L'embrouillamini du milieu d'après-midi, à Malte, a fait place à un début d'éclaircissement. Vers 16h, on apprenait que deux chasseurs libyens et deux hélicoptères (1) en provenance de Libye avaient posé à La Valette (Malte). On évoquait la présence de sept ressortissants présentés comme Français.
Pour ce qu'on peut en comprendre un peu avant 20 heures, ces deux arrivées, plus ou moins simultanées, ont embrouillé, localement, le récit des évènements, sur place. D'une part, deux officiers libyens, a priori pas des subalternes, ont posé leurs Mirages F1 armés de pods à roquettes (a priori, pleins). Vus de derrière, sur les photos proposées par Reuters, il pourrait s'agir de pods de roquettes de 68 mm bien de chez nous.
Des avions libyens s'en sont pris, dans la journée, à des manifestants, en Libye. A cette heure, on ne sait pas précisément quel type(s) d'avion(s) ont effectué ces tirs. Tout comme on ignore encore précisément ce que ces deux Mirage ont pu faire dans leur journée. Les pilotes ont manifestement cherché à échapper à la tournure que prenaient les évènements, chez eux. Mais on ne sait pas à quel moment de la journée, et pour quels motifs précis. Certains témoignages évoquent leur volonté de ne pas avoir à tirer sur la foule.
Les Mirage ne portent pas leurs réservoirs externes de carburant.
Un des pilotes photographiés porte ce qui ressemble bien à un casque LA100, fabriqué par en France par MSA.
Avant qu'on dispose de ces précisions et de ces photos, assez rapidement, l'armée de l'Air et l'état-major des armées avaient affirmé que ces pilotes ne pouvaient pas être des militaires français. Ce qui, dans la confusion ambiante, constituait une précision utile.
Rappelons que la société DCI avait récemment contribué à la formation des personnels libyens sur des bases de l'armée de l'air, dans le cadre de la remise à niveau d'une douzaine de chasseurs libyens, par Dassault Aviation. Ces chasseurs sont des Mirage F1A et F1E : 38 au total avaient été vendus dans les années 70, lors de l'avènement au pouvoir du colonel Kadhafi.
France et Libye avaient signé un accord en matière de défense, en décembre 2007. En septembre 2009, deux Rafale avaient effectué une présentation dans le ciel de Tripoli.
La France escomptait vendre 14 appareils à ce client potentiel. Mais les demandes du dirigeant national, corrélant l'achat du chasseur à la livraison de missiles de précision -Scalp-EG- avaient contribué à rendre ce contrat impossible.
(1) D'autre part, on découvre sur les mêmes photos deux Super Puma mis en oeuvre par Héli-Union, vraisemblablement dans des activités pétrolières, une des spécialités de la société française. Les immatriculations sont nettement visibles : F-GHOY et F-GYSH. Ces appareils, des 332C d'origine, ont été convertis en L1 en 2004 et 2005.