Alors qu'il prend, dans un mois et demi, le commandement de la composante opérations spéciales de la Nato Response Force (NRF), le COS français est véritablement à la croisée des chemins.
Son emploi va décroissant, estiment de nombreux observateurs, et une grande partie des opérateurs eux-mêmes.
Actuellement, les engagements relevant du COS demeurent à un niveau résiduel, comparé à l'époque Puga -l'actuel patron de la DRM- qui avait vu une explosion des missionnements.
Le 1er RPIMa, qui doit être prochainement relevé par les commandos marine, forme les forces spéciales afghanes, mission qui ne consomme qu'une vingtaine d'opérateurs. On évoque bien un retour plus important des commandos français, au deuxième semestre français, mais on l'évoquait déjà au sommet de Bucarest, il y a un an, et encore avant le sommet de Strasbourg. Episodiquement, des équipes de la BFST -c'est Hervé Morin lui-même qui avait officialisé ces séjours- et de la marine sont bien venues en Afghanistan, mais pas au titre d'une opération de grande ampleur du COS.
De même, dans la troisième dimension, une importante flotte réservée (5 ATT, une trentaine d'hélicoptères) font saliver, alors que l'aéromobilité conventionnelle est un peu à la peine, avec les retards de l'A400M, la faible disponibilité des ATT et des Puma. Par chance pour une partie d'entre eux, ces aéronefs connaissent une activité très soutenue, particulièrement les ATT. Mais là aussi, pas forcément et systématiquement dans des missionements COS. Le DAOS est actuellement déployé en Afghanistan, mais dans un cadre conventionnel, ce qui est une première en 16 ans d'histoire.
La notion de flotte réservée est donc -légitimement- un peu en danger. Plusieurs officiers connaissant ces problématiques reconnaissent cependant le danger de casser un tel outil, dont l'excellence est le résultat d'une longue expérience.
Plusieurs observateurs voient dans ce non-emploi, ou "moindre emploi" une vision stratégique du CEMA actuel, le général Georgelin, qui préfère n'utiliser ces compétences que là où on en a strictement besoin. D'autres y voient un monde plus calme, nécessitant moins l'apport d'unités partiquant le"faire autrement". D'autres, enfin, y voient "des problèmes de personnes".
De personnes, il doit aussi être question dans le courant 2009, avec au moins un changement important dans la filière, sinon trois.
A l'orgine, le GCOS (l'amiral Martinez), le COMBFST (le général Nebout) et ALFUSCO (l'amiral Gillier) devaient changer d'affectation dans l'année, notamment dans l'été. Seulement, à un mois et demi des premiers changements, aucune lisibilité ne semble possible. Plusieurs coups de sonde ont été donnés, parfois très officiellement, pour le poste de GCOS. Ce qui montre, de fait et vu le rang des candidats putatifs, l'attractivité du poste.
Le poste le plus prisé, celui de GCOS est dans le périmètre de l'EMA, dont le chef doit changer au plus tard le 30 août, date de l'anniversaire du général Georgelin. Le futur occupant du bureau préfèrera sans doute choisir lui-même.
Le bilan du bouillant Marin Gillier, 51 ans, est un avantage certain, d'autant plus si le futur CEMA, un marin dans la grande majorité des scénarios, connaît -et apprécie dit-on- particulièrement le fonctionnement du dit bouillant.
Rwanda, Jordanie, Afghanistan, Somalie : la "langouste" a la baraka avec lui, estime-t-on. Et dans une filière pareille, cela n'a "pas de prix", dit-on aussi.