Ce blog avait déjà livré l'essentiel des grandes lignes de la loi de programmation militaire le 2 (lire
ici) et le 17 janvier (lire ici), la déclinaison granulaire de ce matin met juste quelques chiffres, ici ou là. Mais la copie est moins précise dès qu'on s'aventure dans les dates, avec des trajectoires qui en fait dépassent la LPM.
C'est donc miser sur le fait que contrairement à 2008, il n'y aura pas d'accident économique international (que bien des analystes prédisent pourtant, et certains, à court terme...) et évidemment, aucun arbitrage de Bercy.
Plusieurs sujets non mineurs comme la composante hélicoptères interarmées ou le drone aéromaritime -renvoyé à 2028...- glissent sur le verglas budgétaire. Même l'armée de terre, qui sort pourtant renforcée -sur le papier- voit ses équipements individuels pas tous accélérés autant que le slogan voudrait le faire croire. Certes, les HK arriveront plus vite, il y aura plus de Griffon et de Jaguar -sans que cette sur-commande soit justifiée par une seule phrase- mais il faudra attendre 2020 avant que tout le personnel en opex -on ne parle pas de dizaines de milliers de militaires...- reçoive une protection balistique moderne et 2024 avant que toute la force opérationnelle terrestre ne soit dotée.
Des signaux pas très encourageants planent aussi sur de multiples "petits" programmes de cohérence dont la plupart des lecteurs de ce blog, même les plus avertis, n'ont pas forcément entendu parler, mais qui font le quotidien des opérations, conventionnelles ou non. A cet égard, cette absence de visibilité et d'abondement budgétaire démontre, si besoin était, une difficulté des thématiques à remonter du terrain vers Paris, malgré une littérature pourtant très abondante.
Alors qu'elle a rarement donné autant avec aussi peu de moyens, l'armée de l'air apparaît comme la très grande perdante de cette LPM. Son parc de chasseurs n'aura jamais été aussi fragile. Elle ne gagne en fait que trois MRTT -populaires par leur caractère interarmées- et six ALSA2R mais dont on ne sait pas quand ils seront livrés. Les deux premiers, prévus par la précédente LPM, ne l'ont toujours pas été. Le parc transport reste ravagé, rendant assez illusoires toute forme d'optimisme à court et moyen terme. La remontée des accidents aériens (dans les trois armées) illustrant aussi le vieillissement inquiétant des flottes et l'insuffisance des heures d'entraînement
Certains programmes sont en voie d'accident industriel aggravé, des difficultés pas trop évoquées dans le document.
Il faut aussi rappeler, au passage, que pour l'instant, les militaires doivent s'asseoir sur l'augmentation de solde qui leur avait été promise. Et qu'ils seront aussi peut-être plus mis à contribution pour le repais du midi, des sujets sur lesquels la LPM ne s'attarde pas trop. Même si les catégories C su ministère apprennent qu'on pense à eux pour une requalification en B.
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