De La Brèche à Saint Aubin d'Arquigny, l'assistance s'est encore étoffée. Des scolaires, encore, des adultes, le tout traversant le bocage à pied par des chemins de traverse, les mêmes que les commandos de Kieffer avaient emprunté, le 6 juin 1944, après avoir réduit les Allemands, à Ouistreham.
Déjà, les jeunes réucupèrent du rens chez les fusiliers et les commandos qui les accompagnent. Parcours de recrutement, type d'opérations, une tête blonde est en train de tirer les vers du nez à ses aînés, trop contents de trouver un public curieux.
La dernière classe à arriver à la pause refuse la pause, pour ne pas mettre la cérémonie de Saint Aubin en retard. Sans doute pour compenser, quelques jeunes attaquent leur fond de sac, et se refont une santé à coups de pompot (pour ceux qui n'ont pas d'enfants, il s'agit de compote en gourde...)
A Saint Aubin, sur une placette, le biniou du bagad de Lann Bihoué vient faire taire une tondeuse qui jouait les trouble-fêtes. Un vétéran rejoint le groupe, le truculent René Rossey, le plus jeune des commandos du 6-juin, qui avait menti sur son âge pour être incorporé. Il me rappelle qu'il fêtera ses 18 ans le 30 août 1944, la campagne de Normandie quasiment terminée.
René Rossey a du bagout, et ne s'arrête jamais de méditer tout haut, tout en rigolant perpétuellement de ses origines pied-noir. Le plus jeune, c'est aussi un des piliers des quinze derniers commandos à avoir traversé les ans comme on le lira plus loin.
"Entre commandos, on est comme des frères" explique Jean Masson à un confrère journaliste.
Notre photo : les commandos et collégiens progressent vers Saint-Aubin d'Arquigny (crédit JMT).