Julia Maris et Jean-Michel Palagos forment un couple professionnel atypique à la tête de DCI. Rien
d'étonnant donc, que leur premier livre écrit à quatre mains (Diriger en ère de rupture, brouillard et solitude, Ed Hermann, 16 EUR) soit de la même veine.
Le coeur de leur livre est l'analyse du désastre de Louvois (1), qu'ils ont connu lorsqu'ils étaient au cabinet Le Drian. Le livre n'est pas une pique pour empiler les têtes
responsables : aucun nom d'acteur du dossier, ni même une évocation en
creux (ce qui pourra décevoir ceux qui attendaient plus sur ce point).
C'est que cette autopsie d'un échec annoncé -Julia Maris cible l'absence d'écoute "des signaux faibles"- n'est pas un livre sur Louvois : ils en démontent la mécanique... pour illustrer les sept erreurs communes dans la prise de décision.
Des erreurs qu'on retrouve partout ailleurs, lors de changement d'organisation... ou de systèmes d'information et de pilotage.
Pour s'en prémunir, le duumvirat à la tête de DCI travaille tout à deux têtes, en continu. Un mode de fonctionnement contraignant, puisqu'il oblige à un reporting mutuel quotidien.
Avec plus d'expérimentation et de participatif, l'opérationnel peut aussi être enrichi... pour autant que les intéressés aient la certitude qu'ils peuvent apporter une pierre, ou un moellon à l'édifice.
Une démonstration, non écrite dans le livre : les deux dirigeants souhaitaient injecter de l'actionnariat salarié dans DCI. En travaillant le sujet avec les intéressés, il s'est avéré plus rentable d'améliorer l'existant (un plan d'épargne entreprise) que de prendre le risque -et les coûts afférents- de l'actionnariat salarié. Mais la prise de parole n'est intervenue qu'après les propres réserves émises en réunion par le directeur général.
Autre exemple : un peu à l'étroit au terme d'une expansion continue dans ses murs, DCI va déménager : à l'entrée, une boîte à idées, qui doit avoir réponse, recense les interrogations des salariés, qui seront désormais informés sur un cadencement régulier sur la progression du dossier.
Une boîte atypique, on vous dit : son comité exécutif est paritaire (F/H), et le ministre vient de remettre le deuxième prix de l'action solidaire initié par le groupe. Le recrutement a aussi évolué : à la tête d'Airco, un ancien général a été remplacé par... un ancien colonel.
Dans une brasserie parisienne, le binôme dirigeant de DCI, ce matin. (Photo JMT)
(1) ceux qui découvriraient ce désastre (ou ce blog), au retour d'un séjour prolongé hors du "progrès" peuvent en trouver quelques éléments sur ce blog, depuis 2011 ici.
Mes tweets d'actu et reportages sur @Defense137.
Mon dernier livre : Commandos du Ciel, préface du général André Lanata
(Editions JPO).