Ils avaient été créés le 12 mars 1956, pour la durée de la guerre d'Algérie : les commandos
parachutistes de l'air (CPA) ont donc, demain, 60 ans. C'est un jour de recueil pour les vétérans de cette période, qui ont perdu bien des leurs dans leurs missions de l'époque.
Maturés au contact du 2e REP ou des bérets rouges de Bigeard, les CPA développent alors, avec les hélicoptères de l'armée de l'air, une capacité d'action commando nouvelle. Leur jeune histoire s'interrompt brutalement en 1961, car les cadres ont décidé de se joindre au putsch d'Alger. Seul perdure, à Bremgarten, un CPA 50. L'esprit commando s'incarne aussi dans un escadron de protection et d'intervention (EPI) qui s'illustre pendant l'opération Lamentin, dans la zone actuelle de Barkhane, en 1978 !
Dans les années 1990, les CPA se reforment autour de trois commandos. Le CPA 10 prend vite une orientation forces spéciales qui ne l'a plus quitté. Cette unité est aujourd'hui spécialiste des saisies d'aérodromes et de l'appui aérien. Il détient aussi des expertises dans le CTLO, le renseignement sous bien des formes et sait aussi défendre dans la patrouille motorisée (la spécialité du 1er RPIMa). Sa CaPAcité d'innovation est légendaire. Le CPA 10 forme une des trois bases du triangle des forces spéciales air avec le Poitou (avions) et le Pyrénées (hélicoptères), même si le général André Lanata, comme son prédécesseur, explique que le fait forces spéciales dépasse largement ces trois seules unités. Ils en sont les unités de pointe, pour être exact.
Le CPA 20 était à l'origine le moins spécialisé des trois. Il a cherché sa voie, entre la MASA, la personal recovery, avant de finalement être spécialisé dans l'appui aérien (avec de gros bilans en Afghanistan et au Sahel) et la force protection. Il a aussi développé ses savoirs-faire dans l'appui-feu air-sol (ou TE FAS), la collecte du renseignement. Bref, c'était devenu un couteau suisse, mais le choix de l'armée de l'air de le transférer de Dijon vers Orange le cantonnera à la force protection.
C'est le CPA 30 qui migrera à Orléans, devant le commando spécialisé, aussi appelé "commando 21".
Le CPA30, le premier que j'ai connu des trois, a pris un marqueur "Resco" lors de la guerre de Bosnie, pour coopérer avec le Pyrénées. Il a aussi, comme le 20, armé une forte composante force protection.
20 et 30 avaient contribué aux opérations spéciales du 10. Le futur commando spécialisé ne sera pas, malgré sa colocalisation avec le CPA10, un CPA 10 bis, mais, un commando 21, un chiffre qui résume bien les choses. Il conservera les groupes spécialisés du 20 et du 30, notamment les chuteurs opérationnels. Cette réforme montre tout l'intérêt -assez nouveau- de l'armée de l'air pour ses CPA. Trois d'entre eux ont perdu la vie dans la BSS : Thomas Guillebault, Thomas Dupuy et Alexis Guarato.
Le CPA 20 à Djibouti, en novembre dernier, avant un départ pour la BSS. Photo JMT
Thomas Dupuy, un des chuteurs oxy du CPA 10, mort les armes à la main dans la BSS, en 2014.
Alexis Guarato, dit Giro, est mort en France des suites de ses blessures, en 2015.
CPA 20 et 30 assurent la force protection de la base de H5. Photo EMA/armée de l'air