La mort d'un sous-officier de légion hier est le résultat d'un mode d'action clairement terroriste : un
véhicule suicide qui n'a pas pu être stoppé à temps. Sauf à se mettre à dos les populations locales et interdire la circulation, ce mode d'action a malheureusement de beaux jours devant lui et le succès de cette première, contre les Français, va forcément susciter de nouvelles vocations (1) tout en obligeant l'armée française à le prendre en compte. Il a déjà servi, comme je l'expliquais ce matin, contre des Tchadiens et des Maliens. Maintenant les Français : quoi de surprenant ?
Plusieurs projets d'attaques ciblées ont sans doute déjà été démantelés à temps. Y compris un contre une base française de la région, fin 2013.
Les terroristes du Mali et ceux de Somalie ont les mêmes intérêts, convergents, et les liens sont anciens, comme l'affirme le livre de Jean-Christoph Notin consacré à Serval. Il est difficile de croire que le récent attentat de Djibouti ne ciblait pas des Français : la plupart des familles ont anticipé leur retour en France, et les familles des partants sont interdites de séjour d'ici la fin de l'année. Bref, le terrorisme a déjà gagné.
Dans la BSS, les Français ont les drones, les forces spéciales et les Rafale, les terroristes ont les kamikazes, les tirs de roquettes, et les IED. Et même les mines semées par les deux camps (djihadistes et maliens), un peu partout dans le nord-Mali. A plusieurs reprises, donc, les uns et les autres ont manqué de faire bien des victimes dans les rangs français, civils et militaires.
Pour peu qu'ils aient un peu de mémoire, les terroristes du Mali se souviendront que leurs collègues d'Afghanistan avait marqué les esprits, et tué, à Joybar (quatre paras du 1er RCP et du 17e RGP et un photographe), le 13 juillet 2011, déjà un attentat kamikaze. On peut rappeler que dans la foulée, la France avait changé d'approche du sujet en Afghanistan. Et qu'à peine un an et demi plus tard, les FOB avaient été vidées. Et il n'y avait pas eu de manifestations à Paris pour que les militaires française reste à tout prix en Afghanistan pour y faire triompher les droits de l'homme (et de la femme).
La date et les conditions de l'attaque, hier, n'ont rien à voir avec le hasard. Les terroristes reprennent le terrorisme.
(1) on m'objecte souvent qu'il est plus difficile de trouver le terroriste que la voiture. Je crains malheureusement qu'on ne manque pas de volontaires.