C'est l'arme fatale de Barkhane : si son spotter fait du bon travail, ce sniper gros calibre peut
cartonner. Depuis le 4 mars que le LRU a fait son premier tir, trois autres ont suivi, pour une consommation totale d'une dizaine de roquettes (18 pour être exact). A l'heure où Barkhane ronronnait un peu en consommation de feu, ce pic oblige à plus qu'une simple phrase et trois chiffres.
L'histoire ne donne pas, évidemment, de BDA de ces frappes. Evidemment, plus question d'aller jouer les "experts" après l'explosion de la roquette, tenter de récupérer deux-trois photos, des formulaires de pôle Emploi, quelques factures ou un plan de l'Adrar des Ifoghas... Donc le tir de LRU ne fait pas partie de "ces opérations qui relancent les opérations". Les inhumations (1), dans ce genre de cas, ne doivent pas être particulièrement simples...
Il y a aussi d'autres fortes réserves. On peut aussi dire que la portée est limitée, qu'il faut un GPS et une extraction de coordonnées fiable, etc. Oui, on dira ce que l'on veut, mais une arme pareille, bien positionnée peut permettre, aussi, de réduire significativement l'empreinte humaine de Barkhane, qui use les militaires et les matériels... et plombe les surcoûts opex du budget de la défense, pour des résultats souvent difficiles à discerner... et peu accessibles à la presse.
C'est le progrès amené par le 1er RA, et il est même interarmées : le fameux spotter évoqué dans la première phrase est en effet soit de l'armée de l'air (drone, chasseur), des forces spéciales, et pourquoi pas, du privé (ISR léger). L'armée de l'air a même la main sur un secteur entier du tir avec le CDC-M.
Alors, me direz-vous, pourquoi l'appeler le sniper du général ? C'est que l'autorisation de tir est donnée à N'Djamena, très loin de là où atterrit la roquette.
(1) Levons un étrange tabou : pour les morts qu'elle trouve, Barkhane inhume, et selon le rite musulman. Evidemment, ce n'est pas annoncé dans les campagnes de recrutement, mais le soldat français doit savoir tout faire, c'est bien connu.
Photo de ce qui a été présenté comme le premier tir du LRU, au Sahel. (Photo Ministère de la Défense)
Le CDC-M est mobile, mais il faut quand même des bras pour pousser. (Photo armée de l'air)
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Mes derniers livres : Le RAID, 30 ans d'opérations (Ed Pierre de
Taillac), L'armée au féminin, préface de Jean-Yves Le Drian (Ed Pierre
de Taillac) et Commandos du Ciel, préface du général André Lanata
(Editions JPO).