Les multiples attaques à l'IED et par mine enregistrées ces derniers mois par Barkhane, et restituées
par ce blog (1), n'ont évidemment pas laissés indifférents les premiers concernés : les militaires déployés sur place, et ceux qui les soutiennent, en France.
Ce blog avait expliquait que des ciblages spécifiques avaient manifestement été réalisés sur des VABSAN par le passé, et c'est donc vraisemblablement ce qui a été le cas aussi pour le VBL du chef de corps du GTIA des Spahis, avant-hier. De tels véhicules sont relativement faciles à identifier, tout comme il est facile, même pour un non initié, d'identifier un chef de corps. Un cruel rappel à l'ordre pour ceux qui croyaient n'avoir avoir qu'à des combattants de seconde zone qui n'avaient ni yeux ni oreilles, ni cerveau.
Pour contrer ces capacités, l'EMA a dû faire feu de tout bois. Des véhicules mieux blindés sont progressivement envoyés sur place, mais, et ce blog l'a rappelé à plusieurs reprises, cette guerre est faite à l'économie. Le terme dérange, évidemment, mais les surcoûts opex ont atteint, en 2017, un pic historique, et les engagements sont réalisés sous contrainte budgétaire. L'EMA fait donc avec... les fonds qui lui sont affectés. On a vu que les ajustements brutaux et sans préavis pouvait, éventuellement, lui compliquer la tâche.
A ce stade, on le sait, les véhicules les plus protégeants -VBCI et Aravis- sont en nombre ridiculement bas au Sahel. Plus de 600 VBCI ont pourtant été produits...
Pour ce qui est de l'Aravis, on sait qu'ils ont été orientés vers le Levant pour les forces spéciales qui n'avaient eux encore moins que rien, seuls les démineurs en possèdent à Barkhane. Le VAB Ultima jouit par ailleurs d'une bonne protection, et les VAB sanitaires, manifestement surciblés, jouissent depuis quelques semaines seulement d'adaptations. "Des emplâtres sur une jambe de bois" diront les uns, la mission continue disent les équipes médicales en connaissant les risques.
Afin de troubler les tactiques des GAT, les cavaliers du GTIA Dauphin (qui avait précédé les Spahis à Kidal) avaient mis en place leurs modes d'action, qui semblaient avoir été efficaces, en tout cas pour la protection des convois.
Des urgences opérations ont aussi été lancées comme expliqué par ce blog l'an dernier. La DRM est aussi mobilisée sur ce sujet, sur le théâtre et en France.
Mais sans la logique habituelle opposant glaive et bouclier, les GAT se sont encore adaptés. Les spécialistes notent notamment une complexification croissante des charges, ainsi que leur augmentation de puissance. De quoi risquer une escalade entre Français et GAT : les premiers veulent démontrer leurs résultats -les attaques récentes l'illustrent- et les seconds, qu'ils ont toujours des moyens sous le pied (et la capacité à faire réfléchir les électeurs).
Comme le disaient les Afghans, qui avaient constaté que les Français ne resteraient pas éternellement : "vous avez la montre, nous avons le temps".
(1) notamment ici, là et là. Comme l'atteste ce post de 2013 et les photos qui l'accompagnent, dès cette date, les GAT avait des modes d'emploi et du matériel pour travailler le sujet IED.