Souvenez-vous, c'était il y a un an, à l'amphi Foch : des militaires et tous grades et horizons s'exprimaient à peu près sans retenue sur les opérations auxquelles ils avaient participé, quelques mois plus tôt, en Libye et en Côte d'Ivoire. A l'époque pas tout à fait appréhendé comme une victoire, l'Afghanistan avait failli rester sur le bord du chemin, mais avait quand même été invité. Un sergent du CPA 20 avait pu, dans le temps imparti, parler de son travail de FAC en Afghanistan.
Le ministre d'alors avait évoqué l'idée d'en faire un récurrent, mais il n'a pas survécu à l'alternance gouvernementale, et son colloque semble avoir suivi le même destin funeste. Aucun des multiples centres, instituts et directions habitant l'école militaire ne semble avoir poussé non plus l'idée.
Un colloque consacré aux opérations, si on avait eu la bonne idée de le pérenniser, aurait eu tout son sens cette année, surtout effectué en novembre. D'abord il aurait signifié aux militaires de terrain que leur parole nourrie d'expériences pouvait parvenir jusque dans un amphi parisien et raconter la réalité des opérations comme elle est.
Puis il aurait éclairé pendant une journée les membres de la commission du livre blanc, dont tous ne suivent pas forcément avec acuité l'actu de défense, faute de temps. Pour les 60% de nouveaux députés de la commission de défense, c'était aussi une session de rattrapage sur une journée, donc pas du temps perdu.
Mais, m'objecte-t-on, de quoi aurait-on donc bien pu parler dans ce colloque de 2012, car on n'a pas guerroyé en 2012 comme en 2011 ?
Certes, on n'aurait pas eu une affiche hollyowoodienne, mais il y aurait eu de quoi populariser des missions intérieures bien mal connues -la contribution de l'armée de l'air aux missions de sécurité générale et de police judiciaire, la lutte contre les trafics en mer-, tout en balayant les retex, en faisant un point sur l'effet des urgences opérations, en parlant du Liban ou de la lutte contre les pirateries, trappés dans le colloque 2011. Ou encore de la chaîne d'évacuation sanitaire, ou les raisons de la réussite de l'opération logistique en cours en Afghanistan : il faut le faire, avant que le quai d'Orsay ne s'en attribue le mérite.
Bref, pas un exercice insurmontable à organiser.
Sur les dizaines de colloques qui agitent l'intelligentsia de la capitale chaque année, au moins celui-ci aurait mérité de survivre, car c'est finalement l'illustration la plus évidente de la mission de la Défense : servir.
Post-scriptum : cela n'a presque rien à voir avec ce qui précède, mais Jean Guisnel a commis un post ce midi, dont je recommande la lecture ici. Des nouveaux pas dans la "valse" sont d'ailleurs à attendre.