Un comité exécutif associant les principaux collaborateurs du ministre et les grands chefs militaires
s'est tenue hier à l'hôtel de Brienne : renseignement pris, elle concernait la baisse des effectifs, sujet qui n'était pas indiqué officiellement sur l'agenda du ministre. Aucun chiffre, et pour tout dire, aucune information n'est sortie de cette réunion, par delà ce que ce blog révélait la semaine dernière : nouveau report des annonces de restructurations -qui ne concerneront que 2015- et "quelques semaines" données au nouveau CEMAT pour proposer des alternatives.
On peut le dire de plein de façons, celle-ci est factuelle : l'armée de terre n'avait pas de projet pour préserver intelligemment des postes. Le général Bosser a donc un sursis. Pour certains, la façon la plus simple consiste à "décheniller", c'est à dire à réduire le volume des unités élémentaires, ce qui éviterait de fermer des régiments.
Ce serait une erreur, argumentent d'autres, alors que quand ils partent en opex, souvent, les commandant d'unité doivent piocher dans la voisine pour pouvoir aligner l'effectif demandé. Il suffit d'ailleurs de se pencher sur les opérations des dernières années pour voir que les GTIA ont parfois des compagnies d'infanteries provenant de régiment différents -ce qui n'est pas toujours idéal- quand ce ne sont pas des unités provenant de brigades différentes.
On me dira que ce ne doit pas être un élément bloquant dans l'armée de terre de 2014, mais que des unités qui ne se sont pas entraînées ensemble, et qui ne se connaissent pas, ne sont pas toujours aussi efficaces que des unités qui se sont entraînées ensemble. Certains échecs peuvent trouver une forme de réponse dans ces facteurs.
Mais avant même d'aller traîner sur ces économies de bouts de chandelles, on peut même s'interroger pourquoi, en 2014, la France supprime des postes dans sa défense, par delà l'application d'un plan comptable.
Car il suffit de regarder le monde comme il est, pour se rendre compte que désarmer dans un tel contexte n'est pas très raisonnable. Dans la décennie précédentes, les zones d'intervention étaient en Afghanistan, en Côte d'Ivoire. Elles se sont rapprochées : Libye, Irak, Syrie, Ukraine. Et demain, une campagne d'attentats, des soucis dans le parc nucléaire obligeraient à faire appel à une capacité d'intervention sur le théâtre nationale devenue rachitique.
Certes, on me rétorquera que la France n'a que 8.000 militaires en opex, et qu'elle peut en engager jusqu'à 22.000, comme le rappelait récemment le CEMA dans un interview à Bruno Besson.
Mais il y a déjà surchauffe dans des capacités rares : les forces spéciales, les C2, les véhicules logistiques, les tankers, les drones (quatre sur six engagés), les hélicoptères... Et faire une guerre moderne sans tout cela, c'est nettement moins simple. Certains disent même, impossible.