Selon mon camarade Philippe Chapleau, une réunion se tient ce jour à pour faire le point sur la
communication relative aux blessés. "Tous les acteurs ne comprennent ou n'adhèrent pas totalement à la posture actuelle qui fait qu'il n'existe aucune communication initiale autour des soldats blessés en opérations". Contrairement à ce qui est désormais rodé dans la com', désormais, sur la valorisation des blessés dans les stages de reconstruction physique ou psychique, mais aussi la participation des blessés à des rencontres sportives.
Certains, militaires, média, politiques, estiment que dans ce domaine, il y a même désormais un excès de communication, là où c'est le vide le plus total dans le fait initial. Ce qui renforce leur perception que les blessés sont instrumentalisés. Un argument insupportable pour les autres, qui de bonne foi, ont aussi le sentiment d'oeuvrer à protéger les blessés et leurs familles... et les opérations.
Mon camarade Chapleau cite l'exemple de la communication menée par la police et l'Intérieur suite au guet-apens à la Grande Borne (un Premier ministre et un ministre de l'Intérieur ont fait hier le tour des commissariats du département). La Défense ne fonctionne pas de cette façon.
Ce blog, mais comme le font par ailleurs plusieurs journalistes et/ou blogueurs, reste attaché à cette relatation du fait initial. D'abord parce que la blessure fait partie des opérations, et qu'elle fait aussi prendre conscience aux non-informés de la dureté de ces opérations (qu'il devient, par ailleurs, de plus en plus difficile de couvrir pour les médias). A un grand nombre de reprises, des militaires ont été blessés à Barkhane, notamment du fait de mines et d'IED et l'augmentation du nombre de militaires ayant les pieds au Levant, ils sont désormais plus d'un demi-millier, ne risque pas de faire baisser ce risque. Pour l'instant, le chiffre des blessés de Serval/Barkhane, de Sangaris, de Chammal reste soigneusement conservé en interne.
Il me semble très difficile de faire appel à la générosité des entreprises, qui financent largement, désormais, les associations caritatives, mais aussi des évènementiels liés aux blessés de guerre (RMBS, rencontres ponctuelles...), sur la base d'une communication opérationnelle qui nie l'existence des blessés. Et qui refuse d'évoquer leur nombre, ne permettant pas, ainsi, de visuliser l'effort qu'il faut continuer à financer. Et quels types d'efforts il faut mettre en place : des reconversions, en offrant des postes pour les blessés psychiques, de l'argent, pour financer les conséquences de la blessure physique. On le sait, les blessures psychiques sont montées en flèche, ces dernières années, et je n'ai pas l'impression que le nombre de postes offerts par les employeurs, privés comme public, ait suivi la même tendance.
On peut, de la même manière, s'interroger sur le risque d'une faible visibilité du problème xchez les Français (militaires et civils de la Défense compris), et de l'effondrement des dons qui en résulterait. L'Afghanistan avait généré en interne des armées, une forte prise de conscience des militaires. Les quêtes étaient alors relativement fournies, il n'est pas sûr que cet élan ait survécu à l'Afghanistan (mais je suis prêt à être convaincu par des chiffres qui diraient le contraire).
Il faut le rappeler, le budget de l'Etat ne fait pas tout en la matière, c'est ce qui justifie, par exemple, les quêtes de rues et les troncs que vous verrez bientôt apparaître pour le Bleuet (il est possible d'aider le Bleuet toute l'année).
Certes, depuis, bien des choses ont évolué depuis l'Afghanistan. L'actuel ministre a intégré dans le périmètre de la CNMSS (sécurité sociale militaire) le financement des prothèses, mais cela ne couvre qu'une partie de la dépense de la blessure de guerre. Certes, le même ministre a, aussi, fait construire une maison des blessés à Percy. Mais là encore, ce n'est qu'une partie du problème.
Pour ma part, je n'ai entendu un blessé se plaindre qu'on évoque trop son cas, les péripéties administratives, le regard des Français, sur un membre qui manque, un visage ravagé par l'effet de la guerre, ou encore, la souffrance de la blessure psychique.
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