mercredi 30 décembre 2020

Pourquoi Barkhane se prive de trois Reaper

Dans la guerre contre le terrorisme, l'effort (et la guerre) n'est pas toujours total. En janvier 2020, la 33e

ERSA a reçu un premier système de Reaper Block 5 : sans l'autorisation de la DGA, le minarm n'a pas commencé à utiliser ces drones. Qui ne volent toujours pas alors que leur engagement était prévu au Sahel au printemps. Et qu'un deuxième système a été livré depuis.

Nous sommes pratiquement un an plus tard, rien n'a changé : les Reaper Block 5 sont arrivés au Sahel à la mi-décembre, et sans autorisation de la DGA, ne peuvent pas être engagés. Barkhane en est réduit à larguer des tracts pour faire peur aux terroristes, sur le registre, "Barkhane vous voit avec ses drones".

Le nombre de drones déployés (trois Block 1) ne permet pas de voir en permanence qui que ce soit. Même si malgré ce volume réduit et un nombre de spécialistes à peine plus élevé (le détachement compte une petite trentaine d'hommes et femmes tout compris), les Reaper arrivent en tête des pertes sur les GAT cette année. La première pendant laquelle ils ont largué des bombes. Et la diversification des munitions, annoncée pour cette année (à l'origine, en 2019...) va encore démultiplier les effets, et élargir les contextes d'emploi. Contrairement à une idée reçue, le Reaper peut parfaitement détecter des cibles en autonomie, c'est même un des seuls aéronefs français à le faire aujourd'hui.

Le Reaper fait-il de l'ombre ? La question pourrait être posée car rien ne peut expliquer autrement ce non-engagement des Block 5, un matériel connu (et utilisé) par ailleurs.

Evidemment, il y a le précédent de drones (Français) qui ont rejoint un peu brutalement le sol : un SMDR, en Champagne, un Patroller, dans les Bouches-du-Rhône, alors que l'appareil allait être livré, quelques jours plus tard à l'armée de terre et une palanquée de SDTI. Un Reaper Block 1 a même connu un souci identique, au Sahel. Forcément, ces exemples doivent inciter à une forme de prudence. De même, le Reaper n'est pas l'arme absolue dans tous les types de conflit.

Mais les Block 1 ont été déployés en 2014 sans l'onction de la DGA, et cela ne les a pas empêché de voler. Ils auraient été longuement testés, cela n'aurait sans doute pas évité le crash du Reaper au Niger. Mais ils seraient arrivés bien plus tard au Sahel, où ils auraient bien manqué.

Mes infops et photos sur le twitter @defense137.