Dans un français à l'accent charmant, la chargée d'affaires de l'ambassade américaine, Uzra S. Zeya
(1) a célébré ce soir les cent ans de l'entrée en guerre des Etats-Unis d'Amérique, devant plusieurs dizaines de happy fews et quelques ministres français, dont celui de la défense.
Dans le jardin de la résidence, un grand nombre de militaires français (le CEMA, beaucoup d'aviateurs, quelques terriens -dont le CEMAT et quelques marins -dont le CEMM-, quelques politiques -dont l'ex- et probable futur sénateur Jacques Gautier- et évidement, des membres de la communauté américaine de Paris.
Et, impossible de le manquer, le drapeau du 152e RI avec une garde impeccable, faisant face à un quator de quatre Marines. Le chef de corps m'expliquera ensuite que le régiment est doublement lié à l'histoire américaine : un régiment de ligne participa à la guerre d'Indépendance et constitua l'ancêtre du 15-2, en 1794. Le régiment retrouvera des US Marines à Bois-Belleau, lors de la célèbre bataille. Ils se recroiseront, enfin, en Afghanistan, en 2011.
Le ministre de la Défense français a rappelé que ces Américains de France furent les premiers à s'engager, dès 1914, pour accueillir par exemple les blessés du front à l'hôpital américain de Neuily, qui fut agrandi. Pas d'évocation directe de l'actualité du moment : au Sahel, en Libye, au Levant, Américains et Français luttent contre le même ennemi, et parfois, ils s'auto-appuient. La présence du commandant des opérations spéciales rappelle que ce n'est pas dans de domaine que la coopération est la moins la vivace. Quelques ingénieur(ses) de la DGA, des officiers rens présents confirment aussi que dans ce domaine, ce n'est pas la grand fâcherie non plus.
Uzra S.Zeya a rappelé tout ce que cette entrée en guerre avait changé, outre-Atlantique. 1917, c'était seulement 52 ans après la fin de la guerre de Sécession. 1917 ouvrit une nouvelle ère (géographique et chronologique) pour les USA, mais aussi, ouvrit les yeux à une Amérique qui allait bientôt reconnaître le droit des femmes, celles qui combattaient sur le front -où certaines perdirent la vie-, dans les usines, dans les champs, aux Etats-Unis. Pour le droit des afro-américains, il faudrait encore attendre, d'autres combats (50 ans plus tard). Uzra S.Zya l'a rappelé, ce sont les Français les premiers qui ont reconnu les mérites d'Eugene J. Bullard, le premier aviateur noir, un des membres de l'escadrille La Fayette, qui reçut la Légion d'Honneur des mains de Charles de Gaulle en 1959. C'était deux ans avant sa mort. L'US Air Force ne reconnut son histoire qu'en 1994, en faisant de ce corporal un first lieutnant à titre posthume.
Il fut honoré, mais peu de rues françaises portent encore des noms américains (sauf Patton, bien ancré dans l'ouest de la France...) : pour une génération, Pershing fut le nom d'un missile intermédiaire en chien de faïence avec les SS-20 soviétiques. Aujourd'hui, ce nom ne parle pas à grand'monde en France.
Bref, là aussi, le combat pour... la mémoire continue.
Mes infops et photos sur le twitter @defense137.
(1) cette diplomate expérimentée est aujourd'hui n°2 de l'ambassade... sans ambassadeur(drice). Le congrès américain n'a en effet toujours pas choisi le représentant américain en France, et ce choix pourrait ne pas intervenir avant l'été. Uzra S.Zeya est postée en France pour la troisième fois de sa carrière (1993-1995 et 2003-2006). Elle a, par ailleurs, été employée en Inde, à Oman, en Jamaïque, en Syrie, en Egypte. A Wasghington, elle a travaillé auprès de Condelzza Rice et Hillary Clinton.
Le mannequin qui accueillait les invités des Etats-Unis, ce soir, à Paris. Des cérémonies identiques ont eu lieu dans le monde entier, et une commémoration, à Kansas City, aux Etats-Unis, avec la présence de la Patrouille de France. (Photos JMT)
Les affaires militaires et la lutte contre le terrorisme sont sans doute les domaines dans lesquels la coopération franco-américaine est aujourd'hui la plus vivace. Mais il n'en a pas été formellement question dans les discours, focalisés sur ce 100e anniversaire.