mardi 29 décembre 2020

800 Barkhaniens au Tchad

Environ 800 militaires français restent déployés au Tchad dans le cadre de Barkhane, bien qu'aucun

combat n'y soit mené actuellement par la France. C'est le pays qui a été retenu par le Premier ministre Jean Castex pour réveillonner avec les militaires français et marquer son attachement à leur engagement. Initialement, le président et chef des armées devait aller au Liban pour Noël.

Jean Castex verra le président tchadien dans sa résidence personnelle, loin de N'Djamena, puis viendra au camp Kossei à N'Djamena avant de se rendre sur deux sites occupés par une poignée de Barkhaniens, à Faya Largeau et Abéché. Contrairement à une pratique largement répandue, le programme de ce déplacement est d'ores et déjà connu, principalement parce que les risques d'un tel voyage sont assez réduits (comparés à un déplacement au Mali ou au Levant par exemple). Le Premier ministre sera en lien avec les différentes enclaves de Barkhane, là où les choses se passent, par visio. Un hommage encore non précisé doit être rendu aux trois chasseurs tués hier.

Les 800 militaires affectés au Tchad à Barkhane représentent 15% de l'opération.

Il n'y a plus de présence chasse (reportée à Gao) et le reste de l'activité aérienne s'avère réduite, avec notamment un Casa 235 qui semble aussi avoir été utilisé, il y a peu, à faire sauter des paras gabonais au Gabon.

L'essentiel de l'effectif est donc consommé par le PCIAT de Barkhane, qui mobilise plusieurs centaines de personnels selon Matignon, sans chiffre plus précis. Abéché et Faya n'ont qu'une garnison oscillant entre la valeur d'une section et d'une compagnie (les bons jours). Le reste est donc constitué du soutien direct à l'existence de ce PC. Si ce dernier disparaissait, ce serait aussi le cas du soutien. L'un et l'autre pourraient être mutualisés avec celui d'une autre base régionale de la France.

La question du maintien d'un PCIAT, et de le laisser à N'Djamena est clairement posée. D'un côté, la France, qui a du mal à se maintenir sur ses bases africaines, ne peut pas laisser cette base tchadienne vide (elle ne le resterait pas longtemps) : c'est la principale et pour tout dire, unique justification du maintien du PCIAT dans cette ville, loin de tout combat. Certes, la vocation d'un PC opératif n'est pas de recevoir des obus de mortier, néanmoins, il est difficile (depuis le début de Barkhane) de justifier ce maintien à cet endroit précis. 

Dakar ferait tout autant l'affaire s'il doit s'agir d'un PC régional. Et Niamey serait encore plus approprié : on y trouve les deux principaux effecteurs d'attrition et de renseignement de la force. C'est une zone sûre. 

Evidemment, une autre approche est possible : pour une armée expéditionnaire, en 2021, il faut aussi savoir faire du reachback. Les aviateurs le font très bien depuis des années. Certes, toutes les activités militaires ne s'y prêtent pas de la même manière. Mais en 2021, et avec un Barkhane qui va fondre, on voit mal comment une base hors du jeu pourrait rester dans la même configuration.

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