mercredi 9 mars 2016

La Libye vue du sol montois

Ce sont les léopards du Normandie-Niémen qui assurent les missions de reconnaissance, depuis des
semaines, aux approches de la Libye. Demain, Jean-Yves Le Drian va les visiter, après un crochet par les réservistes qui tiennent assises à Paris.
On le sait, le ministre refuse de parler d'opérations pour les opérations du moment dans et au large de la Libye. Dans ses plus rares apparitions publiques, il est apparu néanmoins plus préoccupé que d'habitude. Il bénéficiera demain d'un très long briefing avec les équipages de la 30e escadre de chasse, qui ne sera pas ouvert à la presse, sans doute avec le visionnage de quelques photos récentes de la Libye. Les Rafale ne sont pas les seuls moyens à oeuvrer, il est donc vraisemblable qu'on lui présentera en fait une vision assez large de la manoeuvre de renseignement air qui inclut toutes sortes de capteurs, et une situation très à jour.
Dans la partie "on" de sa visite, il se fera aussi présenter le centre d'expertise aérienne militaire (CEAM), les locaux du 2/30, ainsi que ceux de l'ESTA Chalosse, en charge de la maintenance.
Une harangue et une probable Marseillaise doivent conclure cette immersion dans l'armée de l'air, la seule des trois armées à être à la pointe des trois théâtres du moment : Libye, Sahel et Irak-Syrie.
Aucune force aérienne ne connaît actuellement un tel niveau de mobilisation opérationnelle qui bute, on le sait, sur les moyens comptés, mais encore légèrement optimisables, dont disposent les aviateurs.
Comme pour confirmer le caractère un peu particulier de cette visite, les journalistes qui la suivront devront anonymiser les personnels de la 30e escadre, car, explique la note du ministère "Attention : compte-tenu de l’anonymat du personnel (pilotes et mécaniciens) récemment déployé en opérations extérieures, leurs visages ne pourront apparaître sur les photos ou vidéos (uniquement des plans larges ou avec les visages floutés) et leurs noms ne pourront être cités. Le ministère de la Défense se réserve le droit de visionner les images réalisées afin de s’assurer du respect de l’anonymat des militaires."
Une telle demande est rarissime, en France, pour des personnels militaires qui ne figurent pas sur la liste des unités protégées par décret (COS, DGSE, etc). On le voit, l'avertissement du ministère ne précise pas les théâtres actuellement fréquentés par les personnels. Cette notion même est dépassée par les opérations Rafale, qui permettent d'opérer depuis les bases-mère, pour autant qu'on dispose de tankers. Cela évite d'ouvrir un troisième théâtre Rafale, ce qui ne serait pas... possible. Pas à cause du nombre brut d'avion, mais surtout du nombre limité de pods (toujours les pods...) et de lots de déploiement. En restant à la maison, pas de problèmes de ce type mais pas non plus de... solde opex.
La France a reçu l'appoint récent de KC-135R de l'US Air Force (1) basés à Istres, avec leurs collègues français. Officiellement, ces avions permettent de soutenir l'activité au Mali, mais rien ne permet de le dire avec certitude. Car pour aller au Mali, on ne passe pas très loin de la Libye.

(1) les tankers de l'USAF ont ravitaillé les Rafale lors de l'opération Ossau, débutée fin février.

Un Rafale du Neu-Neu, sans son pod Reco-NG (Photo JM Tanguy)
Reco-NG est le pod de reconnaissance fixé sous ce Rafale du Gascogne. (Photo JM Tanguy)

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Mes derniers livres : Le RAID, 30 ans d'opérations (Ed Pierre de Taillac), L'armée au féminin, préface de Jean-Yves Le Drian (Ed Pierre de Taillac) et Commandos du Ciel, préface du général André Lanata (Editions JPO).