mardi 9 juin 2020

Un plan qui va relancer... Airbus et l'industrie étrangère

S'il n'est pas possible de contester le caractère de soutien du plan présenté ce matin par trois
ministres, il est par contre plus étonnant de ne pas y trouver des informations basiques, comme les dates de livraison des matériels évoqués. Eventuellement, même, de savoir si certains des matériels acquis ne sont en fait pas déjà fabriqués (queues blanches, ou stock de démonstration). Dans ce genre de cas, évidemment, on ne peut plus parler de soutien à l'activité, mais bel et bien de soutien à la trésorerie des industriels concernés. Ce qui peut aussi se défendre, mais concerne des éléments de langage bien différents.
Car le fondement du plan, c'est de dire que les matériels vont être livrés en anticipation, et pourtant, pas la moindre date ne figure dans le document livré ce matin par les trois ministres. La répartition de la valeur totale (832 MEUR quand même) octroyée aux bénéficiaires n'est pas connue, et parfois, même les quantités de matériels ne figurent pas dans le document. Interpellé sur ces différents points, le minarm n'a pas été en mesure de répondre. On ne connaît pas non plus la part de cette facture qui fuira à l'étranger. Selon les configurations, la part d'un A330 civil fabriquée en France oscillerait entre 40 et 50%. Or à cette cellule s'ajoute le coût non négligeable de la transformation, réalisée en... Espagne.
De façon plus que très évidente, Airbus sort comme le grand gagnant de ce plan de soutien à l'aéronautique. L'industriel se voit commander en anticipation trois Phénix et huit Caracal (armée de l'air), deux modèles de drones marins, 12 H160 (pour la gendarmerie) et deux EC145 (pour le minint). Une bonne partie de ces infos avait été évoquée par votre serviteur, ici, le 27 avril dernier. Apparemment, au minint, la politique de communication n'est pas celle du minarm, puisqu'on apprend la facture pour ses matériels : 32 MEUR pour les deux EC145, 200 MEUR pour les 10 H160.
Thales reçoit la commande d'un ALSR. Problème, la cellule de cet avion est Américaine et non Française, et ce programme connaît d'énormes retards calendaires. L'absence de communication sur ce programme ne permet même pas de savoir si le premier a été livré (on en aurait probablement entendu parler...).
Ce reproche d'un contenu étranger vaut aussi pour les EC145 (fabriqués en Allemagne...), des Airbus A330 Phénix (transformés en Espagne). On ignore, là aussi, s'il s'agit de queues blanche ou d'avions qui vont être construits.
Par contre, pas d'évocation de contrats avec d'autres maîtres d'oeuvre comme Dassault Aviation et MBDA, alors que les armées ont aussi des besoins dans les catalogues de ces industriels, pour combler des stocks insuffisants de missiles, ou remplacer des avions de surveillance maritime à bout de souffle. L'accélération du programme ATL2 aurait aussi été nécessaire. Et l'acquisition de Rafale en amorce de phase aurait aussi fait sens : l'industriel revendique 500 partenaires, tous Français, sur ce programme. MBDA fait travailler plus de 1200 partenaires en France.

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