Alors qu'on ne sait pas combien surcoûteront les opérations extérieures cette année, la France s'engage donc
dans une opex de plus, sans pouvoir, c'est le principe, dire combien de temps elle durera, donc elle coûtera.
Dans ce genre d'opérations, et toutes proportions gardées, la troisième dimension est la plus adaptée des trois, et sans doute la moins chère.
Pour limiter la facture (opérationnelle) du côté des tankers, la logique voudrait donc que les avions de la coalition s'engagent plutôt sur des bases turques, ou chypriotes, donc sur des enclaves sur lesquelles la France n'a pas de facilité (ce qui se paie). La seule base que possède la France dans la région est aux EAU, il est toujours possible d'y avoir recours, pour autant que les EAU autorisent leur emploi pour des opérations de guerre, et que donc le problème des tankers trouve une solution.
Or, seuls les idiots ne le savent pas, c'est bien le nombre de tankers, et non d'avions de combat, qui donne le tempo d'une campagne aérienne. Or, sauf les pétromonarchies du Golfe et les Australiens, les Etats qui vont contribuer aux opérations en Irak n'ont pas investi dans des tankers modernes, et n'ont que des vieilleries (pour ceux qui ont des tankers à proposer...) à mettre en l'air, avec à la clé, des chasseurs qui attendent parfois un tanker qui ne vient pas.
La France, elle, aurait dû commander ses MRTT en 2007, quand MAM avait signé la lettre permettant de le faire. A Cazaux, en janvier, l'actuel ministre avait expliqué que le dossier était un des plus brûlants, mais le contrat n'a toujours pas été passé. Cela ne saurait tarder, apparemment.
Par delà ces petits menus détails, une dernière considération : jamais opérations n'aura sans doute aussi mal commencé, alors que les finances et le moral de la France sont au plus bas, comme la cote d'opinion du chef des armées.
Cela risque évidemment de peser très fort sur la perception des opérations par l'opinion publique, qui risque de ne pas très bien comprendre pourquoi la France se lance dans une guerre de plus (1). Alors même que les rues françaises n'ont pas vu de manifestations d'ampleur pour les morts civils du nord-Irak, contrairement à ceux de la Palestine : étrange.
(1) la troisième en deux ans, depuis l'arrivée de François Hollande à l'Elysée. Cela aurait fait quatre avec les frappes prévues en Syrie l'an dernier...