des questions, il faut quand même de vraies réponses. Surtout à quelques semaines d'un nouveau déploiement.
Le député parle lui sur son site d'une réponse "imprécise voire criblée d'oublis" tout en commentant, assez justement, les arguments et faits qui lui ont été donnés par le ministère.
(1) dans une réponse à une autre question posée par le parlementaire le 3 mars, le ministère avait indiqué le surcoût des huit semaines "irakiennes" du déploiement 2015 : 24,6 MEUR pour le fonctionnement, 11 MEUR de dépenses de personnel, et 8 MEUR pour des bombes larguées (qu'elle que soit la destination), soit un surcoût total, pour Chammal, estimé à 43,6 MEUR.