Paradoxal : alors que l'armée de Terre commence juste l'expérimentation du Félin, la succession du Famas, pourtant optimisé pour ce programme, est clairement mise sur le tapis. La recherche de la bête rare est désormais formellement commencée, ce qui ne fait qu'officialiser un vieux serpent de mer. Et des insatisfactions et incidents de tir remontant du terrain.
Il y a quelques mois, l'achat en urgence opération de 1.800 HK416 (calibre 5.56 Otan) avait même été évoquée, devant les limitations de l'arme française, en Afghanistan. Pas du canon, qualité des douilles, vieillissement de l'arme, tout y passe dans la bouche des utilisateurs, sans qu'un critère puisse être techniquement identifié.
L'autre problème, crucial celui-là, porte sur l'approvisionnement en munitions idoines. Actuellement, l'armée de Terre puiserait dans son stock stratégique, énorme, mais pas forcément incommensurable, quand on voit la consommation générée par l'Afghanistan, et avant même le déploiement, les mises en conditions (MCP) en métropole.
Ce stock de guerre porterait sur des munitions de type F1, qui ne sont plus fabriquées depuis les années 80. Les F1 étaient la spécialité de l'établissement de Giat du Mans.
Les F3, comme celles achetées il y a quelques mois à ADCOM, firme des Emirats Arabes Unis, n'ayant pas, apparemment donné totale satisfaction. Selon nos informations, ces munitions ne seraient plus utilisées. Leur qualité ne serait pas forcément en cause.
Les spécialistes de l'armée de Terre reconnaissent d'énormes difficultés à trouver des munitions idoines pour le FAMAS. Pour les munitions de guerre, puisqu'un contrat pour des balles à blanc vient par contre d'être notifié au géant israélien, IMI, pour 35 millions d'euros.
Facteur agravant les sous-versions de Famas utilisées sur les théâtres ne sont pas forcément identiques au sein d'une même unité, ce qui là aussi complique les choses. Pour cette raison, on avait aussi évoqué, il y a quelques mois, la possibilité de récupérer pour l'Afghanistan les FAMAS G2 qu'on trouve essentiellement dans la marine.
Le problème est à ce point criant que des militaires français et alliés ne peuvent pas, en Afghanistan, échanger leurs munitions. Le 18 août dernier, dans la vallée d'Uzbeen, seules les bonnes vieilles .50, utilisées pour les mitrailleuses lourdes avaient pu être récupérées des boîtes américaines pour recharger les armes françaises.
Notre photo : un para français du 3e RPIMa à l'est de Kaboul, en novembre dernier (crédit JMT)