mardi 22 mars 2016

L'élasticité de Sentinelle toujours en rustine de l'Intérieur

Le conseil de défense qui s'est tenu ce matin à l'Elysée a de nouveau fait appel à l'opération Sentinelle
pour renforcer la sécurisation des principales gares et aéroports. Le ministre de l'Intérieur, qui a listé une partie des mesures de ce conseil n'a pas chiffré ces renforts (lire par ailleurs sur ce blog sur la méthode).

A ce stade, on ne sait donc pas si ces renforcements seront prelevés sur le dispositif actuel (d'autres sites ne seront plus protégés du tout, ou plus de la même manière avec passage du statique au dynamique), ou s'il sera fait appel à la marge de manoeuvre liée à Sentinelle : les 10.000 hommes et femmes ne sont pas tous sur le terrain en permanence. Cela se ferait donc au détriment des repos, et des périodes d'instruction réalisées actuellement lors des mandats Sentinelle, et qui permettent les entretiens et prises de connaissances militaires. Car après Sentinelle, rappelons-le, les militaires sont déployés sur des théâtres d'opérations, sur des missions qui font appel à des savoirs-faire autrement plus complexes que ceux de Sentinelle.
On le voit bien, Sentinelle était déjà depuis longtemps à sa limite d'élasticité, c'est encore elle qui va devoir fournir. Des marges de manoeuvre persistent, bien sûr : les armées de l'air et la marine pourraient encore fournir plus d'effectif, alors que pour l'instant, leur contribution semble globalement modeste, ce qui agace souvent les militaires de l'armée de terre, qui ont l'impression d'être les seuls à faire l'effort.
Néanmoins, on voit mal où ces ponctions seraient faciles, tant les coupes successives ont dépouillé les unités et les services.
C'est néanmoins dans les bureaux les moins stratégiques que les armées disposent d'une toute petite marge de manoeuvre, particulièrement en Ile-e-France, où ces bureaux sont les mieux garnis (mais avec un fort volume d'officiers qui ne forment pas le coeur de besoin...). Un autre forme de marge de manoeuvre consisterait à faire assurer les Cuirasse (plusieurs dizaines de personnels militaires au Balargone par exemple) par des personnels du site, et de réaffecter la -petite- économie de personnel dans les rues. En tout état de cause, chaque base aérienne, navale et terrestre serait avisée d'avoir désormais, en permanence, des détachements dédiés en semi-astreinte, pour parer toute forme de situation de crise, dans ou à proximité de la base.
Même si elle ne s'est pas vraiment posée la question pour les capacités de l'Intérieur, la population française aurait du mal à comprendre que ses armées ne soient pas au rendez-vous d'une situation de crise.
De son côté, l'Intérieur ne semble pas faire appel à ses propres réservistes, ou des rappels de fonctionnaires partis à la retraite (qui intervient tôt dans la police) : la plasticité, c'est sûrement plus facile à la Défense.

Mes tweets d'actu sur @Defense137. 
Mes derniers livres : Le RAID, 30 ans d'opérations (Ed Pierre de Taillac), L'armée au féminin, préface de Jean-Yves Le Drian (Ed Pierre de Taillac) et Commandos du Ciel, préface du général André Lanata (Editions JPO).