dimanche 31 mai 2009

La Belgique va doubler son aide civile en Afghanistan

L'aide civile de la Belgique à l'Afghanistan va passer de 7 à 12 millions d'euros (1) a annoncé le premier ministre belge qui profite du long weekend pour visiter ses troupes en Afghanistan. Ce chiffre, rappelé par le site www.rtlinfo.be, s'appliquera en 2009 et 2010. Herman Van Rompuy a également cité le chiffre du coût de la guerre pour son pays: 48 millions d'euros. 527 militaires belges opèrent en Afghanistan, en cette fin mai : bientôt une vingtaine de plus seront déployés en soutien, et quatre autres intègreront les écoles de formation de l'ANA à Kaboul et Mazar-e-Sharif.

(1) Pour la France, ces chiffres sont de plus de 200 MEUR pour le coût de la guerre, et de 11 MEUR pour l'aide civile, en 2008. En 2009, l'aide civile va quadrupler, rappelait récemment au Sénat Pierre Lellouche, à 40 MEUR, puis entre 60 et 100 MEUR pour les années suivantes.

DRAC : catapulte, campagne djiboutienne et livraisons

La STAT (section technique de l'armée de Terre) a effectué une campagne temps chauds, la première, du DRAC, courant mars-avril, à Djibouti. L’armée de Terre a notamment testé une catapulte proposée par EADS, apparemment trouvée en Grande-Bretagne. Le DRAC avait déjà effectué une campagne temps chaud, mais aux mains de l’industriel, dans la perspective de sa vente à des forces spéciales du moyen-orient. D'aucuns estiment que le déploiement du DRAC est désormais imminent, certains évoquant même le mois d'août.
Par ailleurs, une méthode d'entraînement par recours à une sorte de savoyarde traînant le drone a été développée pour limiter la casse au lancement.
Enfin, la date de livraison du deuxième batch de DRAC français est enfin fixé : ce sera en novembre 2009. Les 35 systèmes seront ventilés dans les unités de renseignement brigade (URB), qui sont déjà toutes dotées, depuis le mois d’août 2008. La brigade des forces spéciales Terre (BFST) devrait aussi être dotée à cette occasion.

Notre photo : le DRAC, évidement pas à Djibouti, mais vraisemblablement lors de la formation des premiers opérateurs, au 61e RA, début... 2008, il y a donc plus d'un an. (crédit EADS D&S)

Rémi, le SAS français avec la 6e airborne

Rémi avait 85 ans en 2004 quand je l'ai rencontré, à côté d'un Canadien, d'une résistante, et d'un ancien soldat allemand. Mobilisé en 1940, à 21 ans, alors qu'il sort de HEC, il est versé, fin 1940, dans l'armée d'armistice comme sous-officier de cavalerie. Puis démobilisé le 30 août 1941, car il est juif. Son père décède trois mois plus tard. Plus rien ne le retient en France, il transite par l'Espagne et le Portugaln, après avoir franchi les Pyrénées en février 1942. Trois mois pour traverser l'Espagne et Rémi arrive à Londres le 5 mai 1942, via Lisbonne et Gibraltar. Il suit le cours des Cadets de la France Libre, puis une formation d'officier parachutiste en Ecosse, à Spean Bridge, près de Fort William. Versé dans les SAS français, "par hasard", où par sécurité, il prend le nom britannique de "Plowright" dit Daniel, son deuxième prénom. Son frère, arrivé avant lui a retenu le même surnom, avec John pour Prénom. Il est sous-lieutenant. Il sera le premier para de son unité à arriver en France (le 3rd SAS n'arrive que le 15 juillet pour la mission Dickens).

« J'ai été désigné officier de liaison auprès de la 6e Airborne britannique car j'étais bilingue français-anglais. J'ai quitté mon unité, le 3e SAS, le 4 juin alors que nous étions encore en Ecosse. Je n'aurais jamais dû participer à un tel évènement. Evidemment, avec le recul, je suis content d'avoir vécu tout ça.
"On a l'impression qu'on est invincible"
« Il faisait un temps convenable. Un peu couvert mais convenable. La chasse anglaise pouvait ainsi patrouiller. Et de mémoire, je n'ai pas vu un avion allemand le 6 juin. Le problème, ce jour-là et ceux qui ont suivi, c'et que la logistique ne suivait pas assez vite. Si vous avez 15 ponts ou 15 croisements à défendre, il vous fait autant de chars ou de canons anti-char. Et tout ça manquait. C'est notamment pour cela que les Britanniques et les Canadiens se sont arrêtés devant Caen, faute de matériel en assez grand nombre, au sol.
« Ce qui m'a le plus frappé le 6 juin, c'est le départ de Grande-Bretagne. Quand on a fait partie des convois de 300 planeurs tirés par 300 bombardiers quadrimoteurs, qui survolent 5.000 bateaux, protégés par 1.000 chasseurs, on a l'impression qu'on est invincible. Les difficultés sont apparues ensuite car rien ne s'est passé comme prévu. Mais cela aurait été pire si les Allemands avaient riposté très vite. Ce qui n'est pas arrivé, heureusement pour les Alliés, et les Français qu'ils venaient libérer. »
« Mon impression générale, encore dans ce planeur Horsa, était que rien ne semblait pouvoir arrêter cette fantastique machine alliée. Des Français, en Normandie, en Bretagne, participaient à cette machine, c'était enthousiasmant. Mais il fallait garder en tête que tous les Allemands n'étaient pas de farouches nazis. Nous en cotoyions plusieurs, en Angleterre. Et nous rêvions d'une Allemagne pacifiée, sans nazis. J'avais l'impression que cette journée allait permettre à l'Allemagne d'avoir un visage humain. »
« Pour autant, on faisait la guerre sans état d'âme, en 1944. On faisait la guerre à des affreux, les nazis, pour en débarrasser la France , puis l'Europe. C'était une guerre pour une bonne et juste cause. Pas forcément comme on fait la guerre aujourd'hui. »
« L'objectif du 3e SAS, mon unité d'origine, était de couper en deux la France du du sud au nord, de la Rochelle à Belfort, pour freiner l'arrivée des troupes allemandes venant du sud. Cette unité était commandée par Conan. »
Rencontre avec les Kieffer boys
« Notre planeur, a atterri dans l'après-midi du 6, vers 18 heures, entre Ranville et Troarn. Nous étions une dizaine seulement (NDLR contre la trentaine habituelle) à bord avec les deux pilotes, car nous apportions du matériel à la première vague. Mais je ne me souvient plu très bien si c'étaient des vivres, des munitions, ou des armes. Le matériel était stocké dans la première moitié du Horsa, au niveau du centre de gravité, et nous, nous étions à l'arrière. il me semble que quand le planeur a atterri, nous sommes sortis par l'arrière. Nous avons bien fait de ne pas perdre de temps car le Horsa qui nous suivait a manqué son atterrissage. »
« Ce jour-là, nous avons eu peu de contacts avec les Allemands, car la première vague, larguée dans la nuit, avec fait l'essentiel du travail. Cependant, ca continuait à tirer encore. De plus, ma fonction d'officier de liaison m'empêchait de facto de m'exposer, dans la mesure du possible, au feu ennemi. Je devais patrouiller avec une équipe entre nos lignes et celles des allemands, pour acquérir des renseignements, notamment auprès des civils. Pas vraiment la mission pour laquelle nous, SAS français, nous avions été formés, mais c'était corsé. Et potentiellement dangereux. Donc, évidemment, ne ne regrette pas du tout d'avoir pu remplir cette mission, et d'avoir participé à un jour aussi historique. »
« Le 7 ou le 8, j'ai rencontré d'autres français, ceux du commando Kieffer. J'avais entendu parler d'eux en Angleterre, mais je crois que c'était la première fois que je les voyais. Ca a été très rapide, tout le monde était très occupé.
"Le 6 c'était encore tangent"
L'absence totale de l'aviation allemande dans le ciel a donné une confiance formidable chez les Canadiens et les Britanniques. Ces derniers, par la suite, n'ont pas eu le travail le plus facile car ils ont libéré le 76, la Somme , le Nord et le Nord Pas-de-Calais, puis la Belgique et le Luxembourg. A quelques kilomètres de nous, des Belges avaient libéré le pont de Trouville, sur la rivière Touque. C'est devenu depuis le "Pont des Belges".
On pensait pas vraiment à l'échec. Le succès, certain, nous est apparu au bout de deux à trois jours. Mais le 6, c'était encore tangent. En fait, on ne s'attendait vraiment pas à ce que les Allemands réagissent aussi tard. C'est notamment parce que l'aviation et la résistance avaient détruit, et continuaient à harceler les noeuds de communication, les convois routiers, les concentrations de troupes. Et c'était aussi le succès des opérations d'intoxication effectuées par les Alliés, pour faire croire que le débarquement aura lieu pour de bon dans le Pas-de-Calais, la Normandie n'étant qu'une diversion.
Je n'ai su qu'après le travail formidable que nos camarades du 4e SAS avaient effectué en Bretagne, et qu'ils continuaient encore.
Par la suite, j'ai retrouvé mon unité en Grande-Bretagne, puis j'ai été parachuté sur la Bourgogne le 15 août (missions Harrod et Barker, du 12 août au 4 septembre). J'étais sur la RN 6 que l'on a coupée à la circulation, entre Châlons et Macon. On tendait des embuscades pour déranger leurs axes routiers. N'oubliez pas que le 15 août, les Allés avaient débarqué en Provence. Je suis content d'être là, de témoigner auprès des jeunes, mais je n'ai vraiment pas la mentalité de certains anciens combattants qui portent ostensiblement la médaille.

Nos photos : Rémi, devant la réplique d'un planeur Horsa construite à l'époque, pour les 60 ans du DADAY, au musée de Ranville (par ailleurs richement rempli). Le même, encadré de vétérans américain, canadien et, à sa gauche, allemand. (crédit JMT).

Paras commandos contre pirates

Il n'y aura pas de forces spéciales belges pour embarquer sur les navires de commerce belges croisant au large de la Somalie. Thierry Charlier l'apprend aux lecteurs de Raids ce mois-ci. Ce sera bien 115.000 euros la passe, dans un sens ou dans l'autre, comme ce blog l'évoquait il y a peu, mais par contre, c'est le 2 CODO de Flawinne qui fournira les équipes de protection. Trois équipes de huit hommes sont prêtes à partir, révèle Charlier et sont en fait déjà à l'oeuvre, dans le cadre d'une période d'essai, jusqu'à fin juin. Sept à huit équipes pouraient alors être déployées, au large. Notamment à bord de la frégate Louise-Marie, qui intègrera l'opération Atalante en septembre, mais aussi à terre, à Djibouti, Dubaï et Mombasa.
On ignore s'il a été fait appel aux commandos marine français pour former ces équipes, possibilité qui avait été évoquée il y a quelques semaines.

samedi 30 mai 2009

Caméras belges

César disait des Belges qu'ils étaient les Gaulois les plus courageux. En Afghanistan, les Belges sont aussi... de plus en plus nombreux ! C'est ce qu'on constate en lisant la livraison de juin du magazine Raids, dans un article documenté de Thierry Charlier, soigneusement illustré comme de raison. Le même avait déjà signé un document sur les forces spéciales belges au Tchad...
Son papier nous apprend que les Belges qui doivent engager une OMLT, a priori dans le Nord, n'excluent pas, pour les trois mandats suivants de six mois, de s'engager au Sud, où tout est plus compliqué. Les Belges le savent bien, c'est là qu'opérent leurs quatre (bientôt six, à l'été) chasseurs F-16. Charlier revèle aussi que pas moins de trois caméras captent les missions des pilotes belges, prévention sans doute pour couper court aux éventuelles polémiques.
En moyenne, ces chasseurs effectuent quatre sorties quotidiennes, révèle l'auteur, sans s'engager sur le nombre de tirs, tabous en Belgique. Leurs pilotes sont, comme les nôtres, extrêmement jeunes : entre 25 et 35 ans, avec pour bagage entre 500 et 3.500 heures de vol.
Tout compris, les Belges sont actuellement 471 en Afghanistan, auquel il faudra bientôt ajouter un renfort à Kandahar (supplément F-16) et dans le Nord (60 à 70 OMLT)

PS : j'en profite pour saluer un des artilleurs belges lecteur de Raids que j'avais croisé en novembre, à Kaboul, ainsi que les pilotes et mécaniciens rencontrés à Kandahar, à la même époque. Et évidemment, mes lecteurs belges, régulièrement deuxième population étrangère de ce blog, après les lecteurs états-uniens.

Pour les gendarmes, l'Afghanistan commencera à Rochefort

C'est dans des temps record et à Rochefort, en bordure de Charente, que les quelque 150 gendarmes partant pour l'Afghanistan seront formés. Cette formation, dont on sait encore peu de choses sinon qu'elle comprendra notamment et sans surprise une part importante consacrée aux risques du théâtre (modes d'actions des insugés, comme les IED, duplicité d'une minorité de policiers de l'ANP), débutera courant juin, les gendarmes, eux, rejoignant le pays en septembre-octobre. Contrairement à l'armée de Terre qui étale sa formation sur près de six mois, la gendarmerie fera dans le dense, sur moitié moins de temps.
Des gendarmes, notamment ceux de l'escadron para -EPIGN, désormais inclus dans le GIGN dpeuis le 1er septembre 2007- avaient été déployés, à plusieurs reprises par le passé, à Kaboul, en protection. Actuellement, des gendarmes formés aux techniques d'identification criminelle (TIC) sont aussi utilisés par les GTIA pour le recueil d'indices lors des opérations ou lors de mise à jour d'IED. Au moins une gendarme est aussi déployée sur le théâtre en renfort santé.

Le 6-juin de TF1

Jean-Claude Narcy lève un peu le voile sur ce que sera l'émission spéciale du 6-juin, pour la venue de Barack Obama et la célébration des 65 ans du débarquement allié en Normandie. Dans le TV magazine du jour, il révèle que la une tiendra l'antenne pendant trois heures, et qu'une douzaine de caméras seront implantées pour suivre les deux présidents de bout en bout, jusque dans le cimétière de Colleville.
Consciente de l'enjeu, la Défense n'a pas ménagé ses efforts, jusqu'à mobiliser, pour des "repérages" du présentateur le Dauphin de service public de Cherbourg.

Complément de 22 heures : les cérémonies se dérouleront de 14h30 à 16h30, et le déplacement des présidents serait protégé par 2.000 policiers et gendarmes, apprenait-on ce soir au JT de... TF1.

Trois SAS, trois missions

On l’oublie souvent, les premiers parachutistes à avoir mis les pieds sur le sol français, la veille du D-Day, furent français. La question de savoir si on les oublie, parce qu’ils étaient paras, ou parce qu’ils atterrirent en… Bretagne, un coin particulier de France comme chacun sait, n'étant pas encore définitivement tranchée. La raison étant sans doute que ces paras du special air service (SAS) avaient été formés à l'anglaise et étaient sous commandement anglais en juin 1944.
Dans un souci de perpétuation de leur mémoire, et à l'instar de la série commencée avec les 177 de Kieffer, vous découvrirez dans les jours à venir trois histoires que j'avais pu recueillir en 2004. Trois humbles, trois trajectoires d'exception.
Georges était arrivé le premier des trois, le 5 juin, avec 35 autres paras SAS (4e SAS, futur 2e RCP). En 2004, son histoire m’avait été contée par celle qui le connaît le mieux Marie-Claire, et pour cause, mais lisez plutôt :
« Les SAS ne sont prévenus que la veille du départ, le 4 juin. Et ils sont évidemment soulagés de partir. Ils ont vraiment été contents d'avoir été choisis par les Britanniques. Et de partir les premiers. »
« Pour qu'on ne les repère pas, leurs deux Stirling se sont mêlés à d'autres bombardiers qui devaient attaquer Saint-Nazaire, le soir du 5. Ils étaient 36 parachutistes en tout, divisés en deux « sticks », répartis de façon à ce que la mission soit effectuée, même si un des deux avions étaient abattu. »
« L'avion de Georges a d'abord largué un demi-stick sur le Morbihan, puis sur les Côtes du Nord. En fait, ils ont été parachutés par erreur sur la forêt de Duault (Côtes du Nord).
« En arrivant, il a coiffé un arbre avec son parachute. Ils avaient un sac ("kit bag") extrêmement lourd à porter, et très volumineux. Pour qu'il entre dans l'avion, on avait dû le pousser. Il était le seul à porter un poste radio complet, les autres avaient seulement des morceaux sur eux. Une fois que Georges s'est libéré de sa branche, il acreusé un trou avec sa pelle pour y camoufler le parachute, recouvrant le tout de feuilles. Avec sa boussole, il a cherché, de nuit, le point de rendez-vous car il était complètement isolé. Il a laissé passer un paysan avec sa charrette. Des chiens, allemands ou errants, sont venus rôder, mais il n'a pas été détecté.
« A l’aube, il a retrouvé son lieutenant, Botella, (NDLR, qui combattra à Dien-Bien Phu dix ans plus tard, comme l'autre radio, Bailly). Finalement, ils se sont tous installés dans la forêt de Duault (lieu dit Ty-Coz, NDLR) pour établir la base codée "Samwest". Ils ont rapidement reçu des parachutages dans une clairière dégagée : c'était essentiellement des armes, pour équiper les maquis. Ils n'avaient pas vraiment autre chose, alors qu'ils n'avaient été parachutés, au départ que pour huit jours. Au bout de 15 jours, ils trouvaient le temps très long, au bout de trois semaines, c'était horriblement long. N'oubliez pas que contrairement à la Normandie, ils étaient coupés de tout, avec pour seul lien la radio avec l'Angleterre. »
Autour du 20 juin, Marie-Claire et Georges se rencontreront pour la première fois, la jeune fille ayant proposé d’aider au codage et au décodage des messages radio…
On l'aura compris, le SAS et la résistante ont ensuite suivi le même chemin, une fois la guerre finie.

Notre photo : la couverture de la nouvelle édition du livre de David Portier, jeune auteur d'une incroyable histoire des SAS, en 2004. Sa version actualisée peut être commandée en souscription sur son site internet, d'une grande richesse également (http://lerot.org/FFLSAS). David Portier avait commencé son travail de recherche en retrouvant une photo en noir et blanc d'un para SAS et d'un résistant breton...

vendredi 29 mai 2009

Lanvéoc : tout le monde sur le pont

La location d'EC225 par la marine, révélée par la livraison du magazine Air & Cosmos, la semaine dernière, ne règlera pas tout. Il faudra en effet trouver des équipages pour armer ces appareils que de récurrents bruits de coursive évaluent à deux, voire trois machines, la troisième servant notamment à l'entraînement au contre-terrorisme maritime (CTM). Les appareils, qu'il reste à trouver, arriveraient à Lanvéoc fin novembre, début décembre, signant ainsi la fin définitive du Super Frelon dans la mission SECMAR.
Dix équipages seraient nécessaires, dont la majorité -relative- serait fournie par la marine, l'EH 1.67 "Pyrénées" de l'armée de l'Air, et, surprise, le détachement ALAT des opérations spéciales (DAOS), qui apporterait un équipage. Le DAOS avait déjà failli servir Lanvéoc en fin d'année, astreinte dont il avait été sorti puisqu'il partait pour l'Afghanistan.
Ce serait donc la deuxième mission conventionnelle attribuée au DAOS, unité relevant du COS qui n'effectuait pas, jusqu'alors, d'autres types de mandat.
Des observateurs très fin du landerneau y voient déjà le baptême du feu de la cellule de coordination des hélicoptères, placée au CPCO comme embryon du futur commandement interarmées des hélicoptères (CIH). Une cellule interarmées de coordination (CIC), placée auprès du COMALAT, avait déjà, depuis plus de trois ans, commencé à standardiser les procédures entre aviateurs et alatiens, permettant une exploitation commune du Puma au sein du groupe interarmées d'hélicoptères (GIH), soutien aéromobile du GIGN.
Comme le constate un membre de la confrérie des hélicoptéristes, "il n'y aura pas d'accalmie d'ici 2012 sur le front des hélicoptères". Navigation à vue en perspective...

JPO sans tirs à blanc

Les journées portes ouvertes (JPO) du 1er RPIMa, ce weekend, se dérouleront sans tirs à blanc (1). Mais aussi et apparemment, sans présentation en vol du Tigre et d'extraction en grappe. Des parachutistes pourront cependant offrir une descente spectaculaire en parachute vers la citadelle Bergé. Le régiment n'était pas joignable, ce soir, pour détailler la liste des limitations apportées au programme habituel de ce genre de manifestation. Qui sont clairement des conséquences de la fusillade de Carcassonne, affaire toujours à l'instruction : 17 personnes avaient été blessées par le tir d'un FAMAS, au 3e RPIMa, en juin dernier.
Les consignes de sécurité de tir, et sur la gestion des munitions "bonnes de guerre" avaient bien été données et appliquées après cette tragédie, mais les limitations restent imposées, y compris au 1er RPIMa, régiment d'élite de l'armée de Terre. Au public non initié, en tout cas, puisque lors de la présentation PCTAM, à Mourmelon, à l'automne, des tirs à blanc avaient été effectuées, en présence d'un nombreux public d'attachés militaires et de d'auditeurs du CHEM, de l'IHEDN et du CID.

(1) Pour l'anecdote, les munitions à blanc sont fournies depuis peu par la firme israélienne IMI.

Ajout du 30 mai à 9 heures alors que commence la JPO : la présentation d'aéronefs face à une foule est très réglementée dans l'armée de Terre (dans l'armée de l'air aussi, mais apparemment pas dans les mêmes limitations) et la topographie de la citadelle Bergé n'autorise donc pas, aujourd'hui, l'action d'hélicoptères, qu'il s'agisse du Tigre, ou d'extractions en grappe par le Caracal, dans le cadre d'une JPO. Ceci malgré des précédents anciens, ou des présentations ALAT lors de JPO dans les RHC, qui ne sont que des cas particuliers.
Ce n'est donc pas la conséquence de Carcassonne, dit-on. Pas plus que l'absence de tirs à blanc, désormais interdits dans l'armée de Terre lors de présentations au public. Depuis le mois de juillet 2008.

Bourget : avec drone et patio mais sans F-22

Le salon du Bourget, qui ouvre ses portes le 15 juin, aura sa "vedette américaine", avec les premiers vols d'un minidrone, le Camcopter de l'Autrichien Schiebel. Mais la présence du F-22 américain, annoncée un temps, semble désormais exclue, l'US Air Force ayant d'autres chats à fouetter. (1)
Le Camcopter a été qualifié il y a quelques semaines au centre d'essais en vol (CEV) d'Istres en deux vols seulement. Un troisième a été réalisé au profit de DCNS (et, dit-on, Thales), pour d'éventuels clients. Le Camcopter a déjà été utililisé par DCNS pour des essais d'appontage automatique, en rade de Toulon. Ce genre de vecteur pourrait jouer un rôle dans le cadre de la lutte contre la piraterie, même si son endurance reste faible.
L'armée de l'Air, qui fêtera ses 75 ans quinze jours après, sera mise en valeur dès l'entrée du salon dont elle assure la protection avrec Epsilon, Mirage 2000, guets à vue et Fennec Masa. Ce dispositif particulier de sûreté aérienne serait le plus important de l'année, puisqu'il s'inscrit dans la durée, contrairement à la "bulle" érigée autour de Barack Obama, le 6 juin, en Normandie.
Pour la première fois, Dassault Aviation ne présentera pas en vol d'aéronefs militaires, le Rafale étant mis en oeuvre par l'armée de l'Air.
Les talents aéronautiques -ALAT et aéronautique comprises- du ministère de la Défense et de l'industrie française seront mis en valeur dans un "patio" dédié, présenté jeudi par Laurent Teisseire lors du point presse hebdomadaire.
On ignore encore si le président de la République inaugurera ou pas le salon : vu les enjeux commerciaux qui le sous-tendent, et la passion qu'il nourrit pour l'aéronautique, la question ne semble même pas se poser. Surtout si des contrats étaient, pour l'occasion, signés.

(1) Ajout du 31 mai, 00h41 : on annonce l'arrivée de F-22 en Asie en réponse aux tirs à répétition de missiles nords coréens. Peut-être un lien avec le report de participation au Bourget...

"Le commandant Kieffer était le plus courageux d'entre nous"

Francis Guézennec a toujours préféré l'ombre à la lumière. Un des 177 commandos français de Ouistreham, il a livré son dernier combat quelques mois après le 6 juin 2004 qui l'avait vu recevoir la Légion d'Honneur. Ce Breton n'avait qu'une obsession : transmettre cette mémoire, que je partage avec vous. Le récit qui suit est la transcription intégrale d'un des entretiens que j'avais eus avec lui en 2004. D'autres suivront, dans les jours qui viennent, à l'occasion des 65 ans de débarquement.

"Le Commandant Kieffer s'était battu pour qu'il y ait des Français dans les unités de commandos. Cela n'avait pas été simple à l'époque. Dès 1942, une cinquantaine de FFL avaient intégré ces unités. Puis il y a eu une deuxième vague d'arrivée, avec les 1ers et 2e bataillons de fusiliers marins (BFM) venus du Moyen-Orient. Puis les derniers arrivés furent le peloton Amaury, le tout étant regroupé d'abord en deux troops de 75 hommes au X Commando interallié, puis au sein du 4 Commando, celui de Ouistreham, avec deux troops et une section de "K gun" (mitrailleuses d'aviation, ndlr) commandée par le Lieutenant Amaury, à laquelle j'appartenais.
Le bagpipe de Bill Millin
La 1ère brigade spéciale était commandée par Lord Lovat, et comprenait les 3e, 4e (Lcl Dawson), 5e, 6e, 45e (Royal Marines) et 46e RM commandos.
Le 27 mars 1944, nous montons à Nairn, en Ecosse, pour des essais de débarquement depuis des barges. Pour redescendre dans le sud de l'Angleterre, jusqu'au 25 mai. Arrivés à la gare de Bixhill, nous avons été regroupés avec d'autres unités dans le camp de Titchfield. Là, on nous a montré des photos aériennes, des cartes muettes, des plans pour les assauts. Certains ont très vite compris qu'il s'agissait de la Normandie. Il s'agissait bien sûr de nos propres Normands, mais aussi des Parisiens qui avaient pu passer des vacances dans cette zone avant la guerre.
Pour nous faire attendre, on nous passait des films de cinéma, et évidemment, de propagande. C'était dur d'attendre, d'attendre encore, d'attendre toujours. On avait une certaine pression parce qu'on savait qu'on n'allait pas à la noce. On savait de la même manière qu'il y aurait forcément des pertes. On envisageait jusqu'à 50% de pertes, chacun pensant évidemment que lui s'en sortirait, et que ca tomberait malheureusement sur les copains.
Le D-DAY aurait dû intervenir le 5 juin, mais une tempête en a décidé autrement, reportant le débarquement de 24 heures.
Dans l'après-midi du 5, nous montons dans des camions bâchés vers le port de Warsash. Nous sommes dans un espèce de champ surplombant les deux barges, la 523 qui embarquera la troop 1 et la section des "K Guns". Dans ce champ, le sonneur de Lord Lovat, Bill Millin jouait de la cornemuse.
La Troop 1 était commandée par Vourc'h, la 8 par Lofi, et la section des K Guns par le Lieutenant Amaury.
J'ai toujours été accroché au lieutenant Amaury depuis mon arrivé en Angleterre en 1942. Je l'avais suivi au peloton moto, puis chez les commandos.
Ces K Guns avaient une importante cadence de tir, à près de 1.000 coups par minute. Le DDAY est leur première utilisation comme arme terrestre. Auparavant, c'est dans l'aviation ou la DCA qu'on les utilisait, jumelées par deux.
"Saoulés par le mouvement de la mer"
Vient le moment d'embarquer. Nous donnons notre ticket d'embarquement, comme pour le bus ou le train, et nous montons à bord. Ce sont des petits bateaux, en forme de vedettes, avec deux ponts et deux passerelles vers l'avant, pouvant contenir 100 personnes. On les appelais les "LCA small". Le départ a dû intervenir en fin d'après-midi, je dirais 17 h.
On a rejoint l'Ile de Wight, puis on a emprunté "Picadilly Circus", naviguant toute la nuit, doublant le gros du convoi pour arriver en tête en face de la zone britannique codée "Sword" (NDLR « épée »). On était saoulés par le mouvement de la mer car on n'était pas ammarinés. On tient mal la toile, dans ces cas-là (Rires). Donc, les gens ne sont pas exubérants, dans ma barge. Ils sont plutôt calmes. On a une pensée pour la famille, c'était comme ça. On était contents de revenir en France : certains l'avaient quitté, comme Léon, en 1940. D'autres n'avait jamais vu le territoire métropolitain, parce qu'ils venaient de l'outre-mer.
On savait que même si on était pas attendus en Normandie, qu'il y aurait forcément une réaction à l'arrivée.
Les "fumi" du "Lorraine"
La météo était vraiment mauvaise en mer. Bien avant de débarquer, le 6, on avait eu une sorte de breakfast. J'étais plutôt barbouillé, comme la plupart.
Le groupe aérien de la France libre "Lorraine" a lancé les fumigènes, pour couvrir l'arrivée des barges. Puis les bateaux touchent, les passerelles sont lancées. On descend, en file indienne. J'ai eu l'impression qu'il y avait 100 mètres à découvert à parcourir. C'et alors que ça a commencé à tomber, alors que jusqu'à maintenant, il n'y avait pas vraiment eu de réaction allemande. Obus d'artillerie, mortier, mitrailleuses, fusils : tout ce qui pouvait tirer chez les Allemands tirait.
Autant on était sous tension sur le bateau, autant là il y avait urgence à dégager, et rapidement.
Un des passerelles de la barge 523 a été endommagée par un obus, donc la 527 s'est mis à couple pour permettre de continuer à débarquer. On monte rapidement vers la dune, et à 20 mètres derrière moi, le commandant Kieffer est touché par une balle, à la cuisse. Ca ne l'empêche pas de continuer. Il réussira ensuite à marcher sans trop de difficultés, mais il ne pouvait plus courir pendant très longtemps. C'est quelqu'un de courageux, le commandant.
On avait des bengalore torpedoes pour détruire le réseau de barbelés, mais elles sont introuvables à ce moment-là. On va donc perdre de précieuses minutes, sous le feu, à couper à la cisaillle les barbelés. Tout ça pour se retrouver dans ce qui était annoncé comme un champ de mines. Toujours pas de bengalores, donc nous sommes passés à la queue-leu-leu et par chance, rien n'a explosé. C'était peut-être des mines antichars, peut-être n'y avait-il rien du tout, en fait.
Nos sacs pesant 30 à 40 kg, on les a laissés dans une colonie de vacances, à Colleville-Montgomery (baptisée ensuite Montgomery), pour être plus légers, donc plus mobiles.
Par la suite, on saura que la troop 1 a eu beaucoup de blessés, de morts, perdant tous ses officiers. Il y a eu un léger temps d'arrêt, puis la section des K Gun est partie la première, pour ouvrir le passage car nous étions les plus lourdement armés. Nous avions débarqués à 2,5-3 kilomètres du canal à peu près. C'était une des points les plus faibles de la défense allemande et nos plans prévoyaient de les prendre à revers dans Ouistreham même, où ils avaient de quoi se défendre. Ce faisant, nous évitions le tir frontal de leur artillerie, de leurs mitrailleuses. Mais pour que ça réussisse, il fallait que nos barges arrivent précisément au bon endroit, ce qui fut le cas, et donc, les pertes ont été limitées sinon cela aurait été un carnage, celui que nous redoutions. On a perdu quand même plein de copains, malgré tout.
Puis nous sommes passés à l'attaque, vers la gare de Ouistreham. A un moment, on aurait dû bifurquer vers la mer mais on a continué tout droit, sur un kilomètre à peu près. Le tout, sans tirer un seul coup de fusil. Quand le Lieutenant Amaury a compris qu'il avait dépassé l'objectif, on a tourné à l'hôtel du cheval blanc (existe toujours en 2004). Il y a eu plusieurs tués, dont Lamoigne, originaire des Côtes du Nord, et le Lieutenant Hubert (ndlr : qui donnera son nom à un des futurs Commandos).
Sniper allemand
Puis les deux troops et la section de K Guns se rejoignent, dans la zone du casino, qui a été pris, encore grâce au courage du Commandant Kieffer, qui malgré sa blessure, a eu le culot d'aller chercher deux chars.
Le commandant était le plus courageux d'entre nous. Né en 1899, il avait donc plus de 44 ans en 1944 alors que nous, nous étions jeunes et inconscients.
Puis nous sommes revenus sur la route de Lion, où il y a eu beaucoup de morts et de blessés parmi les Britanniques car les Allemands avaient réagi dans l'intervalle, alors que nous, nous étions occupés pendant près deux heures par l'assaut sur le casino. On a récupéré nos hull sacs et nous sommes partis, à pied, pour Saint-Aubin, puis Pegasus Bridge. Problème, il y avait un sniper allemand dans le clocher de Bénouville : c'est là que le lieutenant Amaury est blessé. Le pont avait été pris dans la nuit par le major Howard et ses hommes, mais les Allemands tenaient encore le pont en joue. On l'a passé puis on s'est dirigés vers Amfreville, où nous sommes arrivés vers 19 heures. On avait fait à peu près 12 km à pied : la distance, à 800 mètres près, effectuée lors de l'arrivée au camp d'entraînement d'Achnacarry, en Ecosse.

Nos photos : le monument des Commandos, sur le front de mer, à Ouistreham. La flamme porte 177 noms. Des bérets verts viennent régulièrement s'y recueillir, comme ici, en 2005.
Au centre, la stèle au nom du lieutenant Hubert. En bas : une des nombreuses stèles dans l'arrière pays normand : celle-ci est en l'honneur des commandos alliés, peut-être à Amfréville, où eurent lieu de furieux combats. (crédits : JMT)

jeudi 28 mai 2009

CNAM : dissous le 10 juin, mais le stage continue

The show must go on. Le CNAM, dernière structure d'aguerrissement en montagne sera officiellement dissous le 10 juin. La cérémonie n'aura pas lieu à Briançon mais à Mondauphin, à mi-chemin de Barcelonnette. Le CIECM, créé en 1991 et dissous en 2008, avait déjà rejoint le CNAM l'an dernier.
La centaine de personnes oeuvrant au CNAM seront mutées dès le mois de juin, à commencer par celles effectuant des tâches de soutien.
Le dernier stage se déroulant au CNAM, et se terminant en octobre s'effectuera donc sans ordinaire par exemple.
Créé en 1994, le CNAM avait repris la suite du 159e RI, le dernier régiment d'infanterie alpine installé à Briançon dans les années 1890. Le même CNAM avait réagi au pied levé, quand il avait fallu mettre en place les OMLT, en Afghanistan. C'est notamment un instructeur du CNAM qui avait pris la relève de l'Adj Laurent Pican, du 13e BCA, quand ce dernier avait été tué, en Afghanistan.
Une partie des instructeurs rejoindront la nouvelle structure montagne mise en place par l'armée de Terre, d'autres réintégreront les bataillons alpins. Un savoir-faire dispersé, qui, on l'aura compris, continue à engendrer amertume et interrogations.

Leymarie rempile

Increvable Philippe Leymarie ! L'ancien reporter de RFI et collaborateur du Monde Diplomatique reprend du service en ligne, avec un blog au titre évocateur : "Défense en ligne". Le Mamouth y voit un signe d'une fertilité particulière d'une partie des journalistes spécialisés : notons le travail d'un increvable de l'info maritime, Vincent Groizeleau (Mer et Marine), d'un pacha (Secret Défense), d'un pointilleux (Défense ouverte, sur www.lepoint.fr), du blog de Nicolas Gros sur les enjeux européens... La défense fascine, internet aussi, et l'internaute y gagne, tout en ayant le devoir (moral) de continuer à acheter cette presse écrite qui nous fait vivre : internet, c'est en plus, et cela ne nous rapporte pas d'euros !

Allez-y voir !

Son adresse : http://blog.mondediplo.net/-Defense-en-ligne-

La der des der n'était pas la der

La Sécurité civile opère encore une Alouette III dans ses rangs, à Annecy (Haute-Savoie). L'appareil ne sera retiré du service qu'à la fin de la saison estivale.
C'est pourtant la dernière des Alouette III qui avait été présentée au Bourget, au début du mois, ministre de l'Intérieur à l'appui. Même la préfecture de police avait remisée la sienne, au profit d'un EC145.
Aucune explication n'a été donnée sur la réapparition de cet appareil, qui devait avoir disparu des rôles début mai...

Réflexions avancées pour deux nouveaux CITERA

Le service de santé des armées (SSA) accentue sa contribution aux engagements des militaires en opex, on le savait déjà, mais il le fait aussi par le biais de l'aguerrissement médico-tactique des spécialistes médicaux (médecins, infirmiers, auxsan), via les CITERA (centre d'instruction aux techniques de réanimation de l'avant). Deux structures pourraient s'ajouter aux cinq existantes, à Paris et Djibouti. Des projets plus ou moins avancés, mais l'un au moins déboucherait dans l'année.
La spécialité de Paris est encore en discussions : elle pourrait porter, entre autres possibilités, sur l'aide aux populations. C'est le Val-de-Grâce qui piloterait ce centre.
Djibouti, sans surprise, serait consacré au milieu désertique.
Cinq CITERA opèrent dans autant d'hôpitaux militaires, à (par ordre alphabétique) Bordeaux, Brest, Lyon, Metz et Toulon. Brest et Toulon sont spécialisés dans le maritime, Metz travaille les forces spéciales, Bordeaux opère avec les auxiliaires sanitaires, et Lyon est particulièrement chargé des formations liées au théâtre afghan.

1995 : quand les hélicoptères reviennent

Suite de notre série sur les 75 ans de l'armée de l'Air, un compte à rebours qui nous amènera jusqu'au début juillet, date retenue par les aviateurs pour souffler leurs bougies.

1995 est une année fondatrice pour les hélicoptéristes français, quoiqu'elle ne figure dans aucune chronologie officielle. Cette année-là, le nouveau CEMAA, le général Jean Rannou décide de spécialiser son parc d'hélicoptères, jusqu'alors essentiellement tourné vers le transport d'autorités, et dans une certaine mesure, vers la Search and Rescue (SAR), en mer, mais pas seulement.
Jean Rannou décide de spécialiser deux unités, soit moins d'une vingtaine d'hélicoptères (sur un peu moins de 100, à l'époque) dans deux missions qui perdurent aujourd'hui : la SAR de combat, codifiée "resco" pour récupération et sauvetage au combat, et les MASA, pour mesures actives de sûreté aérienne.
La Resco se développe depuis déjà un an en Italie, à Brindisi , sous l'impulsion des forces spéciales américaines. C'est l'EH 1.67 "Pyrénées" qui va bientôt détenir le monopole de la mission, y compris dans un cadre interarmées (à partir de 2000).
Les MASA décollent, elles, sous l'impulsion de l'EH 3.67 "Parisis" de Villacoublay. Une systématisation de mesures jusqu'alors éparses, qui avaient été initiées en 1988, après les survols de Paris par le "Baron noir" et pour les J.O d'Albertville (à l'époque sur Puma).
En quelques mois, des doctrines d'emploi sont mises sur pied, des aéronefs sont réservés.
Et dans les deux cas, les hélicoptéristes développent des partenariats avec les commandos parachutistes de l'Air (CPA) : le CPA20 de Villacoublay fournit des snipers pour les Fennec du Parisis, le 30 alimente le Pyrénées en groupes de récupération au sol.
Le développement des ces missions est aussi celle des CPA. Les savoir-faire resco, étendus au sein de tous les CPA, puis élargis dans leur champ à la personnal recovery (PR) permettent à l'EH d'aligner les opex : Bosnie, Kosovo, République démocratique du Congo sur Puma, puis Liban et Afghanistan, sur Caracal.
Ainsi que le Tchad, la Côte d'Ivoire et Haïti, sous mandat COS.
"Combattre et sauver", un retour aux sources, pour les descendants de Santini et Brunet, qui demeurent de grands noms de l'aérocombat français : deux aviateurs.

mercredi 27 mai 2009

Le rôle 2 de Warehouse va déménager

Il n'y a pas que les aviateurs qui vont migrer sur KAIA-Nord : l'hôpital rôle 2 de Warehouse, camp français de Kaboul, va lui aussi rejoindre cette enceinte ultra-sécurisée, dans les mois qui viennent.
Le rôle 2 est un modèle du genre, surpassé, sur ce théâtre, par le seul rôle 3 allemand, basé à Mazar-e-Sharif. Au passage, le rôle 2 gagnerait un cran, avec légèrement plus d'effectifs, mais surtout plus de capacités techniques.
Avantage, les Caracal Medevac qui ramènent les blessés des combats en première ligne aterriront directement à KAIA-Nord, qui sera également leur base d'opérations, à compter du mois d'octobre (cf nos posts précédents).
Avec le démontage progressif de la Côte d'Ivoire, l'Afghanistan est devenu le premier théâtre de déploiement de la chaîne médicale française.
Le démontage progressif de Warehouse va dans le sens d'un redéploiement des moyens français en RC-C, avec un plot à KAIA, et un redéploiement vers les FOB.
Outre le rôle 2, Warehouse héberge notamment l'état-major de Pamir, le Batfra -en redéploiement en Surobi- et le bataillon de commandement et de soutien (BCS), chargé entre autres de la logistique entre Kaboul et les FOB.

L'armée de terre et les sportifs

Le skieur Jean-Baptiste Grange, par ailleurs caporal à l'école militaire de haute montagne (EMHM) depuis 2007, sera sur le plateau de Michel Drucker, pour l'émission consacrée à l'armée de Terre, le 14 juillet prochain.
Comme ce blog vous l'a annoncé, il y aura au moins un autre sportif associé à cette émission, le footballeur Bixente Lizarazu, qui a tourné un sujet avec le 1er RPIMa.

mardi 26 mai 2009

L'avion

Un secret -comme l'heure d'arrivée d'un avion sensible- n'est jamais bien protégé, et Sud Ouest en livre une illustration avec quatre photos du futur A330 présidentiel, dues à l'excellent Fabien Cottereau qui a commencé sa carrière de jeune comme votre serviteur, dans le quotidien de Bordeaux, il y a longtemps, longtemps... Pour connaître un peu l'aéroport de Bordeaux et les sites industriels environnants, j'ai du mal à voir d'où a opéré le téléobjectif mais l'homme de l'art a sûrement ses entrées. L'Airbus a intégré les ateliers de Sabena Technics pour un chantier d'un an.
On apprend par ailleurs que les Falcon 7X, dont le premier est à l'achèvement à quelques centaines de mètres de là, chez Dassault, seront siglés avec un nouveau logo.
Les photos, qui ont dû en fâcher plus d'un, et l'info, ici :
http://www.sudouest.com/accueil/actualite/economie/article/601124/mil/4576786.html

FS sous-employées : la faute au politique

Mais c'est en Suisse que se déroule la controverse. Les forces spéciales suisses (DRA) auraient pu être engagées "encore plus souvent sans certaines hésitations politiques" soutient (sans les citer une fois) Didier Burkhalter, conseiller aux Etats libéral-radical neuchâtelois dans un article explicite de la Tribune de Genève (www.tdg.ch). Et d'expliquer que ces commandos, au nombre d'une quarantaine, sont parfaitement capables d'exfiltrer les deux Suisses "retenus" en Lybie, ou le zurichois otage au Mali.
Une poussée de mauvaise humeur de l'élu que le quotidien explique par les alternoiements du parlement suisse à déployer le DRA dans le Golfe d'Aden, dans le cadre de l'opération européenne Atalante. Les élus de la confédération ne se prononceront qu'en septembre, alors que le déploiement fait débat depuis le début de l'année.
La moyenne d'âge du DRA10 est très basse -28 ans-, comme le taux de sélection -2%- rappelle le confrère genevois.

Jalalabad au 13e BCA

Le 13e BCA effectuera le dernier round de sa mise en condition opérationnelle (MCP), "Jalalabad", fin septembre début octobre, quelques semaines avant son déploiement en Kapisa, en relève du 3e RIMa, qui s'installe, lui, dans 10 jours.
Initialement, le 13e BCA devait être déployé en juillet, et avait donc commencé sa MCP en décembre. Le sort, finalement logique, lui fera passer l'hiver en Kapisa.
Le 13 constituera le coeur d'un GTIA armé par la brigade alpine, avec des artilleurs du 93e RAM avec leurs JTAC, leurs mortiers, et peut-être leur Caesars -actuellement en cours de perception-, des AMX10RC animés par le 4e RCh et les sapeurs du 2e REG.
Le 13e BCA fournit déjà des équipiers aux OMLT, en Oruzgan, et avait déjà constitué le coeur du Batfra, entre septembre 2007 et janvier 2008, sous le commandement du Colonel Morin.

Mayotte aura son Ecureuil

Tout neuf département français, Mayotte gagne au passage un hélicoptère de gendarmerie, un Ecureuil, dont on ne sait pas encore s'il sera équipé d'une tourelle optronique. Un capteur aussi utile pour détecter des immigrants illégaux aux approches des côtes, que de les rechercher, si leur frêle embarcation chavire.
Dans la zone, les gendarmes sont aussi déployés à La Réunion.
Plusieurs autres détachements, dont le développement avait été bloqué par le processus de RGPP, pourraient se développer assez vite, en métropole. On évoque notamment le cas lancinant de Rochefort, alors que la sécurité civile et la marine déploient chacun déjà un hélicoptère de sauvetage. La "déliquance" locale ne justifiant pas non plus un tel investissement, pour autant que ce projet soit réel. La relocalisation des hélicoptères de la gendarmerie avait été évoquée à Bordeaux (en provenance de Cazaux), Marseille (de Toulon) et à Lille (Amiens)
En visite à Bordeaux en janvier 2008, le président de la République avait demandé que chaque grande agglomération puisse disposer d'un hélicoptère de mission police, ce qui n'est toujours pas le cas.

Les gendarmes à droite, la sécu à gauche

Les hélicoptères EC145 de la gendarmerie vont continuer à mettre en oeuvre leur treuil sur le côté droit. Ceci, alors que les mêmes appareils de la sécurité civile, eux, treuillent à gauche, qui aurait pu devenir la norme pour les deux flottes. Les gendarmes évoquent plusieurs arguments : d'abord, le pilote est à droite, et le fait d'être le même côté que le treuillé facilite le travail. Un deuxième argumentaire est fondé sur une expérimentation qui vient d'être menée, avec un treuil à gauche, qui n'apporterait rien, dans les modes opératoires gendarmerie.
Les premiers EC145 bleus ne peuvent pas non plus connecter un treuil à gauche, ce qui ne sera possible que quand toute la flotte aura été rétrofitée à un standard unique, qui comprend aussi d'autres points , importants (mass moment vectoriel, modification de la chaîne lacet, isolation de la gaîne chauffage...).
Enfin, contrairement aux appareils légers qui hébergeaient leur treuil à gauche pour des raisons d'équilibre (et parce que le treuilliste était... à gauche), un appareil de la gamme des 4 tonnes, comme l'EC145 peut sans problème accepter cette configuration. Elle améliorerait même la stabilité de l'appareil, dit-on en gendarmerie.
Les deux treuils, fournis par Goodrich/TRW développent tous les deux la même longueur (90 m) et peuvent tracter 272 kg.
Ce qui ressemble à une bataille d'Hernani n'en n'est peut-être pas une, alors que l'on évoque de façon lancinante la standardisation des différentes flottes hélicoptères de l'Intérieur, avec notamment une livrée et un floquage uniques.

La mémoire de David Poulain

David Poulain, le commando du 1er RPIMa qui avait péri en Afghanistan le 20 mai 2006 a une place à son nom, dans sa ville d'origine, Halluin (Nord) nous apprend ce matin la livraison de Nord-Eclair. Le parachutiste, fils d'un ancien élu de la ville, avait été tué dans une attaque, avec l'adjudant Noël Gazeau (1er RPIMa également) dans un affrontement avec les insurgés, il y a quasiment trois ans jour pour jour : sa ville d'origine n'a rien oublié, et continue à perpétrer sa mémoire.
Les habitants de Saint Aigulin (Charente Maritime) ont quant à eux dévoilé une plaque à la mémoire du sergent Damien Buil (8e RPIMa), le 8 mai dernier, en présence de Hervé Morin.

lundi 25 mai 2009

Un Anglais à Istres

Un Nimrod MRA4 de la Royal Air Force est arrivé aujourd'hui à Istres (Bouches-du-Rhône) pour une camapagne de quatre semaines. La piste d'Istres a été choisie du fait de son extrême longueur qui lui permet d'accueillir la navette spatiale américaine, et du fait de la proximité du centre d'essais en vol (CEV) qui a fait affaire avec BAE Systems. Le centre dispose notamment de moyens de trajectographie (radar, optroniques) et de salles d'écoute précieux pour les essais en vol.
Les avions Airbus, notamment le 340 et le 380 avait utilisé la piste d'Istres pour ces raisons.
Le MRA4, encore en développement, était déjà venu au CEV du 18 août au 1er octobre, et pourrait encore revenir en Crau en septembre, pour quatre autres semaines.

Notre photo : le Nimrod MRA4, programme qui dure en longueur. (crédit JMT)

Un Dauphin SP à l'oeuvre

Un des Dauphin SP de la Marine, basé à Hères (Var) a hélitreuillé ce matin un homme de 72 ans, victime d'un accident cardiaque à 10h30. Le Silver Wind, navire de croisière britannique au mouillage devant Porquerolles (Var) a d'abord été rejoint par la vedette SNSM, et devant l'urgence de la situation, c'est le Dauphin SP qui a été engagé. A 12h30, l'homme était hospitalisé : ses jours ne sont plus en danger.

Ouistreham, un 6 juin

27 bérets verts seront remis à autant de commandos, le 6 juin, à Ouistreham, là où les 177 de Kieffer ont débarqué, le 6 juin 1944. Plusieurs vétérans, dont le propre président de l'association de vétérans, Léon Gautier, remettront le béret mythique.
Le 4 juin, 140 commandos auront débarqué de 10 fois moins de canots, comme nous vous en parlions en juin : sauf qu'ils n'étaient que 80 prévus, à l'époque. On imagine que le symbole, particulièrement fort par les temps qui courent, a contribué à draîner du monde. Le 5, ces commandos et fusiliers referont le même trajet que leurs aînés de 1944, avec plusieurs centaines de jeunes, initiative louable de lien armée-nation et de travail de mémoire dont nous vous reparlerons en temps et en heure.

Nos photos : Marin Gillier, patron des commandos et fusiliers marins, salue les vétérans, le 6 juin 2008, pour la création du commando Kieffer, sur la plage de Ouistreham. Gillier salue Maurice Chauvet, qui dessina l'insigne des commandos, pendant la seconde guerre mondiale, et écrivit "its a long way to Normandy". A sa gauche, Léon Gautier, à sa droite, René Rosset.
En bas, Léon Gautier, en 2004, devant le manoir d'Acchnacary (Ecosse) où ses frères d'armes et lui furent entraînés à partir de 1942 aux implacable normes anglaises. A sa droite, le regretté Francis Guézennec (des K Guns) qui mourra quelques mois après ce cliché, et après avoir reçu des mains de Jacques Chirac la Légion d'Honneur, 60 ans après avoir débarqué à Ouistreham. (crédit JMT).

A relire :
http://lemamouth.blogspot.com/2009/04/lorient-ouistreham-en-zodiac-de-40-cv.html
http://lemamouth.blogspot.com/2009/04/commandos-marine-de-1944-ils-ne-sont.html
Ouest-France du 18.05 (www.ouest-france.fr) où j'ai trouvé ces précisions.

A visiter absolument :
ce site, riche en détails : http://commandokieffer.canalblog.com/
et le musée du n°4 commando, devant le casino et la grande plage de Ouistreham.

C'est la faute au pilote...

Par chance, il est allemand, et son Tigre aussi. Voici comment a été compris l'évènement qui a concerné un Tigre UHT de l'école franco-allemande, le 24 avril. Les analyses font ressortir le bon vieux facteur humain, et particulièrement, une "mauvaise interprétation d'un protocole du manuel de vol" m'a affranchi une spécialiste de la bête. L'appareil a été démarré en vue d'un point fixe, à l'issue d'une visite technique. Mais le manche n'était pas centré, le PA était en fonction, et le pilote avait ses mains sur les cuisses, comme semble-t-il le stipule la bible allemande du félin.
Le manche décentré a fait porter trop de contraintes sur le rotor, d'où la destruction d'un premier amortisseur de pale, puis des quatre.
Des modifications ont donc été apportées au manuel de vol allemand (quid du français.... ?), et le responsable en sans doute été quitte pour quelques soucis.
Le problème vite identifié, les vols de l'ALAT, "seulement décalés" ont donc "pu reprendre normalement", même s'il n'a pas été possible de le voir de nos yeux, mardi dernier, lors de notre passage à l'EFA. Deux Tigre étaient cependant en vol, le 8 mai, pour le défilé naval, et j'en ai vu voler un, le 19 mai.
Rappelons que le Tigre avait déjà connu d'autres soucis par le passé, notamment avec le bloquage du collectif par un "foreign object" (corps étranger) qui n' jamais été retrouvé. Seul point positif, car l'incident avait encore décalé la montée en puissance du Tigre, les pilotes sont désormais formés à atterrir avec un collectif bloqué. Il suffit "de ralentir un moteur et on atterrit roulé". La solution adoptée, d'ailleurs, en urgence, par le pilote victime de cette expérience, à l'époque, ce qui démontre, si besoin était, que nos pilotes d'hélicos sont bien des cracks...

Notre photo : un Tigre UHT avant qu'il ne défile sur les Champs, le 14 juillet 2008. (crédit : JMT).

SOS South KAIA

Le déménagement progressif de l'ISAF sur la zone nord de l'aéroport de Kaboul (KAIA) a des conséquences imprévues pour nos aviateurs et alatiens logés, eux, encore, sur South KAIA. La nourriture et internet sont partis pour le nord de la plateforme, et les Français se retrouvent ainsi d'autant plus isolés. Jusqu'à, au moins, le mois de septembre, un des dates évoquées pour le déménagement des Français, qui n'ont pas cotisé au nouveau site, et ne sont donc pas, de ce fait totalement assurés d'y trouver un toit.
Le plot français de KAIA compterait une centaine de militaires français, parmi lesquels 70 environ constituant le DETHELICO (3 Gazelle du 3e RHC, 3 Caracal du DAOS et du "Pyrénées") placé sous la direction de l'ALAT. Par ailleurs, des aviateurs de l'armée de l'Air assurent aussi l'escale et le transit air pour les pax du trafic infrathéâtre, et avec la France.

Actualisation de 19h05 : quelques précisions avant d'enfiler mon plat de pâtes. Le déménagement des Français interviendra entre mi-octobre et mi-novembre, dans un ensemble (DETHELICO -maintenance et centre opérationnel, zone vie) en cours d'achèvement à KAIA-Nord. Le théâtre, le CPCO et la NAMSA, agence de l'OTAN qui gère les travaux à KAIA, ont travaillé dans des délais-records pour en tenir un autre, celui de libérer la plateforme sud pour le 15 décembre, dernier carat.

Notre info du 5 mai :
http://lemamouth.blogspot.com/2009/05/lotan-sendurcit-kaia.html

Le calendrier afghan

Paradoxe : alors qu'ils font désormais partie intégrante du ministère de l'Intérieur, les gendarmes français se déploient dans un environnement de guerre que seuls leurs aînés avaient rencontré, jusqu'alors, au Liban, dans les années 80 (1).
Les 150 gendarmes français qui doivent arriver en Afghanistan le feront en plusieurs vagues, dit le DGGN ce matin dans la Figaro (www.lefigaro.fr), confirmant les informations parues sur ce blog vendredi. Un premier carré de trente gendarmes sera opérationnel à l'été à Kaboul dans une école formant à l'ordre public. A l'automne, 120 autres militaires les suivront pour être déployés "dans les provinces" comme le dit le général Gilles, pour "placer les commissariats locaux sous une sorte de tutorat". C'est donc bien le pendant "police" des OMLT militaires, comme nous titrions notre post, la semaine dernière. Au total, cette force de l'UE comprendrait 400 à 500 personnels, prenant la relève de l'Allemagne, qui assurait jusqu'à maintenant la formation de la police afghane (ANP). La mission serait assurée par la force de gendarmerie européenne (FGE).
Leur mission n'est pas précisément plus définie : la question lancinante de la lutte contre la production et le trafic de drogue -qui financent les insurgés- n'est pas mise en avant pour l'instant tout du moins. Les gendarmes opèreront en premier rideau, avec les Afghans, mais seulement pour tutorer.
Le DGGN exclut que ses gendarmes soient déployés hors de zone couvertes par les troupes françaises. Leur zone d'opération sera donc limité à la Kapisa et à la Surobi, confirmant par ailleurs que c'est bien dans cette zone que la France veut faire porter ses efforts à partir de l'été.
Les gendarmes sélectionnés recevront une formation de six semaines, soit un concentré de ce que leurs collègues de l'armée de Terre reçoivent : dix semaines au minimum, étalés sur une période de six mois, en moyenne.
Ils recevront aussi des véhicules blindés, et du petit équpipement, dont nos évoquions déjà le détail, récemment : des gilets pare-balles, de l'optronique et une poignée pour leur Famas, ainsi que des véhicules. Le type retenu n'a pas encore été dévoilé, mais le PVP (petit véhicule protégé) doit être déployé à cette époque en Afghanistan, dans une version au blindage renforcé. Le PVP a déjà été déployé en Georgie sous les couleurs gendarmiques, à l'automne 2008.
170 gendarmes sont actuellement déployés au Kosovo, rappelle par ailleurs le DGGN. Si l'on en croit l'audition du DGPN, Frédéric Péchenard, la gendarmerie va aussi contribuer à la mise en place d'une force d'intervention dans ce pays.

Nos photos : le général Gilles, DGGN, et ses deux ministres de turelle, en 2008. En bas, l'écusson de la force européenne de gendarmerie (FGE), créée en 2004 par MAM. Son QG est à Vincenza (Italie).

(1) A ceux qui m'objecteraient que le pont de Mitrovica (Kosovo) ou Abidjan ne sont pas de tout repos non plus -ce qui est vrai, de nombreux gendarmes y ont été sérieusement blessés- je repondrai seulement qu'ne Afghanistan, les AK-47, les RPG et les IED ne se retrouvent pas dans les mains des opposants locaux...

Pour revenir à la source :
http://lemamouth.blogspot.com/2009/05/quatre-omlt-gendarmerie.html
http://lemamouth.blogspot.com/2009/05/tora-tora-tora.html

Attaque contre OMLT en Wardak

Deux des quatre soldats français blessés hier matin par une attaque à l'IED vont être rapatriés en France, vraisemblablement par un vol evasan. Leur interprète a également été blessé mais il restera soigné sur place, comme les deux autre soldats français.
Les soldats, des OMLT, ont été attaqués en Wardak, lors d'une patrouille. Leur unité n'a pas été communiquée. C'est, vu la zone, une des cinq OMLT opérant avec le 201e corps.
Les blessés, notamment liés à des attaques par IED, sont réguliers sur le théâtre afghan, mais les événements ne sont pas systématiquement communiqués. Ils le sont, quand les faits peuvent être récupérés par la propagande insurgée, et/ou, comme ici, quand le nombre de victimes incite à une communication officielle proactive, avant que les forums sur internet ne le fasse à sa place.

dimanche 24 mai 2009

Afghanistan : les 28 morts français

Les commandos des forces spéciales ont payé, les premiers, un lourd tribut à l'Afghanistan : le 1er RPIMa a perdu quatre des siens, COFUSCO, deux, et le CPA10, un. La 11e BP n'est pas en reste, avec 13 hommes (8e RPIMa, 2e REP, 1er RHP, 1er RCP, 17e RGP, 35e RAP) soit la moitié des pertes. Voici la liste de ces hommes, qui ont payé de leur vie leur engagement, et pour la plupart, les conditions dans lesquelles ils ont péri.

. 29 août 2004: un commando du 1er RPIMa, le caporal Murat Yagci, est grièvement blessé lorsque son véhicule bascule dans un ravin. Il décède quelques jours plus tard après avoir été rapatrié en France.

. 21 octobre 2004: deux hussards du 3e RH, le 1ère classe Thierry Jean-Baptiste et le maréchal des logis Simah Kingue, opérant au sein de l’ISAF meurent dans un accident de la circulation près de Kaboul.

. 12 février 2005 : le caporal Alan Kersanov (2e REI) se tue avec son arme, à Kaboul.

. 17 septembre 2005: un commando des forces spéciales, le Clc Cédric Crupel, 28 ans, (2e Cie/1er RPIMa) est tué par l'explosion d'un IED au passage de son véhicule, dans la région de Spin Boldak, au sud-est de l'Afghanistan. Crupel comptait sept années de service au régiment, qu’il avait intégré directement.

. 4 mars 2006: le maître principal Loïc Le Page (commando Trépel), 30 ans, est tué à la tête de son escouade, en vallée de Marouf, lors de l’opération Makila, dans le village de Salam Kalay. Pendant vingt minutes, il aura résisté aux assauts d'une dizaine de talibans fortement armés. Ce père de deux enfants était le fils du général Maurice Le Page (premier GCOS), et major de sa promotion du brevet supérieur, à Lorient. On lui avait confié le commandement du groupe d'assaut n°2 de Trépel, en 2005. Loïc Le Page a été décoré de la Bonze Star américaine, et son nom est inscrit sur le mémorial des forces spéciales américaines.

. 15 mai 2006: un sapeur parachutiste du 17e RGP, le 1ère classe Kamel Elward, 22 ans, est tué au cours d'une opération de déminage près de KAIA.

. 20 mai 2006: deux commandos du 1er RPIMa, l’Adjudant Noël Gazeau, 37 ans, et le Clc Poulain sont tués dans un affrontement avec les insurgés, dans la région de Kandahar. Noël Gazeau (37 ans, un enfant) avait déjà effectué une mission en Afghanistan, en 2004. Il avait intégré le 1er RPIMa en 2001. Le caporal-chef David Poulain (36 ans) est issu du 44e RT de la brigade de renseignement, où il effectue ses cinq premières années de militaire, suivies de cinq autres à la 14e RPCS de Toulouse. Il rejoint le 1er RPIMa le 2 août 1998, obtenant notamment la qualification d’auxsan et d’équipier Rapas. Il comptera à son actif cinq missions dans les Balkans, et de nombreuses autres en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire et au Congo.

. 25 août 2006: deux commandos des forces spéciales sont tués (et deux autres grièvement blessés) au cours d'une embuscade tendue par une quarantaine de talibans dans l'est de l'Afghanistan, à Mihtarlam (sud-ouest du Laghman). Leur véhicule est détruit par un IED. Parmi eux, le maître principal Frédéric Paré, 34 ans, célibataire, infirmier à la base de Lorient. Il avait accompli un premier mandat afghan en 2005. Son camarade était le Clc Sébastien Planelles (28 ans), du CPA10.

. 25 juillet 2007 : l’adjudant Pascal Correia, 40 ans, OMLT du 1er RCP, est tué près de Kaboul, à Jaghato (Wardak) dans une attaque à la roquette.

. 23 août 2007 : un hussard parachutiste du 1er RHP, le brigadier-chef Stéphane Rieux, se tue dans un accident de la circulation lors d'une patrouille à Kaboul.

. 21 septembre 2007: l’adjudant Laurent Pican (34 ans), OMLT du 13e BCA, meurt lors d'un attentat suicide à Kaboul.

.18 et 19 août 2008: dix militaires du Batfra (8 appartenant au 8e RPIMa, un infirmier du 2e REP, et un conducteur de VAB du RMT) sont tués et 21 autres blessés lors de combats contre des insurgés, à 60 km à l'est de Kaboul, en vallée d’Uzbeen, au débouché du village de Sper Kundaÿ. Il s’agit, pour le 8e RPIMa, de l’adjudant Sébastien Devez, du sergent Damien Buil, du sergent Nicolas Grégoire, du caporal Kévin Chassaing, du caporal Alexis Taani, du caporal Anthony Rivière, du caporal Damien Gillet et du caporal Julien Le Pahun. Le sergent Rodolphe Penon était l’infirmer du groupe, détaché du 2e REP. Enfin, le caporal Mélam Baouma (régiment de marche duTchad) est mort le 19 août quand son VAB s’est retourné.

. 22 novembre 2008: l'adjudant-chef Nicolas Rey (32 ans, deux enfants) du 3e RG, servant dans une OMLT auprès de l'armée afghane, est tué par une mine lors d'une reconnaissance à pied près du camp de Darrulaman.

. 11 février 2009: le capitaine Patrice Sonzogni, du 35e RAP (46 ans) est tué dans un accrochage avec des insurgés après l'explosion d'une mine artisanale dans la province du Logar (sud-est de Kaboul), et son pilote est sérieusement blessé. OMLT, il patrouillait alors avec des soldats de l'ANA.

. 14 mars 2009 : le caporal Nicolas Belda (23 ans), du 27e BCA (TF Tigre) est tué par un tir de RPG, pendant l'offensive sur la vallée d'Alassay. Un COP (combat outpost) a été baptisé du nom de ce chasseur alpin, à l'issue des combats, dans cette même vallée.

. 24 mai 2009 : mort d’un caporal-chef (31 ans) servant au sein d’une OMLT, à Darrulaman.

Nos photos : en haut, le monument aux morts des forces spéciales de la coalition, dans la base de Kandahar. Le mémorial compte quatre faces, dont ce versant, les trois autres étant (si mes souvenirs sont bons) consacrés aux morts britanniques, canadiens et américains. En bas, les morts d'Uzbeen restent présents, dans le PC de la FOB de Nijrab. Le colonel Nicolas Le Nen (27e BCA), qui a succédé à Jacques Aragones (8e RPIMa) dans ces murs, a tenu à garder ce souvenir intact (crédit JMT).

Mort d'un soldat français en Afghanistan

Un militaire français -le 28e depuis 2001- est mort en Afghanistan ce dimanche à 19h15. En l'absence de témoins, les causes de sa mort sont encore inconnues : qu'il s'agisse du tir d'un tiers (a priori exclu ce soir par l'EMA), d'une mauvaise manipulation de son arme, un PAMAS G1 (1), ou d'un suicide. L'homme, un caporal-chef de 31 ans, était arrivé il y a une semaine dans le cadre des relèves. Il servait dans un des 5 OMLT oeuvrant au profit du 201e corps, baptisée OMLT Brigade, et basée à Darrulaman (banlieue de Kaboul).
Son corps a été trouvé à 17h45 (heure locale) et un Caracal Medevac a été activé pour le transporter à Bagram. Il n'a pas pu être sauvé, et est mort pendant le vol.
Son unité n'était pas encore précisément connue, hier, à Paris, les OMLT étant souvent armées par des personnels isolées, et non des unités constituées.
Par ailleurs, quatre militaires français et leur interprète ont été "légèrement blessés" hier dans une attaque à l'IED. On ignorait, hier, les conditions exactes de cette attaque et l'unité de ces soldats.
28 militaires sont morts en Afghanistan depuis l'arrivée des troupes françaises en Afghanistan, commandos de forces spéciales (Hubert...) et marsouins du 21e RIMA en novembre 2001.
C'est, si l'en croit le décompte effectué par le site iCasualties, le 1203e mort au combat en Afghanistan.
Les Etats-Unis compteraient, selon la même source, 686 morts, la Grande-Bretagne, 161, le Canada, 118, l'Allemagne, 30, et la France, 28. L'Espagne recense 25 morts, mais c'est sans compter les dizaines de militaires qui étaient morts dans le crash d'un avion-cargo revenant d'Afghanistan.

(1) le PAMASG1, copie française du Beretta 92F, est actuellement distribué en double dotation en Afghanistan aux combattants débarqués, puis vraisemblablement, aux "tringlots" qui "font la ligne" entre les FOB et Kaboul. Les OMLT bénéficiaient déjà de cette double dotation, comme avant eux, les commandos des forces spéciales et des forces conventionnelles (CPA, GCP, GCM).

Où l’on reparle des commandos marine et du GIGN

Le rapport du député Christian Ménard sur la piraterie maritime regorge d’informations précieuses, dû au panel très large rencontré (1). Entre autres, on notera la répartition des donneurs d’ordres opérationnels des commandos marine, avec des chiffres livrés pour la première fois, à ma connaissance.
Les commandos travaillent à 40% de leur activité pour le… Premier ministre, via les préfets maritimes. Il s’agit d’action de l’état en mer (AEM), particulièrement de lutte contre le narcotrafic et de contre terrorisme maritime (CTM). L’autre employeur est le CEMA, qu’il s’agisse de missions menées pour le compte du COS, à terre ou en mer, ou pour le compte du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO). On peut par exemple ranger dans ce compte la formation des commandos afghans, que FORFUSCO va prochainement reprendre au 1er RPIMa, suivant le roulement désormais rôdé.
"Symbiose"
« L’intervention du COS se fait dans le cadre du plan Piratmer », affirme le député, même si l’on voit que par exemple, pour la Tanit, il n’a pas été activé (2). « En ce qui concerne la piraterie, les hommes du COS remplissent deux types de missions poursuit l’élu : ils recueillent des renseignements opérationnels pour disposer d’une bonne capacité d’intervention et mènent des opérations ponctuelles d’intervention ou de libération (du type Ponant). »
On lit plus loin que le « COS travaille également en symbiose avec le GIGN, qui dispose d’une grande expérience en matière de prise d’otage, dans les avions notamment. Par contre, les opérations à terre relèvent des actions commando classiques et constituent le cœur de métier des forces spéciales. »
L’apport de la gendarmerie ne se limite pas au seul GIGN, constate Christian Ménard, qui milite pour l’intégration de gendarmes maritimes : ces professionnels de la mer devant mieux armer les procédures contre d’éventuels recours ultérieurs des défendeurs des pirates interpellés. « En dehors des situations d’urgence requérant l’intervention du GIGN et des forces spéciales, et notamment dans le cas d’opérations planifiées de lutte contre la piraterie, comme l’opération Atalante, la présence de gendarmes enquêteurs pourrait être particulièrement utile à bord des navires engagés ou auprès du commandant de l’opération sur zone. »
Drone antipirates
Le député plaide par ailleurs, comme son confrère Jean-Claude Viollet, pour l’intégration de drones dans la surveillance de cet espace, au large de la Somalie, grand comme quatre fois la France. Je rappellerai seuelement que quatre, c’est justement le nombre de drones endurants dont disposera l’armée de l’Air fin juin dans le meilleur des cas. Trois seront en Afghanistan, il n’en reste plus un seul pour les pirates… Le Harfang est donné pour tenir 10 heures à 1.200 km de sa base d’opérations ; par contre il ne dispose pas pour l’instant… de radar de surveillance maritime, mais seulement d'une boule optronique et d'un détecteur de balise de détresse (PLS). Un concept d'opération reposant sur la seule optronique embarquée est par trop limité, à moins d'avoir des visions sur la position des motherships, ce qui reste, technologiquement du domaine du possible.
Ce séduisant projet de déploiement de drone antipirates n’est donc pas pour tout de suite. Le problème pourrait même être réglé avant qu'on trouve l'argent pour payer les drones, et le temps pour qualifier le radar.

(1) Le député a balayé large, en rencontrant aussi bien des praticiens de l’intervention et de la gestion de crise (Favier, Gillier) que les spécialistes du renseignement (de Mangoux à la DGSE, Puga à la DRM), et évidemment, les armateurs eux-mêmes, principales victimes des pirates.
(2)
C’est par contre une des limites du rapport, qui n’a pas étudié cette opération, pas plus semble-t-il que celle du Carré d’As.

Notre photo : pendant les négociations avec les pirates de la Tanit (crédit marine nationale).

Le rapport de Christian Ménard est ici :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i1670.asp

samedi 23 mai 2009

Le Tigre sera bayonnais

Il y aura un hélicoptère Tigre pour les portes ouvertes du 1er RPIMa, le weekend prochain, à Bayonne. C'est le journal du pays basque qui livre l'info (1) sans lever totalement l'incertitude d'une présentation en vol.
Le Tigre est appelé à rejoindre la brigade de forces spéciales Terre (BFST) dans le courant de l'année. Selon nos sources, un équipage du détachement ALAT des opérations spéciales (DAOS) de Pau est déjà formé, et un deuxième est actuellement en formation, à l'école franco-allemande du Luc. Quatre Tigre et autant d'équipages doivent théoriquement être diponibles d'ici la fin de l'année.
Comme pour le confirmer, un Tigre a effectué une présentation au Cannet les Maures (Var), mardi, en compagnie d'une Gazelle et d'un Caracal du DAOS. Ce dernier avait infiltré en descente par corde lisse une équipe du 1er RPIMa, qu'il a ensuite exfiltré en grappe.

Notre photo : un Tigre intervenant en module mixte avec le Caracal et la Gazelle du DAOS. (crédit JMT)

(1) L'article du confrère délivre aussi une réflexion du chef de corps, le colonel Eric Vidaud : "c'est un métier dangereux et dur, et nous n'arrivons pas à satisfaire nos offres d'emploi". Sujet souvent tabou, le sous-effectif est en fait latent dans les forces spéciales françaises, comme l'avait expliqué un récent article du magazine RAIDS.

Rafale : cette fois-ci, c'est la bonne

La France va bien vendre 60 Rafale aux Emirats Arabes Unis (EAU), en début de semaine prochaine. Ou au Bourget : le contrat s'élèverait à 6 milliards d'euros, voire 8, croit savoir le Parisien.
On ignore dans quelle configuration ces avions seront vendus, et notamment, avec quels armements. Les EAU disposent déjà de missiles Scalp, pour leurs Mirage 2000-9, et de nacelles de ciblage Damoclès, qui sont intégrables sur le Rafale. L'enjeu, pour les Emiriens, étant de bénéficier du radar AESA -antenne active, développé par Thales- et du missile Meteor de MBDA. Et sans doute aussi de systèmes de guerre électronique et de reconnaissance. Et des réacteurs qui poussent plus : bref, une liste à la Prévert, dont les négociateurs ont semble-t-il réussi à convaincre les Emiriens que le team Rafale tiendrait le challenge.
On ignore aussi quelle solution -si il y en a une- la France a trouvé pour racheter les 60 Mirage 2000-9 exploités par les EAU, et donc l'écoulement est partie intégrante du marché. Le Parisien évoque deux pistes : l'Inde et la Roumanie. En précisant que le rachat de ces avions, et leur revente diminuerait les bénéfices du contrat, pour la France, d'un milliard d'euros (ca ne s'invente pas...)
Le Rafale a flirté à plusieurs reprises avec l'export, aux Pays-Bas (où il était très bien noté, mais le JSF américain l'avait devancé de quelques dixièmes de points...), en Corée du Sud (battu par le F-15) ou à Singapour (F-15 encore...).
Il est aussi en lice au Brésil, où une BAFO (best and final offer) doit être remise par le team Rafale, début juin, aux autorités brésiliennes. Les avions seraient assemblés sur place, et le contrat serait assorti de fortes compensations industrielles.
La Suisse a aussi évalué le chasseur français, mais le Gripen, monomoteur tiendrait la corde. Tout comme au Koweït, où le Rafale avait ses chances.
La Lybie, elle, pourrait se raccrcoher à la locomotive des EAU, pour passer commande de ses appareils, et bénéficier de meilleures conditions.
L'Inde, enfin, reste un client potentiel, après un aller-retour auquel personne n'a rien compris. Le message serait clair, pourtant : le spectre d'équipements proposés doit être complet. L'absence de proposition dans le domaine de l'antiradar a été évoqué pour la valse-hésitation indienne, expliquait Air & Cosmos de la semaine dernière.
Pour l'anecdote, 60, c'est le même nombre d'avions que les Mirage 2000-5 commandés par Taïwan, et qui avait sorti Dassault, en 1992, d'un maelstrom.

Notre photo : un Rafale équipé avec la nacelle Reco-NG de Thales (crédit V.Almansa/Dassault Aviation).

On cannibalise même les chaînes

Pour répondre à un besoin pressant de son client brésilien, Eurocopter n'a pas hésité à cannibaliser des appareils sur chaîne de production, en décembre dernier. C'est, entre autres anecdotes, un des nombreuses solutions pour tenir le challenge de l'AOG (aircraft on ground) dont le constructeur veut faire un de ses fers de lance. Sans démultiplier plus que de raison son stock de rechanges.
Selon nos sources, le même recours est intervenu pour changer la BTP (transmission) d'un EC145 de la Sécurité civile française.
Le reproche numéro un évoqué par les opérateurs militaires français concerne précisément ce manque de réactivité sur les pièces de rechanges. Liée, peut-être aussi, à des contrats restrictifs, en la matière. Souvent, la disponibilité des appareils en opex excède les 90% -c'est le cas pour les Caracal à Kaboul, par exemple- mais la contrepartie est un taux nettement plus faible en métropole.
Eurocopter dispose désormais de trois centres de soutien clientèle (ou CSC) à Marignane, Dallas et Hong Kong, pour un total de 150 spécialistes du domaine. 30.000 demandes ont été gérées en 2008. Le département AOG du constructeur soutient 10.698 hélicoptères, parmi lesquels 932 sont encore sous garantie constructeur.

Le plan de relance, volet pub

Le ministère de la Défense part en campagne. Sa campagne de publicité déclinée sur presque tous les médias développera, sans originalité, les cinq grandes fonctions stratégiques du Livre Blanc. L’originalité tient par contre au créneau retenu, du 15 juin (date d’ouverture du Bourget) au 14 juillet (jour de fête nationale), une période où, traditionnellement, les journaux, les antennes radio et les télés regorgent déjà de sujet défense(1). C’est aussi pour cela que tout aussi traditionnellement, un sondage sur la défense est réalisé à la même époque et il est toujours (forcément) bon : les Français adorent leur armée, c’est bien connu et cela se voit à l’entrée des bureaux de recrutement. Ou encore en se rappelant de ces dizaines de milliers de Français qui ont pleuré a perte de leur régiment (et l’unique raison pour laquelle ils ont pleuré…).
Ce blog vous a aussi révélé que France Télévisions diffusera le 14 juillet à 20h40, une émission sur l'armée de Terre réalisée par Michel Drucker (les deux bouts de la journée télévisuelle seront ainsi kakis...). Avec près de deux heures de reportages et plateaux situ, le clou de l’émission sera constitué par un tandem, également présenté par ce blog, entre le footballeur Bixente Lizarazu et le 1er RPIMa.
(1)
On m’invoque que les élections européennes du 7 juin sont précédées d’une période de réserve de quinze jours –qui commence ce lundi- pendant laquelle l’administration, comme ses ministres, d’ailleurs, ne peut pas, théoriquement communiquer. Ceci est une règle, mais pas une obligation constitutionnelle.

600 Français aux EAU en 2011

La présence militaire française aux EAU va doubler d'ici 2011. L'auteur de cette bombe, alors que le Président n'a pas encore mis le pied sur place n'est autre que... Hervé Morin, alors qu'il était auditionné par la commission idoine du Sénat. A ma connaissance, personne n'a relevé depuis le 12 mai...
Pour le ministre, la base française doit constituer une "vitrine" des savoir-faire français. Ce qui sous entend donc un remplacement rapide des Mirage 2000-5 par des Rafale. Hervé Morin évoque aussi les "forces spéciales" (selon mes sources un groupe de commandos marine y serait déployé en permanence, pour contribuer au contre-terrorisme maritime), "l'école du désert"... Et de constater que la base française a eu "un impact politique fort" dans la région.
La suite, commerciale celle-là, dira jusqu'où est allé l'impact.
Les décideurs locaux ont en tout cas surtout remarqué avec humeur, que la plupart des grands patrons français avaient séché le grand salon international Idex, en mars. Hervé Morin, lui, avait fait le déplacement, en tout cas. Les Emirats sont, avec l'Inde et le Brésil, un des seuls endroits solvables où on achète de l'armement par gros volumes, actuellement. Trois rendez-vous à ne pas manquer...

Notre photo : Hervé Morin avec le général Petraeus, patron du Centcom (qui pourrait déménager de Tampa, Floride aux... EAU ou au Qatar), à Paris, le 9 février (crédit JMT).

vendredi 22 mai 2009

Le SEDAC planche sur les colonels citoyens

Uniforme ou pas uniforme, défraiement ou pas défraiement, grade ou pas grade : autant de questions éminément sensibles pour les intéressés, les réservistes citoyens, que doit trancher prochainement le secrétaire d'état à la Défense et aux anciens combattants (SEDAC), sur fonds de réflexion globale sur l'évolution de la réserve. La réserve citoyenne mobiliserait, de l'aveu de Jean-Marie Bockel, 2.300 hommes et femmes, essentiellement des "relais d'opinion", chefs d'entreprises, politiques, ... journalistes dont "il faut clarifier leur rôle, et permettre de l'élargir" expliquait récemment le SEDAC, sans trop encore livrer le fonds de sa pensée.
Une chose est sûre, celui qui est aussi colonel de réserve à l'état-major de la brigade franco-allemande ne veut s'aliéner aucune bonne volonté.

Notre photo : le SEDAC sur le terrain, au 8e RPIMa, avant son déploiement en Afghanistan (crédit JMT).

Un Siko pour mémoire

"Combattre et sauver" était la devise des hélicoptères de l'armée de l'Air opérant en Algérie, pendant la guerre du même nom. La devise reste gravée dans beaucoup d'esprits encore aujourd'hui, et la restauration d'un Sikorski H34 au chiffre de la 68e escadre contribue encore à l'entretenir. Elle rappelle les premières années de l'hélicoptère dans l'armée de l'Air, quand Alexis Santini (dès l'Indochine), puis Félix Brunet (en Algérie) développèrent le potentiel de ces machines. Déjà, en les armant, avec les célèbres "Pirate" et "Mammouth" (canon de 20 mm, roquettes et mitrailleuses en sabord). Puis en en faisant un outil de mobilité tactique essentiel pour les paras coloniaux de Bigeard, et déjà, des commandos-parachutistes de l'Air(1).
Cette magnifique machine est posée devant l'entrée de l'escadron EH 1.67 Pyrénées. Une Alouette III va bientôt la rejoindre, après restauration par les mécaniciens de l'escadron. A terme, un Puma complètera la série.
"La plus belle mission d'un pilote c'est de sauver, qu'il s'agisse de soldats, ou de civils" résumait mercredi "Clito", un des pilotes du "Pyrénées". Une centaine de blessés ont été évacués, en 2008, par les Caracal de cette unité.

(1) deux ouvrages, malheureusement très difficiles à trouver, retracent cette époque : "commandos paras de l'air", de Patrick de Gmeline (Presses de la Cité, 1988) et "les commandos de l'Air", d'Henri Féraud (Novelles Ediotions Latines, 1986).

Notre photo : le H34 de la 68e escadre, retour aux sources pour les hélicoptéristes de Cazaux (crédit JMT). Un appareil identique survit à l'entrée de la base aérienne de Brétigny, et j'en ai croisé un, récemment, aux couleurs de la marine, à Hyères. Un exemplaire identique et magnifique était aussi visible, l'an dernier, à la Ferté-Alais, illustré ci-contre (crédit JMT). L'engin est aux couleurs de la 33F, la flottille des opérations spéciales dissoute au lendemain du Kosovo, en 2000. Plusieurs anciens de la 33F ont rejoint, alors, le "Pyrénées".

Des palettes Halal pour les réfugiés de Swat

La soute de ce C-17 de l'US Air Force (816th Expeditionnary Airlift Squadron) regorge de palettes comportant des miliers de repas hallal et des tentes, destinées aux réfugiés poussés hors de leur vallée de Swat (Pakistan) par les combats qui y ont opposé l'armée pakistanaise et les talibans.
Selon le Pentagone, ce sont 120.000 repas qui auraient été transportés, grâce à un minipont aérien. (crédit : DoD).

Frédéric Péchenard dégaîne à l'Assemblée

Dans une commission de défense de l’assemblée nationale où certains membres ne cachent pas, souvent, leur désespoir d’obtenir des réponses de leurs auditionnés, les députés ont eu un étonnant exemple de précision en la personne de… Frédéric Péchenard, le 13 mai (1). Le directeur général de la police nationale n’arrivait pas en terrain conquis, c’est le moins que l’on puisse dire mais il a su éviter quelques peaux de banane qu’on lui avait préparées. Et il en a profité pour livrer quelques vérités bien senties sur ses rapports avec la gendarmerie.
En matière de lutte contre le terrorisme, le DGPN a opéré à fleurets mouchetés, dénonçant la volonté de la gendarmerie de conquérir quelques « parts de marchés » (…) « Je ne voudrais pas que la gendarmerie vienne polluer des coopérations opérationnelles qui marchent à la perfection, notamment en ce qui concerne la lutte contre l’ETA. Nous travaillons excellemment avec nos partenaires espagnols qui ne doivent avoir comme interlocuteurs que la DCRI et la DCPJ » a-t-il martelé, sans faire, on l’a compris, dans le détail. 75% des affaires de terrorisme islamique étant déclenchées par des information en provenance de services amis, bouleverser les points d’entrée –il a cité conjointement la DGSE et la DCRI- pourrait déstabiliser la productivité du système. Et pour ceux qui n’avaient pas compris, le DGPN a terminé sur ce point en implorant : « notre outil de lutte contre le terrorisme fonctionne très bien ne le fragilisez pas ».
Le DGPN n’est pas dogmatique, et le prouve, en proposant de nommer au poste de n°2 de l’UCLAT (unité de coordination de la lutte anti-terroriste, logée auprès du DGPN) le colonel de gendarmerie qui sert d’officier de liaison avec la DGGN. Il avait, et là c’est nous qui le révélons, déjà accepté, dans le principe, qu’un officier de gendarmerie prenne le commandement du détachement central interministériel (DCI), rattaché au RAID.
Du RAID, il en est question aussi, et du bon phasage avec le GIGN. Le DGPN révèle avoir refusé d’engager cinq fonctionnaires du RAID dans une force d’intervention naissante au Kosovo, à la demande de l’UE. Au motif que l’engagement durable de policiers à l’étranger n’est pas la vocation du RAID, contrairement, affirme-t-il, au GIGN. Il cite d’ailleurs plusieurs engagements type du GIGN, en Irak, en Afghanistan (où le RAID renforce cependant la protection de l’ambassadeur), au large de la Somalie. Rappelons cependant que les deux unités sont régulièrement associées pour des missions ponctuelles à l'étranger, qu'il s'agisse de la protection de nos sportifs (J.O de Pékin) ou de la négociation, via la CIN, de la libération de Français séquestrés.
Pas de bonne audition, non plus, sans quelques variables économiques. A l’appui de sa vision, Frédéric Péchenard constate que le budget du policier est « 30% inférieur » à celui du gendarme. Un argument de plus, donc, pour les mutualisations. Le DGPN en cite une qui fonctionne, à son sens : l’achat d’heures de vol d’hélicoptères par la police à la gendarmerie soit 105 heures en 2007, 830 en 2008 et sans doute 1.300 heures cette année. La formation des maître-chiens par la gendarmerie économise les 15 MEUR qu’auraient nécessités un centre dédié. Ce n’est pas rien.
Autre exemple, la mutualisation des achats de pistolets Sig Sauer 2022, qui auraient permis de faire baisser les prix de 1000 euros pièce à 300. Une affaire.

(1)
Je m’excuse de découvrir aussi tard cette audition, et de vous la livrer mais j’étais en reportage ces derniers jours dans les armées, d’où, et je m’en excuse aussi, une petite baisse de régime dans la cadence de livraison des posts…
(2) commandé par un de ses fidèles, Amaury de Hauteclocque. Ancien numéro deux de l'UCLAT, et ancien chef de la section antiterroriste (SAT) du "36", ce commissaire divisionnaire au nom évocateur effectua aussi son service militaire chez les commandos marine, comme aspirant. Frédéric Péchenard effectua le sien au 1er RCP.
Notre photo: Frédéric Péchenard (à droite), le 31 décembre 2008, à la gare RER de Saint-Denis, en compagnie du directeur central de la sécurité publique, Eric Le Douaron. (crédit JMT)