Les premiers éléments indiquent qu'un biréacteur MD-83 d'Air Algérie s'est crashé au Nord-Mali cette nuit :
la force aérienne constituée la plus efficace à proximité est celle de l'armée de l'air française. Deux de ses Mirage 2000D ont été réorientés en vol cet après-midi vers l'immense zone dans laquelle l'appareil n'a plus donné de nouvelles. Il est probable que l'avion s'est écrasé, sans qu'on connaisse encore les causes de ce crash. Après 20h, le gouvernement malien a évoqué la présence de débris entre Aguelhok et Kidal, une zone disputée. Côté burkinabé, on évoquait un crash entre Gao et la frontière du Bukina.
D'après l'EMA, la patrouille de chasse aurait décollé de Niamey (Niger) vers 10h, sa capacité de recherche s'est donc interrompue après la tombée de la nuit, si un tanker pouvait le ravitailler jusque là. La patrouille devait apparemment assurer une autre mission, d'appui-feu, et a changé de mission aux ordres de l'EMA.
Pour l'heure, ce dernier n'a pas encore annoncé sa volonté de poursuivre les recherches au-delà de cette patrouille.
Mais il est évident qu'avec 51 Français à bord, et peut-être pas que des civils (les professions des passagers ne sont pas sauf cas particuliers, transmises à une compagnie aérienne), la motivation est évidente. D'autant que le président de la République vient d'annoncer que tous les moyens seraient mis en oeuvre. Serval va donc devoir se mettre entre parenthèses pour quelques jours.
Des éléments français sont basés à Tessalit et Gao, à (relative) proximité de la zone estimée du crash, comme définie par les Maliens. Ils auront une importance directe pour sécuriser la zone du crash, et permettre la compréhension de cette évènement.
La France aligne par ailleurs des moyens assez adaptés à des opérations de recherches, comme des drones (équipés de radars à ouverture synthétique, qui détectent les masses métalliques), mais aussi des avions de patrouille maritime ATL-2, habitués à ce genre de recherches dans les déserts maritimes. L'armée malienne n'est pas outillée pour conduire une opération de ce type. Et encore moins prendre en compte un aussi grand nombre de victimes (116 passagers à bord). Surtout dans la zone de Kidal/Aguelhok.
Le système de renseignement mis en place pour les opérations contre-terroristes peut aussi apporter une moisson d'informations. Selon l'EMA, il n'y avait pas d'opération de l'armée française dans la zone de disparition de l'avion, cette nuit, donc, a priori, pas de témoin français direct.
L'aéronautique apprend à être modeste, il n'est donc pas possible pour l'instant de privilégier une cause sur une autre, pour expliquer la disparition de l'avion. Le MBD-83 n'est pas un avion tout jeune, et il avait en outre être loué à une autre compagnie, espagnole. Mais il avait été contrôlé sans être cloué au sol à l'issue, par la DGAC, il y a 48 heures, en France.
Il y avait aussi des orages au-dessus du Mali, cette nuit.
Et, depuis des lustres, cette zone pullule de terroristes (1). Ils ont encore dit, depuis le début du mois, leur intention de cibler la France et ses intérêts. Un légionnaire en est mort, le 14 juillet.
Le Burkina-Faso, d'où est parti l'avion, appuie la mission contre-terroriste française, puisqu'elle accueille depuis 2010 des forces spéciales. Les normes de détection d'explosifs n'y sont pas aussi développées qu'en France.
Pour l'heure, personne ne peut dire comment cette cinquantaine de Français du vol Air-Algérie ont disparu. Le président Hollande vient d'annoncer qu'il reportait son voyage prévu la semaine prochaine en Océan Indien.
(1) le précédent remonte bien sûr au vol UTA, détruit par une bombe (lybienne) en septembre 1989, déjà, dans cette zone.