... et sans plus d'argent disponible, à ce stade en tout cas (le mouvement inverse restant aussi fort
possible à la faveur des prochains scrutins). A peine arrivé à la tête des armées, le général Thierry Burkhard imprime immédiatement sa marque avec un plan stratégique qui va modeler les armées dans le sens de la haute intensité.Le texte, qui n'est pas encore disponible, est une version interarmées de ce qu'il avait déjà réalisée à la tête de son régiment (la 13e DBLE) entre 2008 et 2010, à l'EMACOM, au CPCO, puis à la tête de l'armée de terre (sa vision stratégique pour l'armée de terre étant, de fait, une vision interarmées qui avait été limitée, sans doute par souci de diplomatie, à la seule armée de terre). A chaque fois avec des effets durables, sur fond de culture des opérations, quelles qu'elles soient. Donc ce plan est presque sans surprise. L'application par les trois chefs d'états-majors pourrait par contre en réserver : ces dernières années, les chefs d'états-majors n'ont peut être pas eu autant de marge de manoeuvre pour bénéficier, au final, à l'efficacité des opérations.
La haute intensité est évidemment à la mode dans les discours depuis quelques mois : mais la conviction, parfois éthérée dans certaines bouches, doit se traduire en actes. Pour le CEMA, le besoin n'est pas tant capacitaire que dans la préparation opérationnelle qui doit sortir du ron-ron. Une bonne partie des soucis intervenus ces dernières années en opex proviennent souvent directement ou indirectement de la préparation opérationnelle. Rappelons que nos adversaires du moment sont des terroristes, certes archi-déterminés, mais pas forcément très équipés ni très nombreux.
Comme je l'expliquais dimanche, les armées vont devoir durcir leur entraînement, un message reçu 5/5 à bord du PHA Tonnerre à bord duquel j'ai très brièvement embrqué, lundi et mardi. L'exercice Cormoran, initié il y a trois ans, programmé il y a 13 mois, prend en compte une partie des ordres du général Burkhard, tout en gardant un impératif de sécurité (un des chantiers du nouveau CEMAT). Néanmoins, tous les secteurs de jeu (à commencer par la communication) sont encore loin d'être irrigués par cette nécessité d'aller plus loin.
Or c'est clairement un des gros chantiers du moment : pour "gagner la guerre avant la guerre", il faut aussi être crédible, et cela passe par une forme de démonstration (ce que font les FAS avec les Poker par exemple). Une bonne partie des expositions actuelles des armées aux média, en opérations comme à l'entraînement, ne permettent pas, à mon avis, d'y croire totalement. Et si des média français n'en sont pas convaincus, ce sera compliqué de le faire croire aussi à l'adversaire et aux "compétiteurs", terme nouveau apparu, souvent pour éviter de les citer et de les fâcher.
Ces compétiteurs sont, eux, très souvent désinhibés, avec des médias inféodés (ou des objets informationnels y ressemblant), pour l'instant, la France part plutôt battue. L'amère expérience de Bounti a clairement montré l'absence d'outils de veille, mais également d'interactions efficaces avec les media (qui n'étaient pas les bienvenus à l'époque à Barkhane). Une claire défaite, qui ne peut pas se renouveler trop souvent. Manifestement un sujet de beaucoup de retex, reste à trouver ces combattants des champs immatériels, pour l'instant en quantité très homéopatique.
Mes infops et photos sur le twitter @defense137.